III

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L'odeur délicieuse de la viande grillée emplit bientôt toutes les narines et le repas occupa les esprits. Garet, machinalement, s'était approché de la carcasse grillée, la fixant avec envie. Oubliés, les remords, oubliée, la poésie, rien d'autre ne comptait que son estomac. Waël découpait la viande et distribuait les parts. Quand le jeune nordien eut la sienne, il ne put réprimer une grimace de déception en voyant la taille microscopique du bout de viande.

— Tu t'attendais à quoi, petit ? Si tu veux une plus grosse part du butin, faut la mériter. Et regarder ne suffit pas.

Garet ouvrit la bouche, réprimant de justesse une insulte. Il aurait bien aimé participé, mais il aurait fait quoi, hormi chargé en criant ? Pourquoi tu ne le dis pas ? Balance-le ! "Pour qu'il me frappe ? Non merci, sans façon" Lâche. Tu hésites à te défendre devant un allié quand tu as raison, qu'est-ce que ce sera devant un homme qui voudra ta mort ? Tu avais peut-être raison, c'était une mauvaise idée, tu ferais mieux de quitter le groupe. "Bien essayé, mais ça ne prend pas". Bien que sa fierté fut piquée au vif, il ne broncha pas et se rassit dans son coin. Il se demanda si un jour il aurait lui aussi une vrai part de viande, s'il la mériterait aux yeux de Waël, ou si le mercenaire garderait à vie cette image de gamin insupportable. Il machonnait son morceau de viande en grimaçant parfois. On connait tout les deux la réponses, je crois. Garet soupira intérieurement. Oui, malheureusement, il devait reconnaître qu'il avait son idée sur la question. Pourtant, il espérait toujours se tromper.

Peut-être qu'un jour il changerait, et gagnerait ainsi l'estime de Waël. Il soupira en prenant un nouveau morceau en bouche alors que son regard se perdit au loin. Et soudain, son oeil capta quelque chose. Il pencha la tête en avant en plissant les yeux.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda t-il.

Phillia suivit son regard puis sourit en voyant les ruines. Elle haussa les épaules.

— Comment veux-tu que l'on sache ? Un ancien bâtiment quelconque, peut-être une tour de garde ou un moulin.

Garet doutait que cela soit un moulin. Il y avait à quelques mètres seulement de leur position des ruines d'anciens bâtiments de pierres. Ils ne paraissaient pas spécialement haut, mais c'était difficile à dire de là où ils étaient, car le toit était totalement détruit, et seuls les murs étaient restés debouts, luttant désespérément contre la nature et le temps. Mais c'était une bataille qu'elle perdait visiblement, le vert et le brun de la terre gagnant de plus en plus de terrains. "Pourquoi ne dormons-nous pas là-bas, à l'abri ?" Car c'est ce que tout le monde attendrait. Si on vous attend, si on cherche à vous tendre une embuscade ou vous assassiner dans votre sommeil, ce serait le meilleur endroit. "Je vois". En fait, Garet ne voyait rien, mais comme l'explication semblait plus ou moins logique, il s'inclina.

— Comment va t-on passer discrétement la frontière ? Comment comptez-vous faire, Templier ? Demanda soudainement Zu.

— Discrétement ? Pourquoi le voudrais-je ? Le Temple n'a pas de frontière. Nous sommes les bienvenus partout, répondit Volkan.

— Vous oui, peut-être, mais moi non. Pas plus que mes collègues, insista Zu.

Le regard de Volkan passa de l'un à l'autre, comme s'il ne comprenait pas les mots du roux et cherchait un soutien quelconque parmi ses amis, sans succès.

— Pourquoi voudriez-vous entrer discrètement dans un royaume voisin ? Auriez-vous un passé à cacher, ou des antécédents avec la milice Tekhtonne ? Si c'est le cas, précisez-le maintenant, car ça aurait déjà été bien de le faire avant !

L'impassible Zu posa presque délicatement son assiette au sol et s'éclaircit la gorge.

— Pardon templier, je n'ai pas souvenir qu'il fallait que je vous parle de mon passé. Vous souhaitez savoir où je suis né, aussi ?

Même Phillia semblait surprise par les piques de Zu. Waël ouvrit la bouche, visiblement pour soutenir le Templier, mais Volkan l'empêcha de parler d'un doigt levé et se mit debout face à Zu.

— Mercenaire, vous vous oubliez. Tout ce que je vous demande c'est pourquoi...

Volkan ne put terminer sa phrase.

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