Chapitre 10 : Tortuga

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14 août 2115

Campement Terrien

Lorsqu'un véhicule Martien approcha ce jour, le camp était en plein agrandissement. L'expédition Columbus, renforcée par l'expédition Magalhaes, s'affairait à réorganiser la zone pour plus d'efficacité et de sécurité. Ce furent les hommes en noir qui se chargèrent de stopper les arrivants. Deux ambassadeurs vinrent à leur rencontre et demandèrent à entrer pour s'entretenir avec le colonel, comme ils avaient l'habitude de le faire. Mais ils essuyèrent plusieurs refus, et devant leur insistance, on alla chercher Taizhong.

« Pardonnez moi messieurs, mais ce camp est désormais interdit à ceux qui ne font pas partie des expéditions Terriennes, par mesure de précaution.

-De précaution ? Mais jusqu'ici, nous avons toujours...

-Ce n'est pas contre vous, mais notre décision est prise. J'espère que vous êtes venus pour me donner des nouvelles du capitaine Tenson ?

-Non, nous n'en avons pas. Par conséquent, nous ne pouvons pas vous en donner.

-Pas de nouvelles d'un homme que vous avez emmené ? Seriez-vous en train de vous moquer de moi ?

-Pas du tout. Nous n'avons réellement aucune nouvelle de lui, ni de sa mission. Depuis quelques jours, le quartier général de l'Armée ne nous fournit plus de rapports détaillés et ne nous prévient même pas de ses actions.

-Je vous rappelle simplement que vous avez en votre possession un officier Terrien. Qu'il ne lui arrive rien. Si ce n'est pas pour m'informer, pourquoi êtes vous venu ?

-Nous venions présenter nos salutations à vos nouveaux arrivants, nous les avons repéré durant leur vol. Le Grand Kanonmar aimerait les rencontrer comme il vous a rencontré à votre arrivée.

-Je doute fort que l'ingénieur-chef accepte. Mais nous pouvons toujours lui demander. »

Il fit appeler Ravishna, qui aussi curieux qu'inquiet, s'approcha des deux martiens. Il dévisageait ces visiteurs et observait de pied en cap leur tenue, gardant presque trois mètres de distance entre eux et lui.

« Bien le bonjour messieurs. De quoi s'agit-il ?

-Notre Roi voudrait vous rencontrer, avec toute votre équipe. Nous pouvons appeler des transports pour vous emmener à notre base : ce ne sera pas long.

-Que toute mon équipe parte d'ici ? Vous me croyez fou ?

-Comment cela ?

-Je ne laisserai certainement pas ces expéditions seules maintenant que je suis ici ! Aucun Terrien ne sort de cette base, aucun Martien n'y entre. Vous ne m'aurez pas à ce petit jeu.

-Un jeu ?

-Vous savez très bien de quoi je veux parler. A ce propos, où est le lieutenant Federico ? Ce sont deux officiers que vous retenez, peu importe les conditions.

-Je suis navré, mais je ne connais personne qui s'appelle ainsi.

-Vous mériteriez que j'ordonne à Taizhong de vous faire arrêter et retenir ici. S'il advient quoi que ce soit à ces deux-là, vous serez les seuls responsables.

-Monsieur, je ne comprends plus du tout ce qui se passe, ni de quoi vous parlez. Vous semblez en colère contre nous et nous ne savons même pas pourquoi.

-Dites à votre maître que personne ne sortira d'ici. Au revoir ! »

Après un regard consterné, les ambassadeurs retournèrent dans leur véhicule et repartirent aussi vite qu'ils étaient arrivés. L'ingénieur-chef était quelque peu fébrile, tandis que Taizhong avait l'air grave.

« Ravishna ? Quand la troisième expédition doit-elle arriver ?

-Je ne sais pas. Lorsque la ministre Petrov se mettra en communication avec nous, nous le saurons. En attendant, continuons de renforcer cette base. J'ai un mauvais pressentiment.

-Si je puis me permettre, ingénieur-chef. Tout le monde ici fera son devoir, mais nous ne sommes pas en mesure de retenir une planète. Les quarante hommes que vous amenez n'y changeront pas grand chose.

-J'ai compris, j'ai compris. Je voulais leur faire comprendre que nous ne nous laisserons pas faire.»

