II

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Drowakar était une île acceuillante, chaleureuse, que les animaux aimaient. Où que vous soyez sur l'île, si vous souhaitez voir des oiseaux, il vous suffisait de lever les yeux et de prêter l'oreille pour entendre leurs mélodies.

Elle n'était pas immense, mais subvenait largement à tous les besoin de ses habitants. Forêt, fleuve, tout y était, et les Drows restaient indépendants malgré la fragilité qu'aurait pu donner à leur position le fait de résider sur une île. Aucune guerre ne les atteint, aucune maladie ne les toucha. Leur roi, Draël, et son épouse Unya, règnaient depuis des millénaires. Le seul plaisir de Draël, d'ailleurs, était de parcourir l'île, à cheval ou à pied. Il disparaissait parfois pendant des semaines, avant d'être retrouvé errant dans les forêts ou sur les plages.

Hormis son épouse et sa femme, il n'aimait rien plus fort qu'il adorait Drowakar, et il serait prêt à tout pour la protéger du monde extérieur. Il était ancien, et il connaissait les autres peuples. Que ce soit leurs cousins elfes ou leurs anciens amis nains, il ne faisait confiance à personne. Ils n'apporteraient que guerre et trouble. Ce sentiment n'était pas partagé par sa fille, qui prônait une ouverture sur le monde. Ils débattaient souvent sur ce sujet, et les disputes étaient régulières. Ce jour-là n'avait pas fait exception. Elle était venue, lui parlant d'un continent inconnu qu'il fallait à tout prix découvrir. Quelque chose y était. Quelque chose d'important, selon Laëth. Il avait refusé, bien sûr, de s'engager sur une expédition qui lui coûterait des ressources et du temps. Elle avait insisté, ils s'étaient fâchés. Il y pensait encore le soir venu, debout sur le balcon avec un verre d'alcool doux à la main. La vue sur l'horizon était immense, voyant même l'océan de là où il était, éclairé par une lune pleine et une qui l'était de moitié. Comment pouvait-on rêver de mieux ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dans ce monde qui méritait de risquer de perdre tout ça ?

— À quoi tu penses, mon roi ?

Draël ne se tourna pas et frissonna quand la main d'Unya se glissa sous sa tunique. Elle était belle, désirable. Il aimait à croire que Drowakar lui avait prêté un peu de sa beauté. Elle avait les cheveux violet et extrêment longs, la peau d'un mauve plus pâle que le sien, et les yeux bleus. Son visage était plus rond que la moyenne, tout comme ses courbes. Sa voix, d'une douceur inégalée, restait un peu aïgue, comme celle de sa fille.

— De qui elle tient son côté borné, je te le demande.

— Oui, on se le demande n'est-ce pas mon tendre époux ?

Il ne put réprimer un sourire et secoua la tête.

— C'est différent. Je suis roi. Je me dois d'être tétu.

Elle lui déposer un baiser sur la nuque, avant d'appuyer son front sur le dos de son mari.

— C'est une princesse. Elle se doit de s'opposer à son père.

— Oui, ça je l'entend. Mais pas à ce sujet. Tant qu'elle n'entendra pas raison, elle ne guidera pas les nôtres.

— Là, je te trouve dur.

— Je le suis. Je suis dur, comme ce vent est frais et chaleureux, comme ces Lunes sont lumineuses et réconfortantes. Je suis dur comme les vagues se brisent sur nos rivages et caressent nos esprits et ses fous rêves. Le jour où un pied étranger foulera ces terres verra le jour de ma mort.

— Ta fille a hérité de mon don. Pourquoi croyais-tu mes prédictions pour ignorer celles de ta fille ?

Unya était, avant d'être reine, une vestale. Une muse. Ils s'étaient rencontré ainsi. Il se souvenait, chaque soir, de ce jour, où il l'avait vu dansant au clair de deux Lunes fraîches, humant ces odeurs âcres d'encens. Il entendait ses prédictions, passages effrayant de transe et de danse. Oui, il les avait écouté, suivi, contré ou au contraire embrassé. Mais...

— Tes prédicitons nous concernaient. Je me fiche du monde.

— Ce qui concerne le monde, concerne ton île, mon roi.

Oui, il devait reconnaitre la sagesse de son épouse, et la véracité de ses propos. Il ne pouvait le nier sans faire preuve de bêtise. Cela dit, il n'avait pas dis son dernier mot.

— Tu m'as prouvé maintes fois la profondeur de tes visions. Elle n'en a jamais vraiment fait part, et aucune preuve vient égayer ses propos et ses demandes.

— Tu l'accuses de mentir ? S'offusqua Unya.

— J'ai pas dis ça.

— Ce n'était pas loin. De toute manière, on ne règlera pas ce problème ce soir, un verre de vin à la main. Je vais me coucher.

Draël ne dit rien, laissant sa tendre aller se rallonger, et continua d'observer l'horizon un moment. Il se demanda ce qui pouvait bien troubler sa fille, alors que l'horizon était d'un calme absolu. Il inspira profondément. Il était sourd aux appels de la terre, il le savait, mais pourtant, il souhaitait, lui aussi, l'entendre. Entendrait-il aussi des appels à l'aides et des avertissements ? Ou son esprit serait-il conforté dans l'amour du calme qui règnait sur cette île merveilleuse ?

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