1 - Horizons

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Ligne droite, sans borne, sans limite,

Qui se déroule sous leurs yeux ébahis,

Frontière entre le céleste et le lointain,

Source d’espérance, tournée vers l’avenir.

—-

Elle ne les quittait plus des yeux. Perchée sur des hauteurs escarpées, emmitouflée dans son manteau molletonné pour se protéger du froid, Eyrún sentait son esprit divaguer sur les flots. Il était incroyable de voir d’en haut comme la mer ne connaissait pas de fin.

Depuis son Islande natal, ayant grandi au pied des volcans, surplombée par la grandeur des glaciers, elle vouait une fascination sans pareil à l’inconnu.

Le monde s’étendait là, juste derrière cette fine frontière inaccessible qu’on appelait l’horizon.

La jeune femme ressentit une douce paix infiltrer son âme. Rassérénée, les quatre vents semblaient la traverser de toutes parts, tandis qu’elle tendait les bras à l’univers. Elle aimait se ressourcer au carrefour des éléments. Non, elle adorait faire face à la nature. La nature sauvage et magnifique de son île.

« Eyrún Ingvardóttir ! »

Son nom sonna comme un coup de gong. Le vent devint muet. Sans regret, l’interpellée se retourna tranquillement, un sourire béat sur les lèvres.

« Mamma… »

Sa vieille mère finissait de gravir les quelques mètres de pente qui les séparaient. Quand elle venait la chercher, c’est que le temps de nouveau faisait des siennes.

Il passe bien trop vite, l’aube se lève que c’est déjà l’heure du dîner.

« Vais-je devoir te courir après encore longtemps ? protesta sa parente.

- Je suis désolée, módir. La prochaine fois, laisse-moi le ventre creux, ça t’épargnerait bien des peines, répondit Eyrún d’un doux filet de voix.

- Irresponsable comme tu es, même à ton âge, je ne saurai avoir la conscience tranquille !

- Ça va, arrête-toi, j’arrive. »

*

* *

Le nomade tira sur les rênes, coupant net son avancée. La tête enveloppée dans un turban azur, il se tenait droit, silhouette dont on ne pouvait voir que l’éclat des iris.

Tandis que sa monture du désert posait les genoux à terre, Idir se laissa glisser de la bosse qui le portait. Un bruit sourd accompagna son atterrissage au sol. Il demeurait ainsi debout ; son dromadaire à terre.

Le soleil rapatriait ses rayons cuisants derrière l’horizon. De ses yeux sombres, le jeune nomade assistait au coucher du roi des cieux, à la renaissance de la nuit éveillée par madame Lune. Ce qu’il percevait moins, c’était le bout du monde. L’horizon à ses yeux ressemblait à une courbe dessinée au gré des dunes. Il savait cependant qu’au-delà de cette ligne se dressait un monde nouveau.

À mesure que le soir progressait, Idir sentait l’air autour de lui se glacer. Il croisa les bras sur ses vêtements malmenés par la tempête.

Il connaissait les repères du vent, du sable et des étoiles, de toute une vie passée à écouter les récits de voyageurs du Sahara. Malgré cela, il laissait le soin au destin de guider ses pas.

Les quelques villages qu’il avait croisés sur sa route ne voulaient pas l’aider sans sous ? Soit. Quitter son oasis ne lui avait pas semblé si difficile ; à présent, il faisait cavalier seul. Sans perdre l’espérance.

Idir s’assit aux côtés de la bête, abaissa les paupières.

Et ainsi étendu sur le flanc de son dromadaire, sa conscience le quitta jusqu’au lendemain.

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