Chapitre VI.3

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— Star ! Dix minutes ! En bas ! Déjeuner ! Aboya Marcy à l’intention de la belle qui, encore ahurie, s’était saisie maladroitement d’un oreiller pour couvrir sa poitrine à présent dénudée. Teresa et Max, appuyés l’un contre l’autre, furent incapables de retenir un fou rire tandis que la malheureuse, compulsivement agrippée à sa couette, se demandait pourquoi diable toute une compagnie de joueurs de Grand Highland Bagpipe lui était tombée dessus.

Le temps que leur invitée puisse se préparer et descendre à peu près présentable pour le petit déjeuner, Marcy avait filé, ayant expédié sa douche, son breakfast et inventé un prétexte pour M. Wordsmith. Max et Teresa qui avait prudemment laissé Marcy finir de déjeuner commencèrent à préparer café et toast. Max prit même le temps de préparer quelques pancakes pour Star qui avait sans aucun doute besoin de se remettre de son réveil en fanfare. Cette dernière descendit prudemment et, après avoir vérifié que l’ouragan Marcy s’était éloigné, vint se mettre à table sobrement vêtue d’une ample chemise à carreaux rouge piquée dans l’armoire commune de Max et Teresa.

— Heu, est-ce que Marcy est partie ?

— Je te confirme que l’endroit est redevenu sûr, répondit affectueusement Max, mais la prochaine fois ne commet plus ce genre de gaffe !

— Marcy est intraitable sur ses horaires, ajouta sentencieusement Teresa, pour elle la ponctualité est une vertu cardinale !

Star s’assit et Max lui versa une tasse de café ainsi qu’une copieuse portion de pancakes,

— Je n’ai vraiment pas de chance, d’abord je suis au bord de la rupture avec Linsey, puis je mets en colère ma si chère Marcy, ah.

Teresa, à qui — comme toujours — personne n’avait rien demandé, l’interrompit en toquant sa cuillère bruyamment contre la bouteille de sirop d’érable :

— Ne t’en fait pas pour ta miss Linsey machin-chose…

— Linsey L. Lemon !

— Aucune importance, du reste, même le moins imaginatif des auteurs de manga érotique n’aurait pas osé utiliser un nom pareil ! Ma chère Star, quoique tu aies pu faire avec elle — par pitié pas de détails, du moins pas pendant le déjeuner — cela n’aurait rien donné de bon à la longue. Pourquoi ne cherches-tu pas du côté de Sally Longwood, la nouvelle serveuse du Mycroft’s : elle est jolie, cultivée et si j’en crois la façon qu’elle avait de me regarder — même ce pauvre Max se serait douté de quelque chose — elle partage à coup sûr tes inclinations ! Tente ta chance avant que ce soit Jackie qui mette la main dessus…

Max fut quelque peu surpris d’entendre sa jumelle donner de tels conseils ; Teresa en spécialiste du courrier du cœur était à peu près aussi crédible à ses yeux qu’Oncle Ford expliquant comment résoudre une équation du second degré ou écrire du code en C Sharp ! À sa connaissance la vie sentimentale de Teresa était aussi plate que la sienne et pour l’intéresser, il valait mieux avoir une reliure solide et un quatrième de couverture intéressants. Néanmoins cette fois-ci elle était peut-être dans le vrai ; il avait déjà vu la dénommée Sally et elle lui avait fait une très bonne impression, c’était une jeune fille effectivement fort jolie et cultivée dont le travail de serveuse à temps partiel au Mycroft’s aidait à financer ses études.

Star avala sa tasse de café et la conversation changea subitement de sujet :

— Je repense à notre discussion d’hier soir et j’ai peut-être une idée pour nous changer les idées quelques jours sans rien dépenser !

— Çà, c’est intéressant, qu’est-ce que tu as en tête ?

— Mon cher Max, pendant que je prenais ma douche, je me suis brusquement souvenu de ma tante Temperance MacNulty,

— Tu as une tante qui s’appelle Temperance MacNulty ?

— Oui Max ! c’est la seconde femme de mon oncle John MacNulty, du côté paternel au deuxième degré… heu, enfin je crois et donc….

Max était toujours surpris de l’étonnante diversité familiale de son amie ! Teresa, quant à elle, buvait les paroles de la belle Irlandaise, toujours fascinée par la l’impressionnante constellation de tantes, oncles, cousins, cousines, grands-parents et autres collatéraux qui remplissait un bottin complet et couvrait les cinq continents pour composer la fort nombreuse famille de Star, constellation qui enveloppait comme une extension naturelle Max, Teresa elle-même et jusqu’à la petite Lucy sans compter évidemment Marcy et Jackie, mais pour des raisons nettement plus érotiques.

— Et donc que vient faire cette chère tante Temperance dans nos vacances ?

— Eh bien Teresa, ma tante possède un hôtel dans l’arrière-pays ; c’est un bel établissement, très chaleureux et en cette saison…

— Çà, ne nous dis pas en quoi cela peut nous intéresser.

— Laissez-moi finir, l’hôtel comprend également toute une partie Spa en plein air, sauna et hammam. Et il y a un mois, tante MacNulty a entrepris de faire un grand nombre de travaux de rénovations, ce qui fait que son établissement est encore fermé au public jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Par contre, comme les réparations sont quasiment terminées, on pourrait en profiter tous les quatre gratuitement pour quelques jours, de plus le sauna et le Spa en plein air fonctionnent parfaitement à présent, rien de tel pour se détendre !

— Tu en es sure ?

— J’ai rappelé ma tante juste après avoir pris ma douche, c’est OK !

— Çà me parait très bien, fit Teresa soudainement enthousiaste, qu’en dis-tu Max ?

— Du moment que cela m’éloigne suffisamment de ce cher monsieur HiggelBottom, de plus je n’ai jamais essayé un Spa, mais il parait que c’est très relaxant !

— Tout à fait, j’y suis allée plusieurs fois et c’est fa-bu-leux ! Susurra Star, ses beaux yeux verts papillotant à tout va !

— Et tu n’y étais pas seule, pas vraie ?

— Ah, c’est merveilleux de voir à quel point tu sais lire en moi comme dans un livre, vieux frère !

— Et n’aurais-tu comme arrière-pensée de pouvoir enfin poser furtivement, entre le Spa et le sauna, tes beaux yeux d’émeraude énamourés sur la sculpturale personne notre chère Marcy, fort probablement dénudé pour l’occasion ?

Les grands yeux de Star s’emplirent soudainement de ces petites flammèches vertes que l’on prête volontiers aux fées de l’absinthe, tandis que ses joues se teintaient d’une délicate rose d’Ispahan !

— Peut être juste une toute, mais alors toute petite arrière-pensée, ma chère Teresa ! fit suavement la belle.

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