IV

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Ils se mouvèrent silencieusement et rapidement, tels des ombres dans les ténèbres. Léoken était assez fier de sa discrétion naturelle et s'il ne connaissait pas beaucoup Grondan, il devait lui reconnaître un certain talent pour le déplacement silencieux. En revanche, il connaissait par coeur Ellya, et fut étonné. Bien qu'elle vienne d'un peuple qui vénère la trahison comme un acte divin, elle n'aimait pas le silence. Son genre c'était plutôt le sang, les cris. C'était d'ailleurs sûrement pas une coïncidence. Mais ce jour-là, elle se déplaçait comme une assassine de métier, expérimentée et reconnue. Cela cachait quelque chose, forcément, et il se promit de lui en parler, plus tard.

Léoken se rendit compte à quel point le fait de vivre seuls, coupés du monde, était dangereux. Les drows avaient perdu la notion du danger et de la prudence. Il n'y avait qu'un nombre ridiculement petit de gardes, et ils étaient plus somnolents qu'autre chose. Mais comment leur jeter la pierre ? Il n'y avait nul bandit, nulle civilisation hostile, nulle menace à surveiller. Décidément, les Drows pouvaient bénir les Dieux pour leur chance d'avoir quelqu'un comme Laeth dans leur rang. Elle ferait une très bonne reine. Elle semblait être la seule Drow à avoir la tête sur les épaules.

Elle les guida dans l'arbre. Le chemin n'était pas difficile à deviner. Un chemin a été construit non pas dans l'arbre ou grâce à son bois, mais tout autour, longeant son corps rectiligne et puissant, dressé vers le ciel, en colimaçon. Parfois, ils arrivaient à un croisement, où leur chemin se séparait vers un autre arbre, mais c'était rare. Dans ces moments-là, il y avait un garde, mais la lumière étant faible, ils parvenaient facilement à se terrer dans l'ombre. Léoken suivait Laeth, mais ce n'était pas chose simple. Laeth ne s'arrêtait pas pour eux, et s'ils perdaient sa trace, autant dire que ça en était fini d'eux. Il ne pouvait pas non plus lui demander de ralentir sans prendre le risque de se faire repérer. Il jura intérieurement.

Était-ce qu'il connaissait les deux seuls elfes à être aussi tête brûlées, ou étaient toutes aussi...Inconscientes ? Puis il réalisa en voyant la jeune Drow se mouvoir tel le plus silencieux des assassins qu'il s'agissait d'autre chose. Elle n'était pas tête brulée ou téméraire. Non, ce qu'il voyait, c'était l'écart entre lui, simple mortel, et l'elfe, une ancienne créature divine. En cas de guerre, il ne savait pas comment l'espèce humaine pourrait espérer la victoire, puis il se souvînt qu'ils l'avaient déjà fait. Tout le monde a un point faible exploitable, et il n'y avait pas de raison qu'elle échappe à la règle.

Mais, heureusement pour eux, il possédait quelques talents dans la roublardise bien utile. Il tentait de deviner les mouvements de la princesse avant qu'elle ne les fasse en analysant la situation et en se demandant ce qu'il aurait fait lui-même. En général, la réponse était limpide, mais par moment, il mettait une demi-seconde de plus que la princesse à faire son choix. Et pourtant, il devait être plus formé à ce genre de situation que la princesse d'un peuple pacifique vivant reclu du monde.

— Léoken ! Murmura Ellya.

— Chut. Discret, pas le temps...

— Mais les autres, regarde !

Il s'arrêta, espérant que Laeth finirait par les voir et faire de même. Il jura en se retournant. Les autres étaient en train d'être distancés. C'était mauvais. Très mauvais. S'ils étaient distancés, ils risquaient d'être séparés et les risques d'être surpris ou pire étaient grands, surtout si Laeth n'était pas dans le coin. Ou pire, ils pourraient se défendre et compromettre très sérieusement la réussite de leur mission. Même la princesse ne leur pardonnerait pas d'assassiner un Drow, c'était évident. Alors que faire ? Il devait très vite trouvé une solution, surtout que plus la distance serait grande, plus leur stress le serait. Et donc la probabilité de commettre une gravissime erreur également... Il décida de faire au plus urgent, et parti les rejoindre, faisant geste, de ses deux mains, de rester calme.

— Imitez-moi si vous le pouvez mais surtout, restez silencieux. Entendus ?

On lui répondit d'un bref hochement de tête. Il voyait encore la tension sur leurs visages et la peur commençait même à déformer les traits de certains. Léoken ne les connaissait pas tous, mais il espérait pouvoir leur faire confiance. Il se retourna, mais eut la très désagréable vision qu'il redoutait : la princesse avait disparue.

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