Comme toujours, Henri suivait la conversation de loin, et celle-ci n'augurait rien de bon. Il était en pleine réflexion lorsqu'un groupe de membres de son équipage l'appela.

« Lieutenant ? Est-ce qu'on peut vous parler ?

-Bien sûr. Que se passe t-il ?

-C'est à propos de l'expédition Magalhaes monsieur. On n'a aucun problème avec les non-combattants, mais ces hommes en noir... Ce sont des mercenaires. Qu'est ce qu'ils font là ?

-Je n'en sais pas plus que vous. Normalement, le gouvernement aurait du envoyer des militaires comme nous, mais on dirait qu'il a choisi une autre solution. L'Armée est très occupée sur Terre, alors peut-être qu'il a fallu recruter ces gens pour la mission spatiale.

-On ne leur fait pas vraiment confiance Lieutenant. Pas du tout. On trouvait Taizhong particulier, mais cet ingénieur-chef et ses portes-flingues...

-Si cela peut vous rassurer, moi non plus, mais n'en parlez pas. Par contre, que pensez-vous des deux nouveaux, Buton et Abdelkrim ?

-Buton ? Si on se méfie des gars en noir, croyez bien qu'on se méfie de leur soi-disant officier. Par contre, Abdelkrim, on ne sait pas trop. Elle n'a pas l'air méchante ni quoi que ce soit, mais on lui a pas encore beaucoup parlé.

-Je crois que je vais tenter. Il faut bien nouer contact avec quelqu'un de cette deuxième expédition, et ce n'est pas avec des mercenaires que je le ferais. »

La cherchant des yeux, il constata qu'elle n'était pas présente. Il décida de reporter à plus tard la rencontre et alla aider les ingénieurs qui débarquaient leurs derniers équipements. Il s'approcha d'une pile de caisses et commença à tirer celle qui se trouvait au sommet pour la mettre à terre. Mais celle-ci dérapa et faillit tomber sur lui : ce n'est que par réflexe que le lieutenant réussit à stabiliser l'objet, qui pesait désormais de tout son poids. Tout à coup, deux mains lui portèrent assistance afin de faciliter la chose.

« Descendez-la lentement. »

Avec précaution, les deux personnes posèrent délicatement la caisse au sol. Henri releva la tête et vit que c'était justement Abdelkrim qui lui souriait.

« Vous n'avez jamais déplacé de caisses ? Enlever celle du haut tout seul est très présomptueux...

-J'ai été un peu précipité, je le reconnais. »

Il regarda ses mains devenues rouges : celle de gauche, le côté où la caisse avait dérapée, avait la peau un peu écorchée.

« Ne vous en faites pas, ce n'est rien. Pensez juste à demander de l'aide la prochaine fois.

-Je n'y manquerais pas. Permettez-moi de me présenter : Lieutenant Henri, officier de l'Armée de la Fédération.

-Ravie de vous rencontrer. Salia Abdelkrim, responsable de la section recherche du projet Gaïa. Je vous préviens tout de suite que depuis six mois, on m'appelle « mademoiselle », mais je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas le droit à un « madame ».

-Je retiendrais « madame » dans ce cas. Qu'est ce que cela signifie, être responsable de la section recherche ?

-Et bien, je dirige les équipes d'ingénieurs et de scientifiques, ainsi que les gens comme les cartographes et les géomètres. Ce que votre expédition a déjà recueilli comme échantillons, les analyses de vos scientifiques, leurs résultats, et tout le reste à venir, c'est à moi que tout est transmis. Je fais ensuite classer toutes ces informations et je rédige les rapports qui permettent d'établir un bilan de la mission, en tout cas dans mon domaine.

-Je vois. Lourde tâche, non ?

-Assez oui. C'est ma première mission en étant directement sur le terrain, mais j'ai été recommandée par toutes les équipes avec qui j'ai travaillé jusque maintenant. C'est assez flatteur je dois dire. Donc je vais m'acquitter de mon travail. On m'a toujours appris à faire comme ça. Et vous ? Qu'est ce que cela signifie ici, être lieutenant de l'Armée ?

-Ici, cela signifie superviser les différentes équipes, quelles que soient leur travail. Les aider si possible, mais surtout les encadrer et les encourager à donner le meilleur d'eux-mêmes. Quant aux rapports, c'est à peu près la même chose que vous. Ils me transmettent les leurs, j'en fais des synthèses hebdomadaires et je les transmets à mes supérieurs.

