Chapitre 13

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Xaer n'avait pas pu dire au revoir à Goort'lu ou à qui que ce soit d'autres, oh pas qu'il ait été lié à beaucoup d'entre eux, en réalité, tout était fait pour que les liens ne se créent pas : ils étaient destinés à être séparé. On leur apprenait à considérer les autres comme étant ... interchangeables. Seulement, il s'était lié à son examinateur, il avait aimé son contact, sa chaleur, sa voix et plus que tout le reste, il avait aimé s'endormir sur son torse, à écouter le battement de son cœur. Ces dernières semaines, il avait passé tout son temps avec lui, il s'était habitué à sa présence constante et à ses petites attentions. Il aimait la manière dont le grand Geresandre prenait soin de lui, l'application qu'il mettait dans chacun de ses gestes et tout ces petits détails qui constituaient sa personne. Il aurait réellement souhaité qu'il l'accompagne jusqu'au bout du processus, mais ce n'était pas le choix de son lié.

Lié... Il était appareillé à ce Liis, ce Kalaas'ynsguris et alors qu'il se retrouvait dans son vaisseau, Xaer se sentit complètement perdu. Il ne remarqua pas les très légers mouvements du Liis et même s'il les avait vu, il n'aurait pas su les comprendre. Très vite, le mâle perdit patience face à son prétendant. Depuis des heures maintenant qu'il avait quitté son vaisseau, il prenait sur lui et être ainsi envahi dans son habitat était d'autant plus dérangeant. Il finit donc par lui dire :

- Si tu ne te maîtrises pas mieux, je devrais mettre en place les protocoles d'acclimatation.

Il y avait de la menace dans sa voix, mais le reste de son être dégageait toujours la même froideur. Cependant, Xaer n'eut pas de mal à percevoir l'aura menaçante et il ne s'en sentit que plus mal. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait faire et voyant que la situation ne se débloquerait pas facilement, il se lança.

- Et que je peux être guidé ?
- Guidé ?
- Recevoir des consignes.
- Tu dois maîtriser ton odeur.

La tête du petit Oom se déforma sous la surprise, le choc puis une froide constatation : il ne pouvait pas obéir. Qui l'aurait pu ? Etait-ce l'une des compétences des Liis ? Il baissa la tête et presque aussitôt l'autre recula tout en demandant :

- Pourquoi fais-tu ça ?
- Quoi ?
- Je ne laisserais pas passer ce type d'agression.
- Je suis désolé si je t'ai offensé, je ne connais pas ta culture et je ne maîtrise pas mon odeur.

Au plus la panique grimpait dans le petit être, au plus son odeur se faisait âcre, ignoble et dégoutante. Kalaas'ynsguris recula encore d'un pas. Il savait que cette intrusion dans sa vie serait pénible et difficile, mais il ne s'attendait pas à être ainsi attaqué par un petit prétendant qui était censé le désirer.

- Tu ne maîtrises pas ton odeur ?
- Non.

Ça n'avait strictement aucun sens pour le Liis. Xaer utilisait un langage sans même le savoir ? Il hésita. Dans sa culture, procéder à une acclimatation pouvait être perçu comme une violence terrible. Il ne savait pas comment le vivrait Xaer, mais il ne pourrait pas supporter ce qu'il dégageait et ce qui commençait déjà à imprégner ses murs les rendant de plus en plus sombres et désagréables.

- Connais-tu les principes d'acclimatations ?
- Non, mais je ferais ce que tu désires pour te plaire.
- Bien. Suis-moi.

Xaer obéit heureux de pouvoir le faire, heureux d'avoir une chance de réussite. Ils traversèrent le vaisseau et s'il avait paru minuscule au regard des autres, à l'intérieur, il lui sembla plutôt grand. Oh moins que la couveuse bien-entendu, mais assez grand pour se sentir à l'aise. L'absence quasi-complète de décoration semblait étrange lui qui avait l'habitude des espaces surchargés et il nota qu'il n'y avait pas la moindre trace de plante. En dehors d'eux, aucune vie n'habitait le vaisseau.

Ils arrivèrent finalement dans la chambre à coucher où d'un geste simple le Liis l'invita à monter sur le lit. Xaer ne s'en offusqua pas sachant pertinemment pourquoi il était ici. Il pensait d'ailleurs que si le Liis avait voulu l'intimité de son vaisseau, il resterait sans doute dans les environs tant qu'il n'aurait pas vu s'il pouvait convenir ou pas. Après tout, qu'aurait-il fait d'un prétendant incapable de le faire éjaculer ? Cependant, le petit Oom n'était pas particulièrement pressé d'effectuer ce coït et de voir les ajustements qu'un être aussi froid pourrait vouloir amener.

- Préfères-tu vivre sans comprendre ? Ou comprendre avant de vivre ?
- Je préfère savoir.

A chacune de ses réponses, il observait Kalaas'ynsguris se figer un peu plus alors qu'il semblait analyser le sens profond de ses mots pour en extraire des données que lui-même ne percevait pas. Il fallut près d'une minute à l'être si étrange pour se décider et durant tout ce temps il resta immobile face au prétendant nu dans son lit.

- Le protocole d'acclimatation va inonder la pièce d'odeurs. Ton corps va y répondre et modifier ton odeur en fonction. En quelques jours, tu aimeras davantage mon contact et j'aimerai ton odeur.
- Est-ce que c'est comme... quand tu m'as demandé de te toucher ?
- Non. J'ai simulé une odeur de plaisir que j'aurais lors de nos contacts sexuels. Il fallait que je m'assure que tu puisses y répondre correctement. L'acclimatation sera beaucoup plus violente et dure. Tu vas pleurer. Tu vas supplier. Et je n'arrêterais pas.

