Toi ô mon frère !

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An - 1.


La souffrance retournait son ventre et sa poitrine. Le sang se mêlait aux larmes, dans un torrent qu'il ne pouvait contenir. Tout ça pour ça. Tout ça pour en arriver là. Il voyait ses chevilles, son dos.

— Pourquoi...Dis-moi seulement pourquoi ? J'avais...Confiance...

Il soupira.

— Waël. Ce n'est pas contre toi. Tu me dis ça comme si c'était prévu depuis le début. Les choses se sont justes...Amenées comme ça. Crois-moi, jamais je n'aurai voulu ça. D'ailleurs, quelque part, c'est toi qui l'a choisis.

Waël voulut crier de rage, mais il ne fit que gargouiller. Pourquoi ? Pourquoi les Dieux se jouaient-ils de lui ainsi ? Allait-il mourir ainsi, le nez dans ses larmes et son sang ? Ce serait une mort stupide pour un homme qui, il devait bien l'admettre, était bien stupide également. Il avait pu le mérité. Oui; Mais il n'était pas trop tard pour conjurer le sort. Il saisit le manche de son épée. Il l'entendait partir. S'éloigner. Il serait bientôt trop loin. Il devait agir maintenant.

— Attend...Fumier...

Il parvînt, dans un effort douloureusement surhumain à saisir son épée, et l'usa comme d'une canne pour se relever. Quel spectacle il devait offrir ! Un vieil homme au bout de sa vie. Il sentait le liquide chaud de la mort lui couler sur le dos, mais qu'importe, il pouvait bien couler, il en avait bien assez dedans. Il en avait plein la bouche, donnant à sa salive un goût amer exécrable. Pas grave, il cracha au sol. Il l'avait entendu et s'était arrêté. Il s'était même à moitié retourné vers lui, le fixant d'un regard bête.

— Reste au sol, Waël, je t'en pris. Tu as assez souffert. Laisse-toi partir. Tu en rêve depuis longtemps. C'est le moment. C'est ton moment. Pars.

Waël fit un pas difficile en avant, puis un second. Il savait qu'il n'arriverait même pas à porter un coup. Pas un seul. Mais il ne pouvait abdiquer. Il ne pouvait mourir maintenant, poignardé dans le dos par quelqu'un à qui il faisait confiance. Un ennemi, oui, n'importe lequel. Mais un ami, non. Même pas le pire. Il leva son épée, serrant les dents pour encaisser la douleur immense qui tiraillait son dos, mais Il l'esquiva facilement, se contentant d'un pas de côté.

— Le comble de l'ironie, Waël, tu sais ce que c'est ? Tout ce que je sais ou presque tu me l'as appris. J'ai adoré voyagé avec toi tout ce temps.

Waël attaqua de nouveau en criant, tant de rage que de douleur, mais n'y parvînt. Son pied le frappant dans la poitrine pour l'envoyer au sol. Waël souffla en tombant. Encore. Il remarqua alors que la tour n'avait pas de toît. Seul le ciel le dominait. Il était clair ce soir-là. Pas l'ombre d'un nuage. Seulement les étoiles qui brillaient dans la nuit d'une lumière sauvage qui, autrefois, le réconfortait tant. Ce soir-là, elle se contentait de se refléter sur les murs pierreux encore humides de la pluie récente.

— Je...Je ne comprend pas pourquoi...

— C'est le principe de la trahison, Waël. Si on trahit nos proches, c'est qu'on est sûr qu'ils ne comprendront pas. Sinon, on en serait pas arrivé là.

Waël avait encore beaucoup à dire. Beaucoup. Mais la sensation froide et humide du vent sur son visage ensanglanté fut la dernière sensation qu'il sentit avant de sombrer dans l'inconscience.

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