-Et vous êtes donc seul pour gérer toute l'expédition, hormis le colonel ? J'avais cru comprendre que d'autres officiers étaient empêchés d'exercer leurs fonctions.

-A vrai dire, le colonel ne s'occupe pas énormément des membres de l'expédition. C'est plus mon travail. Ou plutôt, notre travail, parce que nous sommes trois. Normalement, je suis accompagné du lieutenant Federico et du capitaine Tenson. Mais la première s'est faite enlever par des Martiens et le second est en mission pour eux.

-Attendez. Comment ça, l'une est enlevée par eux, et l'autre travaille avec eux ? Il a trahi ?

-Vous voyez comme la logique ne tient pas. Mais c'est la théorie du gouvernement, il pense que les Martiens jouent un double jeu. Moi, je crois qu'il y a autre chose.

-Et si vous en parliez au colonel ?

-Le colonel refuse catégoriquement que quelqu'un lui dise quoi penser et quoi faire. Cela peut-être positif, mais dans son cas, c'est juste être borné. L'ingénieur-chef, c'est encore pire.

-Vous ne semblez pas vraiment l'apprécier.

-Ce n'est pas vraiment le problème. Mais j'ai mes raisons de garder mes distances.

-J'ai l'impression que j'ai le même problème avec Ravishna.

-Et Buton ? Comment est-il ?

-Ah, ne me parlez pas de lui. Ni de ses hommes. Une bande de bons à rien qui ne savent que montrer leur arme en riant fort. Figurez-vous que pendant le vol, parce que je refusais de partager mes travaux, ce capitaine a osé me menacer.

-Vous menacer ?

-Oh, pas directement et explicitement, il n'est pas assez bête pour cela. Mais j'ai très bien compris qu'il voulait se mêler de tout. Qu'il ne s'avise pas de recommencer où il le regrettera, gardes ou pas !

-Vous savez madame. J'ai hâte que Federico soit de nouveau parmi nous. Vous allez très bien vous entendre. »

*

14 août 2115

Loyva

Quartier général de l'Armée

Depuis la journée du 11, les actions de l'Armée, supervisées par le général Hanrel et le capitaine Tenson, n'avaient de cesse de déstabiliser la puissance bâtie depuis si longtemps par les pirates. Les cachettes tombaient les unes après les autres, les prisons se retrouvaient déjà pleines -les décharges aussi, étant donné la quantité de machines de combat détruites- et les attaques contre les villages avaient quasiment cessées. Parfaitement organisée, l'opération se déroulait exactement selon les plans établis. L'exécution des ordres par les différents commandants étaient admirablement faite, si bien que la détermination et l'ardeur de leurs supérieurs se transmettaient dans les rangs. L'Armée se retrouvait soudée dans la lutte contre les pirates, et chacun retrouvait peu à peu une envie d'action. En ce jour, Hanrel les réunit précisément dans ce but.

« Approchez, vous tous ! Ceci est la quatrième journée de lutte victorieuse pour nous. Les pirates perdent pied sur toute la planète et ont stoppés presque toutes leurs actions. Mais il reste encore une dernière étape : Ornall Vakal, que nous avons arrêté, a enfin accepté de coopérer et de nous livrer les informations qu'il possédait. Nous avons combiné ce qu'il nous a dit avec les nombreuses données que nous avons pu récupérer dans leurs cachettes, auprès de certains de leurs sous-chefs, et avec ce que savent nos services de renseignement. Et figurez vous que nous avons fini par identifier leur vrai quartier général ! »

Une ovation éclata dans l'assemblée, puis une pluie d'applaudissements. Tenson tourna la tête vers les officiers qui dirigeaient les renseignements et dessina un rond avec ses doigts. Ils ne savaient pas ce que cela signifiait, comme lorsqu'il avait levé le pouce vers Hanrel, mais ils comprenaient qu'il était fier de leur travail, et cela suffisait amplement.

« Dans leur quartier général se trouve à n'en pas douter la tête que nous recherchons depuis tant de temps. Prenons le QG, prenons la tête. Si nous faisons chuter ce bastion, c'en est fini de la piraterie sur Mars : nous avons déjà préparé, avec notre frère Terrien, un plan d'infiltration et d'attaque. Il va vous l'expliquer, puis nous monterons à l'assaut ! »

Une deuxième salve d'applaudissements et de cris s'éleva, puis Tenson remplaça Hanrel derrière la grande table bleue. Celle-ci présentait une maquette numérique de la surface martienne.

