Chapitre 5

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Les semaines suivantes, Joseph crut encore à la réconciliation. Il eut de Valentine, quelques mots gentils et une caresse furtive sur la joue. Il avait pensé qu'elle ferait volte-face, sauf qu'elle mit rapidement fin à ses croyances. Elle ne l'aimait plus et ne le voulait plus, ni dans ses jambes ni dans son environnement. Joseph devait donc plier bagages. Son cœur était en miettes, mais pour le bien de tous, enfants y compris, il loua un appartement à quelques mètres de chez lui.

La proximité n'était pas anodine. En silence, Joseph rêvait encore. Il se disait que l'amour pouvait renaître de ses cendres. Et dans son petit deux-pièces, l'œil s'égarant parfois sur sa belle demeure, autrefois lieu de fierté, de confort, de joies, de bien-être et de partages, il oscillait entre idées noires, colères enflammées, regrets amers et espoirs fous.

Il semble que dans l'épreuve, on se tourne et on se rapproche de Dieu. Ce fut le cas pour Joseph. Ce chaos lui fit prendre conscience du sérieux de la prière et de l'importance de ne pas laisser Dieu en dehors de ses projets. Dans cette lutte à la survie, Joseph s'agrippa à la main du grand Créateur comme à une bouée de sauvetage. Et celui qu'il avait remisé dans un coin, ne le sortant qu'à l'occasion, fut son bien le plus précieux. Joseph se remit à prier ardemment. D'abord pour le retour de son épouse - parce qu'à Dieu rien d'impossible - puis les jours passant, pour que la volonté divine s'accomplisse sur la terre comme au ciel. Finalement, l'Esprit-Saint œuvrant en lui et changeant sa conception des choses, il pria Dieu de l'aider à accepter le choix de Valentine, de l'aider à démarrer humblement un chemin de guérison, de lui apprendre à obéir et à se laisser guider pas après pas.

Pour ne pas dépérir, Joseph s'obligea à regarder vers demain et de moins en moins vers l'arrière. Malgré la douleur, le manque, l'incompréhension et le fort sentiment de rejet, il décida peu à peu, de concevoir son avenir sans Valentine à ses côtés.

Que dire de ses enfants ? Certes, ils étaient grands. C'étaient tous de jeunes adultes, mais leur douleur n'en était pas plus petite. Tous les trois souffraient de l'explosion de leur cocon. Difficile pour eux de reprogrammer leur famille dans cette nouvelle configuration. Ils étaient les victimes collatérales de cette situation non-voulue et en subissait émotionnellement, moralement et matériellement, les conséquences.

Lorsque Joseph recevait ses enfants dans son petit deux-pièces, il les rassurait en leur disant que son amour pour eux restait inchangé. Que malgré le chagrin, le déchirement et l'éclatement de la famille, il serait toujours là pour eux et se précipiterait en cas de besoin. Dans son malheur, Joseph voulait préserver à tout prix, ses trois enfants chéris. Résolu à ne pas leur imposer de troubles et de souffrances supplémentaires, il luttait pour contenir ses émotions en leur présence. Même si de temps à autre, sa langue fourchait et qu'il se répandait en paroles de reproches et d'injustices, Joseph se défendait de calomnier Valentine devant eux. Et bien que perturbé dans ses pensées, il se forçait à endosser le costume du bon papa chrétien, protecteur et aimant. Aidé de paroles de sagesse tirées de la Bible, il leur demandait de prier pour leur mère. De la bénir et non de la maudire. 

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