Obsession

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Peu de temps après notre premier “tête-à-tête”, on n’a pas tardé à revoir tous les deux. Mais la plupart du temps, nous étions avec nos bandes respectives donc c’est pas vraiment le meilleur moment. Alors, pour marquer le coup, il m’a invité chez lui.

À cette occasion, j’ai appris pas mal de choses sur lui. Comme je le soupçonnais, Lucas ne connaissait pas beaucoup ses origines chinoises vu qu'il est né et grandi en France (tout comme moi qui n’en sais guère sur le Japon.) Comme quoi, le hasard permet de drôles de coïncidences.

C'est surtout ici que j’en appris davantage sur son petit problème, du moins, son gros problème : il avait très peu d’estime de soi à cause de son corps. Jusqu’à présent, il s’est toujours trouvé gros. Après maintes observations, je trouvais le terme exagéré mais je l’écoutais sans critiquer. Moi-même, j’ai déjà connu ce sentiment mais je vous en reparlerai bientôt.

Petit, il a souvent rejeté. Ado, il a tout fait pour cacher ce “physique ingrat”, disait-il. Du coup, il avoue être très scrupuleux sur son poids et qu'il a essayé de maigrir par tous les moyens possibles : sport, régimes et j’en passe. Bon, ici, rien d’anormal, ça peut arriver à n’importe qui. Mais j’ai vite vu que ça allait beaucoup plus loin que je l'imaginais.

Je lui dis alors de ne pas faire de soucis là-dessus. Avec un léger soupir, il a demandé de l’attendre et s'est éclipsé. Ça se sentait qu'il prend sur lui pour me parler de son problème. Franchement, un gars comme lui ne devrait pas se préoccuper de ce genre de détails.

10 minutes sont passées et il n’était toujours pas revenu. Qu'est-ce-qu'il pouvait bien faire ? C’était plus fort que moi donc je suis allé voir ce qu’il pouvait bien mijoter.

  • Heu… Lucas ?
  • Oui, oui, j'ai bientôt fini.

Je dirigeais alors d’où provient le son de sa voix. Ainsi, je me suis trouvé devant une porte fermée, probablement celle de sa chambre.

  • Je peux entrer ?
  • Attends encore un peu, s’il te plaît, j'ai presque terminé.

À ce moment-là, j’avoue qu’il commençait à me les briser menu (pour rester poli.) S’il y a bien une chose que je déteste, c’est de me faire attendre sans que je sache pourquoi. Je suis peut-être culotté mais que voulez-vous ? « Tu m'excuseras mon p’tit Luc mais tu m'as assez fait attendre, » pensai-je en ouvrant la porte.

Lucas me lance alors un Hé ! d'agacement en se retournant. En effet, il était occupé et torse nu… « Oh sacrebleu ! », m’exclamai-je.

Suite à ma réaction, son regard était entre la confusion et le rire.

  • Pardon ?
  • Oui, je suppose que ça doit faire longtemps que tu n'as pas entendu cette expression.
  • Oui, en fait. Sinon pourquoi tu n’es pas resté dans le salon ?
  • J’aime pas trop qu'on me fasse attendre.
  • Du coup, comment tu fais quand tu trouves dans une file d’attente ?
  • Ben, soit j’essaye de doubler soit je me barre.

Il a lancé un de ces fous rires; mon gars, je n'ai jamais entendu ça. À bout de souffle, il finit par répondre : « T'es incroyable, j’apprends une nouvelle sur toi chaque jour, se moquait-il;

  • Ouais, bof… »

Décidément, il faut que j’apprends à ne pas me montrer aussi impatient. J’ai alors aperçu le mètre de couturier dans sa main et un carnet sur son lit. Il était juste en train d’écrire l’évolution de sa courbe.

  • Donc tu étais vraiment sérieux que tu me disais que tu prenais tes mensurations.
  • Oui, et je me suis rappelé que je l'avais pas encore fait aujourd’hui.

Vu qu’il est toujours torse nu, j’en profite pour l’observer. Certes, son ventre est rond mais franchement, c’était limite. Aussi, je n’avais pas vu ses bras sculptés; ce qui contraste pas mal avec le reste de son corps. Sinon, plus de doute possible, Lucas est vraiment mon type de mec, si seulement je pouvais toucher...

  • Je peux savoir ce que tu regardes là ?
  • Et bien… heu… tu insistes sur le fait que tu sois “gros” mais… heu… maintenant que je te vois… oui, tu es rondelet mais c’est pas si terrible que ça.
  • Tu trouves ?
  • Oui, tu es splendide tel que tu es.
  • Oh… merci… heu… je… je n'ai pas beaucoup l'entendu, ces derniers temps.
  • Content d’être le premier alors.

Il semblait flatté même s’il ne voulait pas montrer. C’est plutôt mignon, j’aimerais le serrer dans mes bras.

  • Écoutes, tu ne devrais pas te préoccuper de ce genre de détails.
  • Je sais mais c’est plus fort que moi. Ça-doit-être une sorte de tique, je suppose.
  • Et tu en a jamais parlé autour de moi ?
  • Pas vraiment, je pense même que tu es la seule personne à qui j'en ai le plus dit... concernant... ce sujet.
  • Pourtant, on se connait à peine tous les deux.
  • Peut-être bien mais avec toi, je sens que je peux parler de tout sans jugement.

Ah, il est vraiment adorable, j’ai vraiment envie de lui faire un câlin.

  • Écoute, je te propose une partie sur un jeu que j’ai déniché, y’a peu de temps, histoire de se changer de idées. Tu me suis ?
  • Ouais, ça marche. Juste, Lucas ?
  • Oui ?
  • Tu as l’intention de rester torse nu ?
  • Oh, heu… j'aurais pu mais je le ferais pas aujourd’hui.
  • Ah, tu me rassures.

Il remet son pull et dirige vers le salon. Mais je le retiens, j’avais une dernière chose à lui dire.

  • Lucas ?
  • Hmm ?
  • Excuse-moi si j’ai insisté sur…
  • Non, ça va, je ne t'en veux pas.
  • D'accord. Sinon tu… tu n'as pas à te soucier de ton apparence et encore moins de ce que les autres pensent. Tu es comme tu es alors apprends à t’apprécier, ignore les détracteurs et tu verras que ça iras beaucoup mieux. Crois-moi, je sais de quoi je parle.

D’ici là, je pouvais déjà sentir la réplique arriver. Mais sans crier gare, il m'a pris dans ses bras. Je l’entendais me remercier d’une voix étouffée, il devait lâcher quelques larmes. Restant muet, je lui rends son accolade. Finalement, je l’ai eu, mon câlin.

Non, honnêtement, j’étais content pour lui. Il a dû gardé cette rancœur depuis tellement longtemps que tout a fini par ressortir au final. Alors le mieux, c’est de se laisser faire et de se débarrasser de toute cette douleur. Moi-même, j’ai très bien connu cette sensation. Et tôt ou tard, je savais que ce serait à mon tour de lui en parler.

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