« La cible est une villa située à l'écart de la capitale, nom de code "Tortuga". On y accède par la surface, via un cratère. L'entrée se trouve au milieu de celui-ci, et elle est probablement gardée. Vous voyez une image de qui est l'accès à la villa : une simple plaque à soulever, et certainement une échelle en dessous. Pas besoin de vous expliquer à quel point il va être compliqué et dangereux de passer par là. Mais notre bon ami Vakal nous a fait des révélations surprenantes. Sous le « Somuz enfoui », il y a une grande cavité. Cette cavité est reliée à une autre cavité qui fait partie de la villa. Et devinez par quoi ?

-Ne me dites pas qu'ils ont un Vélocide pour relier leurs bases ?

-Et bien si. Voilà comment ils transitaient entre leur QG et le Somuz.

-Le « Somuz enfoui » ! Mais bon sang !

-Vous venez de comprendre. Reste à savoir ce qu'est, ou qui est, ce Somuz.

-Dit comme ça, c'était évident.

-Ne jamais sous-estimer un ennemi. Voilà donc le plan. Encore une fois, le général Hanrel et moi-même nous rendrons au bar. Nous serons accompagnés par les commandants Podamis, Koggs, Nazar et Varong. Nous prendrons ce Vélocide et entrerons dans cette villa. Une section de machines devra garder la salle du Vélocide sous le Somuz, au cas où quelqu'un tenterait de faire le chemin inverse. Ainsi entrés dans leur quartier général, nous désactiverons les capteurs d'intrus et les systèmes de défenses. Lorsque leur base sera aveugle, nos troupes pourront s'approcher en surface, dans le cratère. Vient la partie la plus amusante : nous créons un grabuge fou dans la base, ce qui va les faire paniquer et leur faire envoyer tout leur monde sur nous. L'entrée sera alors dégarnie, et le commandant Zalos pourra la prendre d'assaut avec les renforts. Vous nous rejoindrez pour les encercler, en prenant soin de bloquer chaque issue et de fouiller chaque pièce, puis tout sera fini.

-Le plan est excellent capitaine Tenson. Mais je m'inquiète que vous vous jetiez tous en premier dans la gueule du malakaar ! »

L'officier qui venait de prendre la parole était assurément le plus jeune des commandants. C'était également le seul d'entre eux à ne pas avoir de moustache, barbe ou favoris. Mais tous les hommes présents dans la salle le regardaient avec attention. Certains hochaient la tête en réaction et le général Hanrel le remarqua. Le Terrien reprit la parole :

« Du quoi ?

-Du prédateur.

-Ah oui. Bref ! Ne vous inquiétez pas, Zalos : nous saurons nous tirer d'affaire sans souci. Ensuite, à vous d'arriver le plus vite possible une fois le signal donné. Je vous fais entièrement confiance : vous allez faire votre travail comme personne d'autre ne le ferait ! »

*

« Somuz enfoui »

Salle du Vélocide

« Bien, bien. Tout le monde est prêt ? Vous savez ce que vous avez à faire : infiltration et discrétion jusqu'à ce que l'on tire partout. Je sens que l'on va bien s'amuser.

-Mon général ? Vous vous rendez compte que cela faisait des années que nous ne combattions pas nous-mêmes ?

-Parlez pour vous. Je ne vous dis pas tout ce que je fais, cher ami.

-Ne dites pas cela au conseil, monsieur. Nous serions tous limogés demain ! »

