Chapitre 11 : Vandervoorde

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14 août 2115

Quartier général pirate

« Que faites vous ici lieutenant ? Pourquoi n'êtes vous pas à la base ?

-J'ai été faite prisonnière mon capitaine ! J'étais en reconnaissance avec Henri et deux soldats lorsqu'un groupe d'ennemis bien supérieurs s'est attaqué à nous, avant de s'emparer de moi. Cela fait quelques jours qu'ils me retiennent et tentent d'avoir tous types d'informations sur moi et sur nous.

-Vous leur avez dit quelque chose ?

-Certainement pas. Ils essayaient justement de me faire parler quand l'alarme s'est déclenchée. J'en ai profité pour leur montrer que cela ne se faisait pas de se montrer impoli.

-Oui, nous l'avons bien vu.

-D'ailleurs, je pense que leur chef est toujours menotté au tuyau en bas. Il faudrait aller le récupérer, non ?

-Alors le commandant Zalos le trouvera dans quelques minutes tout au plus, merveilleux ! »

Le capitaine, rassuré, se retourna et regarda ses compagnons. Il s'aperçut qu'ils fixaient tous Federico, l'air effrayé. Hanrel fit un léger pas en avant, la main sur la crosse de son pistolet :

« Tenson ? Qu'est ce que c'est que...ça ? »

Celle dont il parlait fit alors les yeux ronds et rougit de colère :

« Capitaine ! Je demande une permission de le frapper. Est-ce qu'il parle de moi ?

-Refusée lieutenant, calmez vous. Général, vous insultez mon officier ?

-Votre officier ? Mais...C'est un Terrien ?

-Oui, c'est une Terrienne, vous ne voyez pas ? »

Le vide absolu se lisait dans le regard des Martiens. Ils semblaient ne pas avoir compris.

« C'est une femme » reprit Tenson.

Mais pas plus de résultats. Les officiers regardaient alternativement le capitaine et le lieutenant, et semblaient ne pas comprendre du tout.

« Mon capitaine, je vais les frapper.

-Non ! Mon général, pouvez vous m'expliquer le problème ? Comment ça, « qu'est ce que c'est ? » Vous ne savez donc pas ce qu'est une femme ?

-Comment voulez vous que nous le sachions si vous ne nous expliquez pas ?

-Et bien voilà autre chose. Sur Terre, nous avons entre autres des hommes, qui sont à peu près comme vous et moi. Et nous avons entre autres des femmes, qui sont à peu près comme le lieutenant. Croyez moi que je fais très simple, c'est vraiment l'étape la plus basique.

-Mais pourquoi deux types de Terriens ?

-...

-Mon capitaine, si vous me prenez comme exemple pour leur expliquer la chose, je me retire de l'Armée.

-Je ne vais rien leur expliquer du tout ! Nous demanderons à des professeurs et à des scientifiques de leur faire des cours de sciences naturelles, nous ne sommes pas là pour cela. Général, soyons clairs : cette personne est un lieutenant de l'Armée de la Fédération Terrienne placée sous mon commandement. Elle vaut n'importe lequel d'entre nous, alors je vous demanderai de vous comporter avec elle comme avec moi.

-Bien, bien, c'est entendu. Recevez notre respect, lieutenant ! Et félicitations pour l'évasion, c'était magnifique à voir.

-Je préfère cela. »

Le général Hanrel s'avança d'un pas décidé et serra vigoureusement la main de la lieutenant, qui lui rendit bien. Le commandant Zalos entra au même moment dans la pièce, accompagné de quatre machines et d'un homme menotté. Celui-ci avait le visage rouge et saignait de la joue gauche. Lorsqu'il aperçut Federico, il cria et tenta de s'enfuir, avant d'être poussé en avant par Zalos. Ce dernier amena son prisonnier devant les autres officiers. Il vit à son tour la Terrienne, et la regarda également. Mais c'était plus avec curiosité qu'avec méfiance, et il lui souri. Elle lui rendit cette attitude plus correcte par un autre sourire aimable, puis les deux écoutèrent Hanrel :

« Qui êtes vous ?

-Si vous êtes arrivés ici, vous savez qui je suis.

-Figurez vous que pas vraiment. Nous étions en train de prendre un verre, tranquillement, au bar, lorsque nous nous sommes décidés à nous promener avec le Vélocide. Vous m'expliquerez comment et pourquoi un Vélocide non répertorié relie la capitale à cet endroit. Puis quand nous sommes arrivés, nous avons fait la rencontre de nombreuses personnes et machines, très sympathiques au demeurant. Puis nous sommes venus boire un autre verre ici, attendant que...ce brave lieutenant ne vous amène à nous pour nous divertir.

-Vous vous croyez drôle ?

