III

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Puis, comme vidée, Ornara tomba au sol, sous les yeux toujours estomacqués, de Therion. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait avoir une vision, et il savait qu'elles pouvaient être terribles, mais jamais il l'avait vu ainsi. Elle ne faisait pas qu'exprimer, en transe, un message des Dieux - ou de l'univers ? Il ne savait dire - mais elle le vivait, littéralement. Elle était ce message. Therion se redressa d'un coup, revenant à lui et accourut vers sa grand-mère.

— Ornara ! Elle semblait avoir dix ans de plus, et n'était que semi-consciente, mais parvînt à se hisser, avec l'aide de son petit-fils sur le fauteuil.

— Mer...Ci Therion...Je suis désolée...Écoute...

— Non, il faut que tu te repose. Je vais chercher des couvertures... Il fit un pas, un seul.

— Therion, tu es la bûche qui brûle. Tu l'es déjà, bien que tu refuses de voir la vérité. Mais tu n'as plus le choix. Tu as une mission, maintenant. Tu dois sauver ce monde, tu es le seul qui le peut.

Therion sentit sa respiration s'accélerer légèrement. Ornara parlait avec la voix de sa mère. C'était de la magie. Il le savait. Elle l'avait souvent fait auparavant, sachant très bien que c'était le meilleur moyen pour que le jeune homme l'écoute. Et ça fonctionnait. À chaque fois.Il ferma les yeux pour retenir les larmes qui s'apprêtaient à dévaler la pente de ses joues.

— Arrête, grand mère, c'est cruel.

— Therion, mon enfant. Je sentais depuis des mois que quelque chose se préparait, et je sais que toi aussi. Avoue-le, tu fais des mauvais rêves en série, ces derniers temps. C'est le Feu qui te parle.

— Arrête, Ornara.

— Tu peux l'ignorer, tourner la tête, mais il te parlera encore. Toute ta vie. Prête-lui l'oreille, Therion. Moi, je suis trop vieille, il faut que tu fasses quelque chose.

Cette fois, Therion ne dit rien. Ses paroles faisaient échos à ce qu'il pensait, au fond de lui. Quelque chose l'appelait. Irrésistiblement. Mais il en avait pas envie. Il voulait rester avec son père et les siens. Il voulait rester chez lui.

— Il n'y aura plus de chez toi si on ne fait rien, Therion.

Il rouvrit les yeux, se rendant compte qu'il avait exprimé ses pensées de vive-voix.

— Comment ça ? Qu'as-tu vu ?

— Je ne sais pas trop. Voir, c'est comme rêver. Mais quelqu'un, ou quelque chose s'apprête à venir, Therion, et il faut que tu l'en empêche.

— Comment ?

Ornara lui expliqua tout ce qu'elle savait. Tout ce qu'elle avait pu interpréter, et le reste aussi. Therion l'écouta pensivement, mais une idée obsédante lui restait en tête. Son chez lui. Son confort. Il ne pouvait affronter le monde seul.

— Il est temps que je rentre.

— Therion...Fit Ornara d'une voix triste.

Elle avait la sensation de perdre son soutien, la dernière personne au monde qui lui restait. Therion quitta la hutte, plus triste encore que lorsqu'il y était entré.

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