IV

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Deux mois plus tard


La cérémonie se déroulait au bord d'un canyon. Les hommes les plus forts y avaient entreposés un tas de rochers afin de former un promontoire. Therion faisait parti des premiers arrivé, profitant du soleil levant pour regarder l'incroyable étendue des canyons. C'était le meilleur moment de la journée, indubitablement celui que les Transformés préféraient. L'aurore pointait le bout de sa lumière, caressant chaque centimètre carré du monde, réchauffant les coeurs après une nuit froide et parfois agitée.

— Fils, prépare-toi.

Therion hocha la tpete, mais eut un mal fou à se détourner de ce spectacle éblouissant. Il finit par se retourner, se rendant compte que déjà, les deux autres jeunes prétendants à la transformation se tenaient à ses côtés, face à une foule calme et attentive. Son père la rejoignit, en inclinant légèrement la tête. Comme un échange, un autre homme la quitta. Un peu plus âgé, il s'approcha d'eux et les regarda, les uns après les autres. Il les regardait de bas en haut avec ses yeux bruns intenses. Devant les deux premiers, il ne dit rien, se contentant de les observer, placidement. Lorsqu'il arriva devant Therion, il plissa légèrement les yeux. Therion était grand et fin, dominant l'homme - un vieux sage qu'il connaissait sous le nom de Horus - de plusieurs centimètres.

— Toi tu es différent, fit-il tout doucement.

Therion leva les yeux et secoua la tête.

— Non.

— Non ?

Horus pencha la tête, comme le ferait un hibou et sembla hésiter en plissant légèrement les yeux.

— Si, pourtant je le sens bien. Je ne sais pas en quoi, mais tu es différent.

Therion tenta de cacher sa déception en soupirant légèrement et baissa un instant les yeux, avant de les relever et de les planter dans ceux du sage. Pourquoi s'évertuaient-ils tous à lui donner pouvoir, différence, ou autre chose ? Therion aspirait simplement à la vie paisible du canyon. Horus finit par reculer et écarter les bras avant de se tourner, d'un air solonnel, vers la foule :

— Trois âmes. Trois âmes sont venues à la sixième Lune de leur dix huitième anniversaire. Ils sont prêts à dévoiler le don que les Dieux leurs ont accordé. Et ce que je peux vous dire, c'est que l'un d'eux est extraordinaire !

Un murmura parcourut la foule, alors que Therion frissonna. Il ne faisait pas bon, parmi les siens d'être extraordinaire. Les histoires de héros ne finissaient pas bien. Son regard chercha celui de son père. Qu'allait-il penser s'il savait qu'il parlait de lui ? Et en quoi, aux yeux de Horus, était-il extraordinaire ? Allait-il lui dire lui aussi qu'il était une bûche prête à brûler ? L'homme leva son bâton et le silence le plus total se fit. Ce fut comme si même les oiseaux se turent et se posèrent pour observer. Therion ne connaissait rien au rituel de Transformation mais ce geste était mythique chez eux. Ils savaient ce qui allait se passer quand il allait heurter le sol.

— Que les Dieux nous dévoilent leurs cadeaux !

Et soudain, il abattit son bâton, comme s'il voulait fendre la terre en deux. Et il y eut tant de battage, que Therion crut qu'il y était parvenu. La foule poussa un grand cri. Pas un cri de peur, de colère. Mais un cri de stupeur. Lorsqu'il tourna la tête vers les deux autres Transformés, il comprit pourquoi. Le premier était plié en deux, et déjà deux immenses ailes noires sortaient de son dos alors qu'il criait de douleur. Horus s'approcha de lui et plaça sa main sur sa tête.

— Le corbeau. Noir comme la nuit, rapide comme le vent. Un messager parfait.

Le second, lui, se tenait la tête à deux mains, ou deux immenses bois sortaient déjà, alors que des touffes de poils, de plus en plus grosses lui poussaient un peu partout. Horus lui posa la main sur l'épaule.

— Oh, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu ça. Puissant, brave et royal est le cerf. Quant à toi...

Il arriva devant Therion qui regardait ses mains.

— Je...Je ne me transforme pas...

L'homme fit une moue qui vexa profondément Therion. Contrairement à ce qu'il aurait cru, il n'y avait nulle déception, mais plutôt de la moquerie. Il comprit alors que le vieil homme s'y attendait.

— Vous vous y attendiez...

— Non, je le savais.

Le jeune homme tenta de comprendre ce que Horus voulait dire mais sans succès. Un Transformé sans don, ça n'existait pas. La dernière personne connu dans ce cas était...Sa grand-mère. Le temps s'arrêta pour lui. Alors que les deux autres criaient toujours, continuant de se changer, il fit un pas en arrière. Il hésita à aller voir son père. Mais non, il ne pourrait supporter la déception de son paternel. Il ne voyait qu'une personne qu'il voulait voir à présent.

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