I

3 minutes de lecture

Ils n'avaient pas beaucoup dormis quand Waël donna l'ordre du départ. Ils ne protestèrent pas, comprenant l'urgence et la précarité de leur situation. La nuit avait été mouvementée, et surtout leur guide était mort, assassiné. Waël savait quoi faire et où aller, mais cela leur ferait un détour. Et surtout, ce n'était pas la porte d'à côté, ils seraient presque arrivés à leur destination première et prenaient le risque de se déplacer pour rien mais tant pis. Leur seul autre choix les écarterait trop de la route de leurs cibles et ils risqueraient de perdre définitivement leur piste si Garet ne se réveillait pas. Et même si cette rumeur était juste et qu'ils trouvaient seuls l'emplacement de cette fâmeuse cité, le temps était précieux et compté. Chaque seconde comptait.

Le seul hic, c'était l'inconscience du gamin qui perdurait. Le marchand était sensé veiller sur lui, mais Phillia, bien évidemment ne lui faisait aucunement confiance. Elle jetait de réguliers regards. Regards que surpris Zu plusieurs fois. Il s'approcha tranquillement d'elle, sans en avoir l'air.

— Je ne t'avais pas vu comme ça depuis longtemps. Et surtout, jamais autant en désaccord avec Waël. Qu'est-ce qui se passe ?

Phillia lança un regard en coin à Zu. Waël, elle pouvait comprendre. C'était un homme froid et méfiant de nature, et surtout c'était leur chef. Il avait des responsabilités, et pour lui le jeune homme représentait un risque bien existant, qu'elle ne pouvait contester. Il prenait donc les décisions qu'il jugeait nécessaire pour la pérénité de leur groupe, même celles qui avaient l'air difficiles. D'ailleurs, il y mettait tellement de coeur qu'elle se demandait parfois s'il n'appréciait pas ce rôle d'apparence ingrat. Mais pour Zu, c'était différent. Ils étaient proches, certes, et se connaissaient avant d'entrer dans le groupe de mercenaire, mais il était de nature taciturne, distante, mais il la soutenait. De façon lointaine, certes, et il était plus un réconfort qu'un renfort, mais il ne la jugeait jamais. Elle se tourna vers lui, le visage glacial.

— Qu'est-ce que cela peut bien te faire ?

Si le mercenaire fut touché par la pique, il n'en montra rien.

— Je suis ton ami, Phillia, je cherche à comprendre. Et surtout, j'ai peur !

La jeune femme leva un sourcil.

— Peur ? Pourquoi aurais-tu donc peur ?

Zu eut un rictus et elle ne comprit pas la grimace que fit son ami, ne sachant comment la décrypter.

— Tu ne vois donc pas le danger qu'il représente ?!

Phillia soupira. C'était donc encore pire que ce qu'elle craignait.

— Tu peux t'en aller, s'il te plait ? Fit-elle placidement.

— Non, je m'en irai pas tant que cette conversation ne sera pas terminée. Ce gars représente un putain de danger pour nous tous. Et si tu t'accroche à lui, tu seras la première impactée !

— Mais merde Zu ! Qu'est-ce que tu veux à la fin ! S'écria t-elle.

Les regards se tournèrent vers eux, surpris. La tension était palpable depuis la reprise du voyage, et ils avaient l'habitude de ce genre d'esclandre entre les deux frères ou Waël et n'importe quel membre du groupe. Mais pas entre ces deux-là. De manière générale, Phillia était la chouchoute. Elle était un peu la mascotte du groupe, celle que tout le monde aimait. Pour sa douceur, sa gentillesse, son attitude positive. De leur mémoire, ils pouvaient compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle avait levé la voix. Mais Zu ne se laissa pas impressionner pour autant, restant stoïque.

— Qu'est-ce que tu crois que je veux ? Je ne veux pas que tu mette en danger ta vie et la réussite de la mission au passage.

— Et en quoi empêcher l'assassinat froid d'un gamin met en péril ma vie ou la réussite de la mission ?! Continua Phillia, abasourdie.

Un voile étrange passa devant le visage du rouquin. En saurait-il plus qu'eux ? Leur cacherait-il des informations ? Il secoua lentement la tête, retrouvant son air froid et distant habituel.

— Tu le sauras peut-être plus tard.

D'un geste, il éloigna son cheval de la charrette sur laquelle Phillia veillait sur Garet. Elle le suivit un moment des yeux. Il mentait, elle en était sûre. Au mieux, il déformait la vérité. Mais pourquoi ? Il avait toujours été mystérieux, mais il n'avait jamais rien fait qui aurait pu aller à leur encontre. Elle soupira alors que le silence retombait autour d'elle. Presque machinalement, elle prit l'index de Garet dans sa main et, étrangement, elle se sentit un peu mieux, comme si ce contact apaisait son âme des tumultes de ses pensées. Ce qu'elle ignorait, c'était que le coeur de Garet, qui venait de s'éveiller et avait entendu toute la conversation, se serra à ce contact.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Le Rêveur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0