À ses côtés, Teresa apparait faite d’un tout autre métal : largement plus menue que son ainée, sa silhouette harmonieuse la fait cependant considérer par ses pairs comme étant plutôt jolie, mais il faut dire que cet avis n’est généralement partagé qu’après un vote à main levée et un scrupuleux recompte des voix, du fait de son indéniable allure de chat de gouttière.

Avec ses longs cheveux, aussi noirs que ceux de Marcy, sa frange strictement rectiligne, son visage ovale et ses immenses yeux bleus en amandes presque anormalement mobiles, Teresa est le sosie quasi parfait de Gogo Yubary, la lycéenne psychotique du film Kill Bill, adolescente bien connue pour sa fâcheuse manie d’étriper à tout va pour un peu qu’elle ait trouvé son Coca tiède ou qu’il n’y ait pas assez de pépites de chocolats sur ses cookies.

Et bien que Teresa n’ait jamais trucidé qui que ce soit à ce jour — à l’exception peut-être des morceaux choisis de Tennyson ou de T.S. Eliot — la ressemblance restait suffisante pour que l’on se garde bien d’aller vérifier. Tout cela met assez vite mal à l’aise les gens qui l’approchent d’un peu trop près, d’autant qu’elle a tendance à rapidement vous regarder plutôt en dessous tout en griffonnant des notes sur le calepin qu’elle trimballe en permanence.

Ajoutez un immuable serre-tête, généralement rouge, à sa panoplie et vous aurez une bonne idée du personnage. La dernière bizarrerie de Teresa, mais la plus marquante, c’est qu’elle déteste porter des chaussures — ou quoi que ce soit d’autre — aux pieds et de ce fait marche quasiment toujours pieds nus, ce depuis sa plus tendre enfance et quasiment en toutes circonstances, sauf bien sûr — et à son plus grand déplaisir — lorsque les conditions climatiques ou un minium de conventions sociales ne l’en empêchent. Il est inutile et superflu de dire que ce trait singulier a fait tourner en bourrique plus d’un psychologue scolaire, auxquels Teresa ne manquait jamais d’arguments irréfutables à opposer ; quant à ses proches, cela fait belle lurette qu’ils ont renoncé à comprendre !

A contrario, Max, seul garçon de la fratrie, n’a guère de particularités : légèrement plus grand que sa jumelle, les cheveux châtain coupé un peu plus long que les standards de la mode masculine, avec une mèche baladeuse perpétuellement pendue devant ses yeux noisette. Mince et d’un tempérament nonchalant, il est naturellement éclipsé par ses sœurs. De même son visage, qui a hérité de leurs traits, affiche une douceur quelque peu féminine. Il a donc plutôt tendance à se confondre quelque peu dans le paysage, mais ne vous méprenez pas, cela n’en fait pas un Léonard Zelig pour autant ! Du reste, vous le retrouveriez facilement au milieu d’une foule : il ne porte pas la barbe et ne tripote pas compulsivement son smartphone, c’est dire s’il n’est guère à la mode… Non, notre héros a une personnalité bien à lui, mais manque seulement de la confiance en lui nécessaire pour vraiment l’affirmer. Ceci étant dit, ce singulier trio se voue un attachement mutuel visiblement à toute épreuve, et par les temps qui courent personne ne s’en plaindra, surtout pas Max, même si sa position au barycentre de la fratrie est parfois problématique.

Autour de ce petit noyau familial gravite bien évidemment un certain nombre d’amis et connaissances, à commencer par la charmante miss Stella Mary Wingrave, amie d’enfance et conscrite de Max, que tout le monde surnomme « Star » par commodité. Cette mignonne petite chose aux longs cheveux blonds est toute en légèreté, avec ses jolis yeux verts pétillants et — sinon la candeur — du moins la jovialité et les joues roses d’un nouveau-né. C’est une adorable petite bulle de champagne fort rafraîchissante et pleine de charme. Étudiante en ingénierie du côté de Nice, Star est la fille unique d’un couple de cadres supérieurs et de ce fait bénéfice d’une très large autonomie financière, mais n’en demeure pas d’une gentillesse et d’une simplicité désarmante.