Les officiers rirent alors, lorsque le bruit particulier qui précède l'arrivée du Vélocide se fit entendre. Tenson scruta le trou de droite pour tenter d'apercevoir à quoi ressemblait ce fameux moyen de transport. Mais il ne voyait pas la lumière. Le même vacarme que la première fois retentit alors, et la fumée noire envahit soudainement la salle, mais de l'autre côté : ce Vélocide là arrivait par la gauche ! En une seconde, il n'était plus possible de voir quoi que ce soit. Les traits jaunes s'illuminèrent donc, et chaque officier suivit le chemin qui se traçait devant lui, de façon tout à fait normale. Le Terrien tenait son bras devant lui, afin de ne pas heurter de nouveau la paroi qui l'attendait. Puis, quand il sentit l'humidité au bout de ses doigts, il s'arrêta et patienta. Cette fois, il se rendait compte que ce qui le transportait avait de très légères secousses mais il n'était nul besoin de se tenir. Le trajet parut durer exactement le même temps que lorsqu'il était allé à Loyva, une ou deux minutes seulement. Les traits lumineux revinrent et il les suivit de nouveau, jusqu'au bout. Il posa la main sur son arme, qui avait été pour l'occasion munie d'un suppresseur de bruit. La fumée se dissipa, et devant la ligne d'officiers se trouvaient une ligne de machines de combat, deux fois plus nombreuses, chargées de surveiller le passage.

« Attendez. Qui êtes vous ? »

Ne laissant pas le temps aux robots de réagir, les militaires dégainèrent tous leurs pistolets et les massacrèrent en un éclair, chacun en tuant deux.

« Bien. Suivez-moi messieurs. », Lança le général. En tête, il grimpa les escaliers qui menaient au premier couloir. Caché derrière l'angle du mur, il écoutait. Un pirate donnait des instructions à deux machines. Hanrel se retourna vers Tenson et lui fit un signe de tête. Celui-ci s'avança à ses côtés, puis les deux firent irruption dans le couloir. Ils détruisirent chacun une machine et le pirate qui tenta de dégainer se retrouva criblé de tirs.

« Déjà un chargeur de vidé. Il va falloir nous retenir un peu » plaisanta le Martien. Le commando continua sa route, plus discrètement. Il fallait maintenant accéder aux consoles de contrôle du système de sécurité. Consultant le plan de la villa élaboré avec les explications de Vakal, le commandant Varong guidait le groupe à travers les différents couloirs, vides. En revanche, dès qu'ils passaient devant une salle, ils entendaient des voix. L'endroit était bourré d'ennemis, très probablement armés. Après cinq longues minutes de déambulation, ils arrivèrent devant une porte.

« Comment voulez vous entrer là dedans sans éveiller les soupçons ? » demanda Podamis.

Tenson s'avança vers l'entrée et regarda ses compagnons :

« Nous sommes des gens civilisés non ? Lorsque l'on est poli, on commence par toquer à la porte. »

Il toqua effectivement, trois fois. Le silence se fit, et aucune réponse ne vînt.

« Et si on ne répond pas, il suffit de l'enfoncer ».

Il dégaina le fusil qu'il avait en bandoulière, équipé également d'un supresseur, immédiatement suivi par les autres officiers. Puis il lança un violent coup de pied contre la porte qui fût dégondée. Un pirate qui arrivait tout juste pour ouvrir fut percuté. Le Britannique entra en premier : les autres ennemis se retournèrent vers lui, avant qu'il n'ouvre le feu, tuant sur place un des leurs. Ses amis entrèrent dans la seconde et mitraillèrent à leur tour ceux qui occupaient la salle et qui tentaient de se saisir de leurs armes pour résister.

« Bien, une pièce de sûre. Commandant Nazar, court-circuitez moi tout leur système défensif.

-A vos ordres monsieur ! Ils ont vraiment de tout. Des capteurs de chaleurs, des détecteurs de mouvement, des senseurs de programmes électroniques, des tourelles de défense. Il y a même des mines à la surface. Si nos forces s'étaient avancées sans connaître le chemin précis, ça aurait été un massacre.

-Ils savent se protéger, il n'y a pas de doute.

-Si je désactive tout alors que je n'ai pas la clé de commande, l'alarme sonnera et toute la base sera en alerte.

-Et c'est précisément ce que nous voulons. Préparez vous à courir messieurs. Dès que Nazar déclenche l'alarme, nous fonçons à l'étage supérieur : nous devons attirer leurs forces assez loin de l'entrée pour la dégager, mais nous devons en être assez prêts pour que les renforts nous rejoignent rapidement. Selon les renseignements de Vakal, il y a un grand salon à l'étage, qui a un accès unique. Nous allons nous en emparer et nous retrancher dans le fond. Nous attirerons un maximum d'entre eux et nous en descendrons jusqu'à ce que Zalos arrive. Tout le monde est prêt ?

-Affirmatif !

-Nazar : vous savez bien comment désactiver cela ?

