Chapitre II.2

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Le ronflement tranquille du poêle encourageait à présent quelque peu Max à la paresse et il s’affala lourdement à côté de sa jumelle, qui tourna alors vers lui de grands yeux en amandes pleins de compassion :

— Mauvaise journée mon vieux ?

Sa migraine lui fournit une réponse suffisante s’il s’en fallait. Marcy, qui venait de s’asseoir à leur côté, versa une généreuse tasse de thé à chacun. Mais Max repensait à son travail, à M. HiggelBottom et au reste… En proie alors à une lassitude morale bien compréhensible, il demanda à Teresa si elle pouvait lui apporter une aspirine et se laissa glisser en arrière, juste assez pour que sa tête repose contre la confortable poitrine de Marcy. Celle-ci lui posa en retour une main chaleureuse sur l’épaule.

C’était une méthode dûment éprouvée par Marcy : En général pour réconforter les pauvres âmes en peine — comme son jeune frère en cet instant — elle posait une main douce, mais ferme sur l’épaule du patient, jaugeant ainsi de son état d’abattement. Puis le serrait chaleureusement entre ses bras, l’intéressé poussait alors le plus souvent un long soupir de soulagement — qui évoquait en général quelque peu le sifflement d’une bouilloire sous pression — avant de poser sa tête contre l’opulent giron de son ainée. Marcy prolongeait ce câlin salvateur jusqu’à ce qu’elle constate que son patient ait recouvré un minimum acceptable de joie de vivre. Elle complétait en général le traitement par un baiser affectueux et encourageant sur le front. Max, rasséréné, plaisantait souvent en affirmant que cette Câlinothérapie devrait être au vu de son efficacité, largement remboursée par la sécurité sociale. Ce à quoi Teresa, toujours sarcastique, rétorquait en objectant que si ce remboursement devait être directement indexé sur le volume de la poitrine de Marcy, le système de santé s’effondrerait au bout de deux ou trois traitements. Ce genre de commentaire aboutissait en général à un échange de remarques peu amènes entre les deux sœurs et concernant principalement leurs plastiques respectives, Marcy affirmant en toute bonne foi que ces propos étaient la preuve d’une évidente jalousie, Max de son côté s’éclipsait en vitesse.

Ceci dit, et même si cela lui coûtait quelque peu de le reconnaître, Teresa n’hésitait pas à profiter elle aussi de cette douce thérapie en cas de coup de cafard. En prime, Marcy, qui la connaissait par cœur lui gratouillait affectueusement la tête, ce qui avait pour résultat spectaculaire de la faire ronronner comme un chaton paresseux au soleil. Max usait également de cette amusante faiblesse lorsque sa jumelle rechignait à lui prêter un de ses livres où qu’elle se montrât plus casse-pieds que d’habitude. C’était imparable, mais tout le monde y trouvait son compte.

Tous trois burent en silence leur première tasse de thé avant de soupirer à l’unisson, puis Teresa se jeta sur un muffin avant de s’exclamer à la cantonade :

— Manifestement, nous avons tous passé une mauvaise journée : alors, qui commence ?

— Miss Salisbury, souffla pesamment Marcy.

— M. HiggelBottom, renchérit Max.

— la librairie Jonson&Marlowe, acheva Teresa.

— Encore des soucis avec le libraire ? demanda Max soucieux, ne me dit pas qu’il t’a demandé de régler ta note ?

Il oscillait entre une inquiétude légitime vis-à-vis des déboires financiers de sa jumelle et une inquiétude non moins légitime d’avoir à régler la note du libraire sur ses propres deniers.

— Non mon vieux, pas seulement un énième refus.. Enfin, c’est un peu compliqué, je vous expliquerais tout ça plus tard !

Elle chipa encore trois biscuits et commença à laper sa tasse de thé d’une manière assez comique.

— Comme tu veux ! Et toi Marcy ?

— Si cela ne vous embête pas, on verra plus tard ; pour le moment, je préfère me détendre.

— Je croyais que tu avais une répétition, ajouta Max.

— Si seulement… Soupira la malheureuse Marcy, dépitée ; et toi, qu’as-tu donc fait pour t’attirer les foudres de l’honorable M. HiggelBottom ?

— Je crois que, moi aussi, je vous raconterai tout ça plus tard ! Je ne suis pas au mieux de ma forme et j’ai besoin de repos, laissez-moi jusqu’à demain…

— Pareil pour moi, bailla Teresa, comme je vous l’ai dit, la journée a été un peu difficile, alors…

— Bien, bien ! conclut posément Marcy, je propose donc que nous profitions pleinement de ce moment de quiétude, on fera le débriefing après une bonne nuit de sommeil. Hé ! calme-toi sur les scones Teresa, tu commences à ressembler à un hamster !

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