II

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Léoken n'avait toujours pas perdu espoir de sortir d'ici rapidement, mais il était le dernier. Les autres se contentaient d'attendre, mangeant ce qu'on leur apportait, dormant le reste du temps. Les échanges de paroles s'étaient fait rares, et même Ellya était presque léthargique. L'amiral se demandait s'ils ne seraient presque pas soulagés de voir le roi leur apporter la nouvelle de leur prochaine décapitation. Et le malheur, c'était que l'éventualité n'était pas encore totalement écartée, bien que de plus en plus improbable. Il avait besoin d'eux alertes, et non mollassons comme ils pouvaient l'être. Et l'autre malheur était qu'il ne savait pas comment faire. Il n'était pas un chef. Il ne savait pas faire de discours glorieux et pimpant. Il devait donc trouver un plan rapidement, et surtout qui ne demandait pas d'être vifs. Ce qui était une mission impossible. Il regarda l'une des deux Lunes, la dernière encore debout. La nuit était presque réconfortante : il serait peu probable qu'on décide leur mort alors que le soleil était couché ! Mais maintenant que le jour venait à toute vitesse; l'annonce de leur mort prochaine pouvait surgir à tout instant. L'urgence de trouver un plan, une idée géniale - ou même farfelue - devenait tangible. Mais quoi ? Que pouvaient-ils faire ? Il avait déjà regardé la clef et même Ellya, pourtant douée avec les mécanismes, n'avait pu trouver quoique ce soit à faire. Ils pourraient toujours tenter la force, en donnant des coups dans la porte, mais non seulement les prisons sont, de manière, générale, pensées à résister à ce genre d'assaut, mais en plus ils risqueraient de faire venir les gardes et d'accélerer leur exécution.

Soudain, une ombre attira son attention. Ou plutôt, le bruit d'une ombre. C'était discret, et la plupart des gars qui l'accompagnaient ne le remarquèrent même pas. Mais lui qui vivait avec une elfe noir, il avait l'habitude d'être aux aguets. Elle l'avait formé aux subtilités des manières...Dissimulés de certains guerriers de sa race. Il redressa la tête, guettant un nouveau bruit, mais il n'en eût pas besoin. Il remarqua que sa jeune amie était, d'ailleurs, têve levée et debout. Chacun l'imitèrent, plus curieux qu'autre chose. Une silouhette était debout sur la cage. Léoken banda ses muscles, prêt à bondir ou en tout cas à agir. Il ne voyait pas grand chose d'elle, et ne pouvait savoir s'il s'agissait d'une alliée ou d'une ennemie et donc, vu leur situation, devait, dans le doute, partir du principe que c'était un ennemi. Surtout qu'il n'arrivait même pas à comprendre comment elle avait fait pour arriver ici ? Comment avait-elle bondi sur la cage sans qu'ils ne la repèrent ?

— Qui êtes-vous ? Ne songez pas prendre l'avantage grâce à la précarité de notre situation. Malgré les apparences, nous saurons défendre notre souffle au péril de...Ah merde.

Léoken fut soufflé. C'était rare qu'il ne trouve pas le mot adéquat, ou qu'il se trompe dans la formulation d'une réplique, ce qui était bien signe de sa faiblesse !

— On ne se connait pas depuis bien longtemps, mais je suis tout de même surprise de vous voir vous vautrer aussi pitoyablement, l'amiral.

Il soupira, sentant toute la tension qui s'évapora de ses épaules. Il ne l'espérait plus, mais il semblerait que finalement, la princesse soit revenue pour eux.

— Je le savais ! S'exclama t-il héroïquement.

Il entendit un rire derrière lui. C'était un rire moqueur mais qu'importe. Certes ils disposaient maintenant d'une alliée à l'extérieur de la cage, et une alliée de choix, mais leur situation n'en était pas moins précaire, et il avait besoin que ses troupes aient le moral. Ils allaient avoir des efforts supplémentaires à fournir, alors qu'ils étaient affamés, fatigués et, pour certains, apeurés. De plus, ils n'étaient pas tous guerriers...

— Pardonnez mon outrecuidance, majesté, mais avez-vous un plan pour sortir d'ici ? Demanda t-il.

La silouhette descendit alors de la cage avec une souplesse qui n'avait rien à envier à celle d'Ellya. Celle ci s'était également redressée et semblait avoir retrouver quelques couleurs, malgré son éternel air fermé sur le visage.

— Bien sûr, je vous ouvre et on part.

— Je doute que cela soit aussi facile, princesse. Votre père ne semble pas avoir une confiance inoui en nous, fit le capitaine Grondan.

— Je n'ai pas dis que ce serait facile. De plus...Je veux laisser une chance à notre mère de venir avec nous.

— Ouai...Ben fallait y penser avant de venir nous voir.

Ce fut Léoken qui répondit à sa protégée, toujours méfiante.

— Ne sois pas ingrate, sotte que tu es. Si la reine refuse de suivre sa fille, à quoi songera t-elle, selon ton opinion ?

Ellya se tut. Léoken avait raison. Si la reine refusait de se joindre à eux et penchait plutôt du côté du roi, elle aurait arrêté sa fille et accélerer certainement leur mort. Cela dit, si elle refusait alors qu'ils étaient là, leur mort était assurée. Ou alors...

— Amiral, tu te rends compte que si elle se met...

Le pied de son protecteur écrasa ses orteils, mais trop tard. Laëth s'arrêta, alors qu'elle s'apprêtait à déverrouiller leur cage et la fixa, comme suspicieuse.

— Je souhaite croire que les légendes à votre égard sont éxagérée, madame l'elfe noire, mais prouvez-moi que je me trompe, et je vous égorge dans l'instant.

Ellya garda la tête haute. Elle savait que ses mots pèseraient énormément. Une voix intérieure lui hurlait d'arracher la gorge de cette Drow, dût-elle utiliser ses dents, mais elle la maitrisa. Elle la connaissait bien, par coeur. Comme tout les elfes noirs, d'ailleurs. C'était la voix de Loth, celle qui dominait une bonne parti de ses pairs. Si seulement ils goûtaient, comme elle, à la liberté...Elle se contenta d'un bref hochement de tête. La défiance dans les yeux de la princesse ne disparut pas, mais elle finit par ouvrir la porte.

— Inutile de vous dire qu'il faut faire vite, et discrètement.

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