-Totalement, mais ils ont système de sécurité pour leur système de sécurité.

-Génial. Vous ne pouvez rien faire ?

-Oh, bien sûr que si. »

Le commandant pointa son arme et explosa la console, ce qui fit instantanément résonner l'alarme. Avec un grand sourire, il se retourna vers Tenson :

« C'est fait.

-Impeccable. Maintenant, courez ! »

Le groupe s'élança alors dans les couloirs, guidés par les cris de Varong. Dès qu'un pirate sortait d'une salle devant eux, il se faisait tuer sans attendre. Koggs et Podamis formaient l'arrière garde et tirait derrière eux, lançant même quelques grenades pour couvrir leur progression. Finalement, ils arrivèrent aux escaliers. Ils montèrent les marches trois à trois et arrivèrent dans le dernier couloir. Deux pirates leur tournaient le dos.

« Nous sommes attaqués !

-Et le prisonnier s'est échappé ! »

Hanrel siffla, les deux hommes se retournèrent et perdirent la vie. Ils firent encore quelques mètres, et arrivèrent à une arche qui servait d'entrée. Une grande salle luxueuse, parsemée de colonnes, avec un bassin d'eau claire au milieu se trouvait là. Partout autour, des bancs de velours et des tables recouvertes de mets raffinés et de boissons.

« Et bien. C'est le salon du roi des pirates ? Tous au fond ! »

Le groupe rejoignit le mur et s'emparèrent des tables et des bancs pour former une palissade sur le dernier quart de la pièce. Les premières machines de combat arrivaient pour assiéger les officiers, qui venaient d'achever leur protection de fortune. Ils enlevèrent les suppresseurs de leurs fusils et commencèrent à riposter. Hanrel saisit son communicateur :

« Zalos ! Nous sommes retranchés dans le salon, à vous de jouer ! »

A la surface, Zalos était dans la tourelle d'un véhicule de combat, jumelles à la main. Il étendit le bras vers le centre du cratère et cria « En avant ! ». De tous côtés, les véhicules de transport se mettaient en marche et dévalaient les pentes afin d'encercler l'entrée. Les dizaines de machines sortaient de leurs transports et s'alignaient pour entrer une à une. Le commandant souleva la trappe et s'engouffra en premier. Comme supposé, c'était une échelle qui permettait d'accéder à la villa. Arrivé en bas, Zalos trouva deux machines de dos, genou à terre, qui visaient le bout du couloir, au cas où les Martiens tenteraient de sortir de la base. L'officier sortit son pistolet à la main gauche et son sabre à la main droite : il trancha l'une et tira à bout portant sur l'autre qui essaya de se retourner. Puis il s'avança dans les couloirs, suivi tout de suite par les premiers de ses propres robots.

Pendant ce temps, le commando continuait de faire des ravages. Les machines tentaient d'enfoncer leurs positions, mais le sol était désormais jonché d'épaves métalliques. Au pistolet, au fusil, à la grenade -à la chaise si elle s'approchaient trop-, les officiers repoussaient tous les assauts et retenaient toute l'attention sur eux. Soudain, des cris se firent entendre du côté pirate. Puis des tirs sifflèrent dans le couloir, et une explosion projeta deux ennemis. Un groupe de pirates pénétra d'un coup dans la pièce, en panique, jetant leurs armes. Dans le doute, les militaires n'ouvrirent pas le feu. Le groupe de pirates présent se mit alors à jeter également ses armes et courut à son tour vers la palissade improvisée. Les deux groupes passèrent par dessus les tables et se cachèrent derrière, au milieu de leurs ennemis. Hanrel regarda d'un air blasé ses compagnons puis s'adressa aux pirates :

« Non mais dites, si on vous gêne, il faut prévenir. »

Un autre cri se fit entendre dans le couloir, mais de colère. Et connu du capitaine Terrien. Puis le choc :

« Revenez immédiatement ici ! Bande de lâches ! Cabron ! Gillipolas ! Hijo de... »

Tenson se leva comme un diable sortant d'une boîte.

« Federico !

-Capitaine, vous allez vous faire descendre ! » Cria Hanrel.

Au même moment, le lieutenant Federico entrait dans la pièce, un fusil dans les mains et une ceinture de grenades à la taille, apercevant celui qui l'avait appelé. Elle écarquilla les yeux en souriant.

« Capitaine ! »

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