Patin

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Tôt ou tard, notre entourage avait fini par savoir la vraie nature de notre relation. Certains étaient contents pour nous, d’autres étaient carrément dégoûtés. Bref, chacun avait son avis sur notre couple. Heureusement pour nous, toute cette attention était le dernier de nos soucis.

Quand j’y pense, sortir ensemble nous a encore plus rapproché. Et vu qu’on a quasiment le même point de vue, il y avait beaucoup moins de conflits. Et franchement, c’est très bien ainsi. Après réflexion, sortir avec Lucas est l’une des meilleures décisions que j’ai prises.

À ce stade de l’histoire, on n’avait pas encore de contacts intimes. Je pense que l'envie ne manquait pas, c'est juste qu'on prenait notre temps. Si je souviens bien, notre tout premier contact fut aussi notre premier baiser. Mais à la base, c’était pas du tout prévu. Bon... je vais vous expliquer, vous allez comprendre.

D’abord, laissez-moi vous expliquer notre système de sortie. Quand on veut aller quelque part, on fonctionne de cette manière : l'un propose une activité et inversement pour la prochaine fois. Du coup, ce jour-là, j’avais proposé d’aller à la patinoire. Non seulement ça sortait peu de l’ordinaire et puis ça nous permettrait de nous défouler.

Si moi, je me débrouillais plutôt bien; lui, avait plus de mal à rester debout. Sur le coup, je me suis bien moqué de lui, ce qu’il a bien emmerdé. Mais finalement, j’ai arrêté de le taquiner car détail que je me suis retenu de lui révéler : ma mâchoire et la glace avaient fusionné un bon nombre de fois avant je puisse me tenir debout correctement. C’est pourquoi je lui ai donné un coup de main pour avancer.

En fin de compte, on s’était bien amusé tous les deux. Tellement qu’on s’était lancé dans une course-poursuite improvisée. Oui, au beau milieu de la foule, tranquille. Mais on se fichait de ce que les autres pensaient en nous voyant. L’essentiel, c’est qu’on passe du bon temps ensemble.

Puis il a fallu entrer à la maison. Cette fois-ci, nous étions plus proche de chez lui, c’était donc la moindre des choses que j’aille raccompagner Lucas chez lui.

On arrivait à l’entrée quand une belle surprise nous est tombé dessus. Il se mit à neiger. Donc on s’est arrêté pour contempler le spectacle. Soudainement, on était revenus deux gamins qui découvraient ce phénomène pour la première fois.

  • C'est beau, non ?
  • Oui, très beau. Franchement, je comprends pas pourquoi il y a tant de personnes qui déteste la neige.
  • Parfois, on devrait se contenter de ce qu'on a.
  • Mais tellement.

Mais la réalité nous est revenue en pleine face quand Lucas s’est mis à éternuer et renifler. Moi qui pensais que son gros pelage le protégerait du froid, pas suffisamment à croire.

  • Bon, c'est pas que je veux pas rester mais si je ne bouge pas, je vais vraiment m'enrhumer.
  • D'accord, on reste en contact.
  • Oui, comme toujours.
  • Ça marche.

Pourtant, on n’avait pas bougé d’un poil, le regard perdu dans celui de l’autre. Même si l’on savait qu'on devait bosser le lendemain, on ne voulait pas se quitter tout de suite. Il n'y avait plus que nous deux et le temps presque immobile.

C'est alors qu’il m'a fait la bise sur le museau. Je sais pas vraiment s'il voulait vraiment embrasser ce soir-là. En tout cas, cela avait eu l’effet de me faire rougir.

  • Bien, je… Bonne nuit.

Dès cet instant, j’ai senti une telle montée d’adrénaline que je l'ai tenu par la patte.

  • Hé, attends.

Légèrement étonné, il se retourna, sa main toujours dans la mienne.

  • Je connais peut-être un moyen pour te réchauffer, plaisantai-je,
  • Ah ouais, comme quoi ?

J’ai alors passé ma patte sur son visage. Visiblement, il était bien intrigué mais il n’avait pas repoussé.

Puis en fermant les yeux, j’ai rapproché doucement mes lèvres des siennes. Ça y est… j'étais en train d’embrasser Lucas. Moi qui pensais qu’il aurait stopper net, j’ai eu faux sur toute la ligne. Au final, ce fut très rapide mais tous deux avons ressenti une bouffée de chaleur, ce qui contrastait avec le froid ambiant.

  • Alors ? C'était assez chaud pour toi ?
  • Oui, beaucoup.

Là-dessus, il me rendit mon baiser. Cette fois-ci, il fut plus passionné sans être précipité. Moi qui pensais rentrer chez moi bien tranquillement, autant vous dire que j’attentais pas à recevoir deux baisers dans la même nuit. Cependant, je n’avais rien contre.

En lâchant notre emprise, on haletait. En regardant Lucas, j’avais bien cerné l’œil du prédateur ayant trouvé sa proie (clairement, il ne voulait pas en rester là.) Et lui aussi, je pense; car il m’a lâché, hâtif et craintif : « Allez, il faut vraiment que je file sinon le réveil risque d'être difficile demain. »

  • D'accord. Bonne nuit, Lucas.
  • Bonne nuit, Akio.

À la volée, il m’a posé un bisou sur le front et a passé la porte. Face à cet épisode, tout ce qui pouvait dire, c'était « Waouh ! » tellement j’étais sur le cul. Je savais qu'un moment ou l’autre, cela arriverait mais pas aussi vite. Mais c’était un peu hypocrite de ma part de penser ainsi, c’est moi qui avait provoqué le contact. Donc, en fin de compte, j’ai eu ce que je voulais… et c’était pas plus mal.

Je souviens avoir eu le sommeil troublé cette nuit-là tellement les images plus ou moins salaces se bousculaient dans ma tête. À présent qu'il y avait eu le bisou, tout devenait possible. Ce ne serait plus qu’une question de temps avant qu’on franchisse tous les deux la ligne jaune.

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