-Vous vous croyez en état de faire de la résistance ? Répondez à ma question : qui êtes vous ?

-Un homme riche, cela vous va ?

-Je veux votre nom, votre activité et vos contacts.

-A quoi cela vous servirait-il ?

-Vous n'avez plus ni la position, ni les hommes, ni les ressources pour résister. Je vous repose la question : quels sont vos noms, activités et contacts ? »

Tenson prit le bras du général et lui murmura :

« Si vous me laissiez un petit temps avec lui...

-Vous croyez que vous allez le faire parler ?

-Tout seul, j'avais une chance. Mais avec le lieutenant, c'est quasiment certain.

-Elle est forte en interrogatoire ?

-Elle est forte tout court.

-J'ai peur de comprendre. Mais allez y, je vous fais confiance. »

Quelques instants plus tard, les trois personnes étaient dans une salle. Comme selon la procédure habituelle, Tenson était assis en face du prisonnier, tandis que Federico se tenait debout à ses côtés.

« Laissez-moi-vous expliquer la situation. J'ai une myriade de problèmes. Nous ne sommes pas chez nous, nous n'avons aucune autorité ici, il me manque un officier, je ne peux pas faire de rapports à mes supérieurs, mon lieutenant a été séquestrée, et le pire de tout cela, aujourd'hui fait précisément un mois que je n'ai pas bu la moindre tasse de thé car vous ne savez pas ce que c'est. Comprenez donc que je suis dans un état proche de l'énervement, et que par conséquent, ma patience s'en trouve fortement limitée. Je vous conseille donc de nous dire qui vous êtes et ce que vous savez. D'autant plus que le lieutenant n'est pas non plus au sommet de sa bonne humeur, et c'est une très mauvaise nouvelle pour vous.

-Pourquoi cette chose est là ? Qu'est ce que c'est ? Elle a agressé mes hommes avec une rare violence, avant de se jeter sur moi. Je refuse de parler en sa présence.

-Capitaine ! Il fait comme les autres, laissez-moi, je dois le frapper. C'est bon pour mes nerfs !

-Accordé. »

La première gifle tomba immédiatement. Tenson n'acceptait jamais du premier coup, alors Federico y prit plaisir. Sous le choc, l'interrogé releva la tête vers Tenson.

« Vous voyez ? Je suis prisonnier, vous n'avez pas le droit !

-Le droit ? Monsieur, nous ne sommes pas Martiens : nous sommes littéralement hors-la-loi, cela veut dire que si nous n'avons pas autorité, nous ne sommes pas non plus soumis aux codes de cette Armée. Nous pouvons faire absolument tout ce que nous voulons et personne ne pourra rien y redire.

-D'où venez vous ? Nous avons voulu interroger votre animal, puisqu'à notre grande surprise, il parle. Mais aucune réponse ! »

Le capitaine lança un petit regard vers Federico, qui donna un second coup, plus fort que le précédent. La blessure à la joue du Martien se remettait à saigner. Menotté à la table, il ne pouvait pas s'essuyer et sentait le sang couler sur son visage.

« S'il vous plaît, remettez-moi au général Hanrel ! Je vous le demande !

-Je ne vous remets à personne. Enfin si. Si Dieu existe encore chez vous, je vous conseille de vous en remettre à lui, c'est encore la dernière chose qui pourrait vous sortir de là. Ou alors, vous parlez.

-Est-ce que votre chose va encore me frapper ?

-En voilà plus qu'assez ! C'est un officier de l'Armée Terrienne, monsieur, et si vous lui manquez de respect encore une seule fois, je prends ce pistolet et je vous brûle la cervelle en personne, c'est clair ?

-Vous êtes aussi fou qu'elle !

-Et n'êtes vous pas plus fou de résister à deux fous comme nous ? »

Le lieutenant leva la main pour frapper une troisième fois, mais le Martien prit peur et recula de sa chaise, tombant à la renverse et s'écrasant sur le sol. Ses mains encore menottées le retenaient à la table dans une position assez inconfortable. Le capitaine se leva et se plaça pile devant lui, afin qu'il ne puisse voir que les bottes de celui qui parlait.

« A présent : donnez moi votre nom, dites moi tout, et vous sortirez encore vivant d'ici.

-Aran Somuz...

-A la bonne heure ! »

Après presque une heure de discussion, les deux Terriens confièrent le chef pirate aux machines afin qu'elles l'aident à rejoindre un véhicule de transport. Lorsque Hanrel et ses commandants virent l'état dans lequel il était, ils pâlirent, mais se réjouissaient du résultat obtenu.

« Mon général, c'est fini. C'était bien le chef de tous ces pirates. Désormais, leur organisation est morte et enterrée. Nous avons l'accès aux données de tous leurs membres, alors ceux qui ont échappés aux arrestations jusque maintenant vont également tomber. Je vous ferai un rapport de l'interrogatoire que je vous remettrai demain matin, en bonne et due forme.

