Chapitre 4

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Comment affronter l'épreuve ? La double trahison ? Comment survivre à ça ? Joseph ne savait pas. Il ne pouvait abdiquer et accepter le divorce. C'était anti-biblique. La Bible disait " Que nul ne sépare ce que Dieu a uni ". Alors, Joseph tenait bon et s'appuyait sur ce verset. Malgré l'humiliation, les reproches, la honte et le mépris, des semaines durant, il tenta de convaincre Valentine de l'absurde et de la folie du divorce. Confus et en colère, il lui répétait que répudier son époux était une abomination aux yeux de Dieu. Valentine n'en avait cure. Elle lui rétorquait qu'elle ne l'aimait plus, qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle avait trop longtemps supporté ses frasques, son esprit de contrôle, son négativisme permanent, son anxiété chronique et même son avarice.

Joseph n'en croyait pas ses oreilles. Lui qui avait repris des études à l'âge adulte, passé des concours, travaillé d'arrache-pied pour nourrir sa famille et fait en sorte qu'aucun des siens ne manque de RIEN, était qualifié de grippe-sou et de négatif.

Valentine rajouta avoir fermé les yeux sur bien des choses et s'être tue trop longtemps. Elle expliqua ne pas avoir su oublier les trahisons du passé et être arrivée au bout de ce qu'elle pouvait endurer et accepter.

C'en était trop !

Joseph croyait que Valentine lui avait tout pardonné, mais il s'apercevait qu'il n'en était rien. Alors que Valentine lui resservait les erreurs du passé comme un plat qui se mange froid, simplement pour justifier ses actes contraires à la morale chrétienne et ses décisions égoïstes, Joseph en était ahuri. Il comprenait que les pardons de Valentine n'étaient que de la poudre aux yeux. Joseph avait cru que son épouse lui avait sincèrement pardonné, mais il découvrait que ses pardons étaient sans valeur. Ils avaient effectivement franchi ses lèvres par devoir légitime, par devoir religieux ou pour d'autres raisons qui lui étaient propres, mais n'avaient pas atteint son cœur. Joseph essaya de comprendre pourquoi son épouse ne s'en était jamais confiée à lui. Pourquoi toutes ces années, elle avait laissé la rancœur pourrir leur relation sans lui en parler. Joseph était désappointé. Comme une bouteille jetée en mer, il lui dit qu'ils auraient pu prier ensemble pour que Dieu leur vienne en aide et qu'il restaure leur couple. Valentine répondit qu'il était trop tard. Qu'il ne servait à rien de remuer la boue du passé, que Dieu n'aurait de toute façon rien pu changer, et que sa décision était mûrement réfléchie.

Joseph s'en voulait de s'être cru à l'abri. Il s'en voulait de n'avoir rien vu et rien soupçonné, mais il devait rejeter la culpabilité qui lui rajoutait un fardeau. Sa rage envers Valentine et Robert était déjà suffisamment lourde à porter.

Robert ne pouvait pas s'en tirer si facilement. De colère, Joseph lui avait envoyé un mail : " Je te demande de laisser Valentine, au nom de notre soi-disant amitié et de ne plus la contacter ! " La réponse arriva dès le lendemain : " C'est la dernière fois que je te réponds. Sache que ce n'est pas moi, mais ta femme qui est venue vers moi. Tu n'es peut-être pas étranger au fait qu'elle te trompe. De toute manière, si ce n'avait pas été toi, il y a longtemps que je serais allé vers elle ".

Relégué dans la chambre d'amis, tel un paria dans la maison qu'il avait financé en grande partie, réaménagé de matériaux de qualité et d'éléments de marque, puis rénové de la cave au grenier, faisait naître en lui des sentiments de haine et de vengeance. Son âme était maintenant en danger. Joseph était au fond du trou, mais par respect pour Dieu, il ne levait pas le poing vers le ciel pour réclamer justice. Hors de question pour lui d'imputer à Dieu la cause de ce tourment. Bien que victime, il ne niait pas sa responsabilité. Humilié, inconsidéré, moqué, rejeté comme un vieux mouchoir qui pue, Joseph gardait sa Foi comme son seul bien. Il s'y raccrochait pour ne pas sombrer. Qu'importe que Valentine continue d'aller à l'église et de chanter " Alléluia ! Gloire ! " comme si de rien n'était, Joseph refusait de laisser la haine s'installer dans ses pensées et lui souiller le cœur. Il luttait pour ne pas la maudire " Elle et son zozo ".

Après tout, il n'avait pas le droit de la juger. Il n'était pas tout blanc lui non plus. Il avait aussi sa part de responsabilité dans ce drame. Il se savait difficile à vivre, acariâtre, râleur et fataliste. De plus, spirituellement parlant, il n'avait pas su et pas voulu placer sa vie, sa famille et son couple entre les mains de Dieu. Et ça, c'était grave ! Joseph reconnaissait avoir mené sa barque seul. Il reconnaissait qu'il avait placé ses décisions, ses pensées, ses projets, ses sentiments en dehors du regard de Dieu.

Au fond, il ne pouvait pas blâmer son épouse. C'était lui le chef de famille. En tant qu'époux chrétien et homme de Foi, il avait des devoirs. Chaque jour, il aurait dû présenter Valentine au trône de Grâce et de Miséricorde, la purifier de l'eau de la Parole, l'honorer, l'aimer bien plus que lui-même, faire preuve de plus de sagesse et prendre soin d'elle comme d'un être délicat. Cela, il le savait. C'était écrit noir sur blanc dans la Bible.

Oui, il aurait dû se soumettre davantage à Dieu et être à son écoute, au lieu de diriger sa vie de A à Z. Probablement qu'il l'aurait entendu murmurer que Valentine souffrait, qu'il devait intercéder pour elle, changer son regard sur elle, l'envelopper de ses prières et l'aider à guérir des blessures qui les avaient éloigné l'un et l'autre. 

Mais il ne l'avait pas fait. L'erreur lui servirait de leçon...

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