Chapitre VI.1

4 minutes de lecture

J’ai compris maintenant, vivre c’est apprendre à perdre avec le plus de grâce possible…

Mia Farrow, Interview.

Star comme réveille-matin — Comment partager un lit — Hubris littéraire — Quand Teresa déprime — L’oursin, l’étoile de mer et la murène — Marcy en scène — Réveil brutal — La belle endormie — Teresa, courrier du cœur — Une proposition intéressante — Un flagrant oubli d’Anniversaire — Teresa pense à tout — Que sont tes yeux, Lucy ? — Le lapin blanc — Bon Anniversaire — Nevermore, Nevermore…

Rapidement, et parce que chacun avait nettement apprécié le cognac, tout le monde fut très vite d’accord sur le fait d’aller se coucher. Mais comme il était trop tard pour que Star rentre chez elle — et qu’elle n’en avait visiblement pas trop l’envie — Teresa et Max lui offrirent l’hospitalité, Marcy expliqua qu’elle devait se lever tôt et décida de gagner rapidement sa chambre !

— À quelle heure voulez-vous que je vous réveille ? fit Star en baillant, j’ai une véritable horloge dans la tête, vous pouvez me faire confiance !

— Hé bien disons sept heures ! Exceptionnellement, je dois travailler chez M. Wordsmith à huit heures et quart demain, le temps de prendre une douche et de déjeuner, cela devrait suffire !

— Parfait ! Et toi Max ?

— Disons huit heures, j’ai besoin d’un peu de repos !

— Pareil pour moi ! fit Teresa, à propos tu peux prendre ma chambre, moi j’irais dormir avec Max !

— Parfait, parfait, répondit Star en s’étirant avant de bailler à nouveau, je vous réveille tous à l’heure dite et je prépare même le petit déjeuner pour tout le monde !

A posteriori, Max reconnut qu’il aurait dû se méfier des trop bonnes intentions de son amie, mais pour le moment il avait d’autres préoccupations :

— À propos, n’oublie pas que demain c’est l’anniversaire de Lucy, tu y as pensé ?

— Heu, oui… Bien sûr, aucun problème Max ! répondit Star qui avait manifestement oublié, mais fit comme si de rien n’était.

Chacun gagna ses quartiers pour la nuit. Marcy après un bref passage dans la salle de bains ferma sa porte, Star entra dans celle de Teresa et laissa la sienne entrouverte. Teresa et Max se chamaillèrent un moment pour savoir qui dormirait de quel côté : Max dormait en général du côté gauche, mais c’était aussi le côté préféré de Teresa. Au final ils tirèrent au sort, qui fut propice à cette dernière, Max contesta, mais Teresa lui rappela que s’il était mécontent, le canapé du salon offrait un confort indéniable. Au bout d’un moment, cette dernière rejoignit la chambre de Max, vêtue d’une de ses tenues de nuit habituelle, à savoir un boxer-short rouge piqué à max et un t-shirt top léger bariolé, généralement encore plus informe que de coutume. Comme à son habitude elle fouina un moment dans la bibliothèque de son frère, retourna quelques bouquins et dans la manœuvre esquiva de justesse un ou deux gros volumes qui tombèrent en manquant de lui écraser les orteils.

Puis, satisfaite de sa trouvaille, elle vint tranquillement s’allonger auprès de Max, celui-ci leva le nez du livre qu’il feuilletait, plus par habitude que par intérêt, avant de retourner vers elle en l’entendant soupirer bruyamment.

— Toi, tu n’as toujours pas digéré ta rencontre avec le dénommé Grigorian ?

Teresa se mit à mâchouiller compulsivement une de ses mèches de cheveux :

— Bof, je finis par me demander si je suis réellement faite pour l’écriture, mon vieux !

Surpris par une telle affirmation, il hésita un peu avant de répondre :

— Tu sais, ce n’est que son avis après tout !

Teresa coula vers son frère un regard aussi plaintif et empreint de souffrance que celui du basset du lieutenant Colombo dans ses meilleurs jours.

— J’y avais vraiment mis tout mon cœur, je me sentais inspirée, pleine de feu, j’ai écrit pendant des nuits entières…

— C’est cette semaine-là que tu as épuisé la réserve de café ?

— Tout juste, j’avais même commencé à entamer notre réserve secrète !

Max se remémora cette semaine où Teresa, en pleine hubris littéraire, avait non seulement pillé sa bibliothèque – après avoir tenté un raid aussi risqué qu’infructueux sur celle plus modeste de Marcy, mais aussi ingéré plus de café que n’en consomme le service comptabilité d’une entreprise de taille respectable pendant le bouclage du bilan annuel. En ces moments, elle semblait possédée par quelques démons littéraires — Teresa aurait signé avec Méphisto bien plus vite que le vieux Faust si elle pouvait en espérer un espoir de publication — et même Marcy évitait soigneusement de la contrarier.

— Tu vois mon grand, un soir Coleridge se couche un peu mal fichu, prend un calmant, et le lendemain il compose Kublah Kahn, quand c’est à moi que cela arrive, tout ce qu’il me reste c’est une migraine. C’est là mon drame…

Sic transit Gloria Mundi comme disait l’autre, tu feras mieux la prochaine fois !

— J’espère bien

— Si ça peut de consoler Sherlock, dis-toi que si tu avais rencontré Hemingway dans de pareilles dispositions, il t’aurait sans doute mis son poing sur le nez !

La repartie fit glousser de rire Teresa qui commença à se détendre. L’un comme l’autre bouquinèrent encore un petit moment, puis elle éteignit la lampe !

— B’nuit Max !

Ce dernier, qui lui tournait le dos, commença à compter à rebours à 15 ; il venait d’arriver à 9 quand il sentit Teresa se serrer contre lui et l’entourer de ses bras avec toute la délicatesse d’une étoile de mer s’apprêtant à dévorer un oursin : « Record battu », pensa-t-il.

— Teresa, ce n’est pas que je trouve ton affection désagréable, loin de là. Mais pourrais-tu, s’il te plaît, au moins envisager de me laisser respirer ?

— Tais-toi ou je mords…

Max n’insista pas, mais Teresa se noua un peu plus et le brave garçon s’estima heureux qu’elle n’ait pas autant de bras à sa disposition qu’une authentique étoile de mer. Un peu agacé, il ferma les yeux, mais les rouvrit subitement sous le coup d’une sensation assez curieuse…

— Teresa… Est-ce que je me trompe ou tu es en train de mâchouiller mes cheveux ?

— Tu sais bien que ça me calme… tiens, tu n’aurais pas piqué le shampoing de Marcy ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire HemlocK ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0