-Je vous remercie capitaine. Rendez vous compte qu'en un mois, vous avez permis ce que n'avons pas su faire durant des années.

-Vous saviez quoi faire. Mais vous n'aviez pas le droit.

-Le Conseil et le Grand Kanonmar seront plus que ravis ! Je crois que les relations entre les Martiens et les Terriens sont arrivées au sommet de l'amitié ! »

*

14 août 2115

Campement Terrien

Mais le constat n'était pas le même dans la base de l'opération Gaïa. Les diplomates qui avaient essuyés le refus de Ravishna de les accompagner en avait fait part au grand Kanonmar, qui se retrouvait extrêmement vexé. Il avait contacté le Conseil de Mars pour expliquer que les nouveaux venus étaient beaucoup moins polis et ouverts que leurs prédécesseurs. Les membres prenaient extrêmement mal ce refus et se demandaient pourquoi l'attitude des Terriens se trouvait modifiée. Il fut décidé que deux autres ambassadeurs devaient retourner malgré l'interdiction à la base Terrienne. Quelques heures seulement après la première visite, la seconde arriva. Les guetteurs au sommet de la montagne le firent savoir à Henri, qui transmit l'information aux deux responsables de l'expédition. Agacé, Ravishna ordonna à ses mercenaires de fermer la barrière et d'empêcher quiconque de rentrer. Il leur ordonna également de faire comprendre que personne ne les recevrait tant que les deux officiers ne seraient pas revenus. Les Martiens descendirent de leur véhicule et s'avancèrent à la barrière. Ils reformulèrent leur demande de s'adresser aux chefs Terriens, ce à quoi les gardes répondirent sèchement par la négative. Les deux Martiens restèrent alors plantés devant la barrière, fixant les gardes, ne bougeant pas d'un centimètre, malgré les ordres contraires. Un des hommes alla en référer à Taizhong, qui décida de ne pas s'en charger. La ministre de la recherche Anouchka Petrov établissait une communication, et il ne s'agissait pas de la louper.

« Messieurs, satisfaite de vous voir réunis sans aucun problème. Avant que je ne vous explique la suite des opérations, faites moi un point sur la situation avec les autochtones.

-L e capitaine Tenson est parti avec eux en ambassade, mais nous n'avons aucune nouvelle depuis un mois. Le lieutenant Federico a été enlevée lors de l'attaque d'un groupe d'éclaireurs il y a quelques jours, et nous n'avons pas non plus de nouvelles. Les locaux continuent d'essayer de nous rendre visite, il y en a même deux en ce moment à la porte de la base. Ils nient toute implication et se comportent avec nous comme depuis le début.

-C'est très suspect. Dois je comprendre que vous êtes menacés ?

-Je crains que oui madame. Je n'ai pas envie d'avoir un officier de plus qui m'échappe à cause d'eux sans que je sache ce qui se passe.

-Faites leur comprendre que nous n'acceptons pas cette situation. De notre côté, nous allons accélérer les préparatifs de départ. La troisième expédition, Cook, décollera le plus tôt possible. Lorsqu'elle arrivera, nous serons en mesure d'élever un peu la voix.

-Bien. Les colons en feront bien partie ?

-C'était prévu comme cela. Mais les événements vont nous obliger à modifier nos plans. Avant d'envoyer des colons, nous devons impérativement sécuriser cette tête de pont. Vous avez également suffisamment de scientifiques et autres non-combattants pour continuer l'étude de Mars, même si nous savons qu'elle est favorable. L'expédition Cook sera donc de nature défensive : nous enverrons d'autres mercenaires mais aussi des soldats de l'Armée régulière, pour répondre aux exigences du ministre de la Défense. Celui-ci réclamera certainement une communication privée avec les deux officiers lorsqu'ils rentreront. Parce qu'ils rentreront, nous ne les laisserons pas aux mains de quelques Martiens dissidents. D'ailleurs, il veut se mettre en relation avec un officier responsable de Colombus, j'aimerais donc que vous alliez chercher le lieutenant Henri. Colonel, pourriez vous le faire je vous prie ?

-J'y vais de ce pas. »

Taizhong se rendit à l'extérieur de la navette de communication et trouva Henri en pleine conversation avec Abdelkrim. Il lui fit savoir qu'il était réclamé et l'amena devant l'écran, avant de le laisser seul. L'écran, redevenu noir après le départ de la ministre, se ralluma après un grésillement, et le visage du ministre de la Défense apparut. Il était déjà d'un certain âge, légèrement courbé, les cheveux d'un blanc éclatant. Il était très apprécié et très populaire dans l'Armée, grâce à sa simplicité et à sa proximité avec les troupes. Tout le monde se disait qu'il aurait fait un excellent général. A la place, il était devenu pour eux « Le vieux Vandervoorde ».

