Chapitre X.5

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Le soleil déjà bas jouait avec les petites volutes de vapeur et l’apparition de selkies, sirènes ou quelques autres ondines dans cette atmosphère fantomatique ne l’aurait en cet instant guère étonné, mais un soudain bruissement de branches le tira de cette rêverie. Il tourna la tête pour mieux voir, car, après tout, si ce que l’on disait des sirènes était vrai, mieux valait se méfier. Mais l’apparition qui suivit fut le mètre quatre-vingt-dix bien matériel de la très sculpturale Marcy uniquement vêtue pour l’occasion d’une simple, mais élégante, paire de boucles d’oreilles.

— Contente de te voir, petit frère ! dit-elle, souriante, splendide début de soirée, non ?

— Hum… Oui, en effet

Elle entra souplement dans l’eau et soupira elle aussi de satisfaction avant de se glisser à côté de son cadet.

— Dis-moi, Max, puis-je te poser une petite question ?

— Je t’écoute !

— C’est au sujet de Star ; elle est vraiment adorable tu sais, mais je crois comment dire… qu’elle en fait trop ; tu penses toi aussi que je lui fais un tel effet ? Elle t’en a parlé ?

— C’est vrai que tu ne la laisses pas indifférente, tu sais comme elle est, toujours exubérante, pétulante et…

— Plus sérieusement, coupa gentiment Marcy toujours pragmatique, tu crois qu’elle est amoureuse de moi ou veut-elle juste qu’on fasse des galipettes ?

Max déglutit, appréciant le doux euphémisme :

— Hum, des galipettes tu dis, qu’est-ce que tu….

— Enfin, Max, je ne vais pas te faire un dessin tout de même ?

— Non, non, j’avais bien compris l’idée ! Mais là, disons que c’est tout de même un peu — hum — intime, comme question, Marcy !

Elle sourit et, s’approchant de Max jusqu’à ce que leurs épaules se touchent, passa affectueusement la main dans les cheveux de ce dernier, appuyant sa joue contre sa tête avant de déclarer solennellement :

— Petit frère, en considérant le fait nous sommes tous deux entièrement nus, côte à côte dans à peine un mètre d’eau chaude et sans personne à la ronde, j’estime que cela nous confère l’intimité suffisante tu ne le penses pas ?

— Hum, vu sous cet angle, c’est vrai que j’aurais de mal à te donner tort.

— Alors ?

— Eh bien, c’est un vrai cœur d’artichaut, et elle ne m’a jamais caché son attirance pour les filles, disons… voluptueuses. Son dernier flirt, une certaine miss L.L.Lemon avait sans doute la même plastique que toi, enfin d’après ce que je peux en voir. Mais elle était très loin d’avoir ton allure et ta classe, je te le promets ! Du reste, j’en ai la preuve sous le nez, cela saute aux yeux et….

Il allait continuer de s’emmêler dans des explications, mais elle s’en aperçut et éclata de rire « Mon pauvre Maxou ! »

Le pauvre Maxou en question, déjà légèrement dans l’embarras, ne vit pas venir la seconde salve

— Si cette pauvre petite se languit tant, peut-être devrais-je lui céder après tout ? Certes, je ne lui garantis pas une grande histoire d’amour, mais cela pourrait la réconforter, qu’en penses-tu ? fit-elle suavement.

Marcy, qui avait pris une expression curieusement enjôleuse, regarda son frère en quête d’un avis sur cette singulière proposition. Max adorait sa sœur, vouait une profonde affection à son amie Star et pouvait se considérer comme un garçon particulièrement large d’esprit… mais en l’occurrence, et même si la question méritait indubitablement d’être débattue, il se sentit un tantinet dépassé par les évènements :

— Je crois que je suis un peu fatigué, gémit le pauvre Max, l’histoire avec mon chef de service m’a vraiment tapé sur les nerfs !

— Et je viens te mettre mal à l’aise, excuse-moi, je peux partir si tu veux ?

— Non, reste, c’est juste un peu de lassitude morale, entre mon travail, les histoires de Teresa, de Star, etc.

— Mon pauvre, tu veux boire un thé pour te remettre, j’ai amené un thermos de Darjeeling ?

— Non, merci !

— Tu veux écouter le dernier enregistrement du petit concert que l’on a fait avec mon groupe habituel ?

— Bof,

— Tu veux connaître la dernière lubie de Teresa ?

— J’en ai déjà eu un aperçu…

— Tu veux un câlin ?

— Honnêtement, au point où j’en suis, je ne serai pas contre…

Marcy, considérant cette réponse valait un oui, le serra affectueusement — et étroitement — entre ses bras.

Quelquefois, lorsque l’on est tant soit peu sur les nerfs, lâcher prise peut être libérateur, du moins c’est ce que disait le thérapeute que Max consultait de temps à autre, expliquant assez sainement que l’on ne peut pas toujours tout contrôler, au risque de devenir complètement marteau. Max, qui depuis la veille en avait quelque peu ras le bol, prit donc le parti de s’épancher — au propre comme au figuré — contre le sein ô combien généreux de Marcy !

— Alors, tu te sens mieux ?

— Je dois avouer que, curieusement, oui ! C’est vrai que tu es — comment dire — particulièrement confortable

— C’est bien la première fois que l’on me fait ce genre de compliment, mon grand !

— Alors, je crois qu’il faudra qu’on boive à cette promotion.

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