III

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Bandits de grand chemin, assassins en mission, mercenaires...

Edilan ne saurait dire du haut de ses cinqs pringtemps. Mais ce n'étaient pas des types recommandables, c'était une certitude, même pour lui. Celui qui semblait être le chef lui tenait l'épaule avec un sourire amical de façade, mais pourtant, il le trouvait étrangement menaçant. Son aura était très sombre, et il dégageait une odeur pire que la mort. Le plus terrible des loups iraient se terrer dans sa tanière sur son chemin. Il était grand, portant une armure de cuir à peine dissimulée sous une cape noire. Ses cheveux blancs ramenés en arrière ne parvenaient à trahir une jeunesse, peut-être envolée trop tôt, comme en attestait ce cache-oeil devant son orbite droite. Il le dirigeait, accompagné par deux amis à lui, dont une femme, vers l'orphelinat.

Oh bien sûr, il prétendait ramener à bon port le doux agneau égaré. Mais même enfant qu'il était, Edilan comprenait que l'homme cachait un plus sombre dessein. Il avait hésité à tenter la fuite, mais la vigilance de l'homme était nettement meilleure que celle de la directrice ou de ses sbires. Il pouvait aussi le guider sur une fausse piste pour gagner du temps, mais à quoi bon ? Puis Edilan avait beau voir une maturité bien plus grande que la moyenne des enfants de son âge, il avait beau sentir que le bondinet n'était pas l'ami qu'il se prétendait être, il ne pouvait deviner toutes les horreurs qui hantaient son âme.

Alors il le guida tranquillement et soupira en retrouvant la bâtisse qu'il détestait tant, même s'il devait reconnaitre à l'orphelinat un certain charme : la pierre utilisée pour faire les murs était de qualité, et une partie de toit était entièrement faite d'un verre teintée, qui offrait au hall un aspect lumineux incroyable. De plus, avec ses quelques tours, elle avait un aspect religieux, comme une église. En la voyant, l'étreinte de l'homme sur son épaule se détendit légèrement.

— Wow ! Fit-il, et ben gamin, c'est ça que tu fuyais ?! Je dois te dire que j'ai du mal à te comprendre. C'est...Grandiose ! J'aurai vendu ma salope de mère pour y grandir parbleu ! Oups...

Il se cacha la bouche du bout des doigts, dans un air faussement désolé. Puis il poussa, sans douceur, Edilan, qui tomba en avant, le nez dans la poussière, provoquant un rire des types qu'il venait de rencontrer. Il serra les poings, regrettant, comme nombre de fois, de ne pas être plus grand, plus fort. Une main forte l'attrapa par le dos et le releva sans ménagement.

— Avance.

Maugréant quelque chose dans sa barbe, le petit reprit son cheminement. Finalement, il frappa à la porte d'entrée.

— Allons, depuis quand on frappe pour entrer chez soi ? Fit le blond.

Un homme qui l'accompagnait fit un pas en avant, mais il fut arrêté par son chef qui tendit son bras en travers de sa poitrine. Il attendit qu'un "clic" se fit entendre derrière la porte puis il s'avança et d'un violent coup de pied, ouvrit la porte. Edilan entendit un léger cri de douleur, puis vit, à travers le battant entrouvert le corps de Grégoire au sol, sur le dos, la porte ayant rebondit contre lui. Le groupe éclata de rire, alors qu'Edilan fut jeté, littéralement sur le garçon d'écurie qui, sentant la menace, recula vivement, entrainant l'orphelin avec lui.

— Qu'est-ce que c'est que ça encore Grégoi...

La voix de la directrice ne passa pas sa gorge lorsqu'elle vit les trois hommes entrer. Grégoire rampait en arrière, maintenant le jeune Edilan contre lui. Il ne connaissait pas ces hommes, il ne les avait jamais vu dans les parages, mais leur nature ne faisait nul doute. Celui qui semblait être le meneur avait une tête de tombeur de femme avec ses cheveux mi-longs et blonds. Ils portaient des armures de cuir souple, faites non pas pour le combat mais pour le voyage.

En voyant la directrice, il saisit souplement son arc et encocha une flèche. Elle leva les mains, en ouvrant la bouche et tremblotante.

— Messieurs, je...

Grégoire n'était pas un homme de bataille, mais il avait voyagé. Il connaissait ce genre d'homme, et il connaissait le sourire que le type arborait. Il ne venait pas pour les richesses. Le supplier ou l'acheter ne servirait à rien. Il venait pour assouvir un besoin que nul or ne pourrait combler, que nulle larme pourrait flanchir. Il décocha sa flèche, et la directrice ne termina pas sa phrase.

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