« Ah ! Enfin je peux parler à quelqu'un de Columbus autre que Taizhong ! Je suis désolé de vous déranger capitaine !

-Lieutenant, monsieur. Navré mais enchanté.

-Lieutenant ? Mais on m'avait dit que le capitaine Tenson était en charge du commandement.

-Le capitaine est en ambassade chez les Martiens. C'est sûrement pour cela qu'on m'a demandé de parler à sa place.

-Oh, ce n'est pas grave alors. Tant qu'il va bien, c'est le principal. J'aimerais vous demander de résumer la mission, mais la ministre de la recherche est sans cesse en train de me transférer les rapports. J'ai l'impression que vous passez vos journées à en faire. Oh mais oui, attendez ! Oui, vous êtes le lieutenant Henri, c'est cela ? C'est vous qui rédigez tout depuis plusieurs jours !

-Exact monsieur. Le capitaine est absent, et le second lieutenant également.

-Vous me voyez désolé que vous soyez seul pour faire le travail de trois. J'espère que vous leur tirerez les oreilles quand ils reviendront !

-Puisque j'ai votre permission monsieur...

-Ahah ! Plus sérieusement, maintenant que nous sommes uniquement nous deux. Avez-vous eu le temps de faire connaissance avec les membres de la seconde expédition ?

-Avec la plupart, oui. Pourquoi donc ?

-Avez-vous rencontré mademoiselle Abdelkrim ?

-Vous l'appelez également mademoiselle ? Elle n'a pas l'air d'apprécier.

-Ah, vous n'allez pas vous y mettre aussi. Elle sera appelée madame quand elle se mariera, un point c'est tout. Bon, je vois que vous la connaissez. J'aimerais vous demander un petit service. Ce n'est pas très professionnel, je sais, mais je vous demande de veiller sur elle. Ce n'est pas un ordre ou des instructions, c'est une simple demande liée à l'inquiétude.

-Pourquoi sur elle et pas sur quelqu'un d'autre ?

-Et bien, pour faire très simple, nous dirons que nous sommes tous les deux...liés par le sang.

-Vandervoorde, Abdelkrim...Si je puis me permettre...

-Bien sûr, elle a horreur de mon nom ! Un jour, elle passait un examen. Elle a dit qu'elle s'appelait Vandervoorde. L'examinatrice l'a regardé en souriant et lui a dis « Oh, je vois. », puis lui a mis la note maximale. Elle a horreur qu'on la juge en fonction de son nom et pas en fonction de son travail. Alors pour éviter n'importe quel traitement de faveur, elle utilise le nom de jeune fille de sa mère. D'ailleurs, ne lui parlez pas de sa filiation. Premièrement vous allez la mettre en rogne, et deuxièmement elle refusera certainement de vous l'avouer avant un bon moment.

-Je peux comprendre. Vous me demandez donc de faire attention à elle ?

-Par pitié, oui. Elle s'est embarquée avec des gens peu recommandables, et cela ne me plaît guère.

-Vous parlez des hommes en noir ?

-Oui, ces gens là. J'avais voté contre ! Depuis quand l'Etat engage t-il ce genre de bonhommes pour une mission de cette importance ? Ce sont de vulgaires mercenaires qui attendent leur paye, rien de plus.

-Mademoiselle Abdelkrim ne les aime pas non plus. J'ai déjà eu des soldats qui m'ont fait part de leur méfiance.

-Méfiance, exactement. Je me méfie. Et vous aussi, méfiez vous. Anticiper les problèmes sert souvent à les éviter.

-Je retiendrais cela monsieur le ministre.

-Vous aurez peut-être une longue vie alors. Bien, pour le moment, je n'ai rien d'autre à vous faire part. Ah si ! Encore un dernier point : quand les deux autres officiers reviendront.

-Oui ?

-J'insiste pour leur parler également. Qu'on ne me laisse pas ce colonel ou cet ingénieur-chef comme seuls interlocuteurs, par pitié !

-Je vous promets qu'ils se mettront à votre disposition !

-Vous êtes plus qu'aimable lieutenant, et je vous en remercie chaleureusement. Vandervoorde, terminé. »

Henri se mit un peu à rire, satisfait d'avoir eu une discussion privée avec la personne préférée des soldats. Puis il ressortit à l'air libre pour prévenir le colonel qu'il avait fini. Il croisa Abdelkrim, et ria de nouveau en repensant à ce qu'il venait d'entendre. Elle ne comprit pas pourquoi, mais l'imita avant de reprendre son travail.

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