Le ton était froid comme s'il n'était pas touché par ce qu'il annonçait et en réalité, il ne l'était pas. Il avait eu des années pour se faire à l'idée qu'il devrait sans doute faire subir une acclimatation à une autre espèce s'il faisait une demande en couveuse. Il déplorait seulement que leur relation doive commencer sur de telles bases, mais si l'autre ne pouvait s'empêcher de l'agresser : il le ferait et il le ferait avant qu'il ne pervertisse tout son vaisseau.

- Est-ce que tu profiteras de ça pour me féconder ?
- Non. Ce serait impossible.
- Je n'aime pas rester seul... est-ce que ?
- Je serais là.
- Merci.

Kalaas'ynsguris observa son prétendant et fut surpris de le trouver soulagé comme si le simple fait qu'on lui demande quelque chose était rassurant. S'il avait compris la nature du protocole, il aurait dû se sentir terrifié, il aurait dû puer comme jamais, mais ce n'était pas le cas. Le Liis se demanda si c'était dû à son jeune âge, puis il décida qu'il n'avait guère le choix et il débuta l'acclimatation.

Pour Xaer tout commença par une odeur douce et sucrée comme du miel. Très vite, il se sentit étourdi et il dû s'allonger un peu plus entre les draps, reposant entièrement devant le Liis qui l'observait froidement. Faire quoique ce soit devant ce regard lui parut inconcevable mais l'odeur se fit de plus en plus forte et suffocante. Avant qu'il ne le comprenne réellement, il présentait une belle érection qui remontait sur son bas ventre. Un peu de liquide se mit en s'en écouler alors qu'elle tremblait sous l'afflux de sang. Le visage pâle de l'Oom était rouge lui aussi et son souffle de plus en plus court et erratique. Sans pouvoir s'en empêcher, il commença à remuer le bassin à la recherche d'une délivrance. Les légers mouvements qu'il fit lui caressèrent les fesses et cela suffit à le faire venir. Il attendit les yeux fermés que son corps se calme lentement, mais avant que cela n'arrive, il sentit ses testicules se contracter, son ventre se tordre et la pression... renaître. Il ouvrit les yeux à la recherche d'une réponse, mais le Liis l'observait toujours aussi froidement et l'odeur devint si forte qu'il eut l'impression de s'étouffer. Un hoquet lui échappa et quelques secondes après, il jouissait de nouveau. Il baissa le regard vers son bas ventre comme pour comprendre. Il était couvert de sa propre semence et son sexe pulsait toujours.

Il poussa un cri lorsque la vague suivante lui prit les reins, mais sa jouissance fut sèche, dure, difficile et ça ne s'arrêtait pas. Il tenta de tendre une main vers celui qui lui imposait ça, mais Kalaas'ynsguris ne bougea pas. Il avait étudié patiemment cette méthode, mais il ne l'avait jamais observé de ses yeux et il scrutait aujourd'hui le garçon à la manière d'un scientifique.

A l'extérieur du vaisseau, le soleil se coucha, la nuit passa puis le jour revint sans que son état n'évolue grandement. Le petit Oom tremblait sous la fatigue, à un moment il avait commencé à supplier pour que cela cesse, mais il avait fini par se taire. Il y avait eu une autre crise durant laquelle il avait crié un nom : « Goort'lu », mais le Liis ne s'en était pas formalisé. Il connaissait la portée de ce qu'il était en train de lui faire et à quel point cela changerait tout entre eux, à jamais.

Cependant, il ne pouvait pas continuer de l'étudier ainsi, il avait un certain nombre de manipulations à faire sur le garçon pour que le protocole puisse se poursuivre sans problème. Il s'éloigna d'un pas récupérant le matériel qu'il avait entreposé au cas où. Puis il revint sur le petit Oom et débuta les soins. Il commença par lui faire une toilette, sans s'intéresser à ses gémissements, à ses reins qui s'agitaient par vague ou à ses mains qui le saisissaient avec l'énergie du désespoir. L'éponge humide passa le long de son visage puis de son cou. Elle fut essorée et revint en une douce caresse qui le poussa plus loin encore dans les sensations. Il se remit à pleurer suppliant pour plus, suppliant pour moins.

Nettoyer son ventre fut plus difficile. Différentes couches de semences séchées s'étaient superposées et elles collaient à sa peau. Il considéra un instant l'idée de l'emmener se baigner, puis repoussa l'idée. Le garçon était trop sensible. Alors il passa juste l'éponge, sans s'intéressait aux mouvements de reins qui venaient faire cogner l'érection tendue contre sa main, tirant une nouvelle jouissance à Xaer. Peu importe. Il n'était pas près de s'arrêter. En douceur, il manipula son ventre pour vérifier où il en était. Sa matrice était dure comme une pierre et sa vessie visiblement pleine, alors il saisit le matériel adapté puis le pénis tendu. Xaer se mit à pleurer, son sexe était trop sensible, il avait mal depuis des heures maintenant et lorsqu'il parvient à observer ce que le Liis faisait il fut choqué de voir un tube s'approchait de son gland, puis le pénétrer et s'enfoncer encore et encore en lui.

- Non ! Non !

Kalaas'ynsguris ne se laissa pas émouvoir par les plaintes, cela faisait parti intégrante de l'acclimatation et il ferait tout le nécessaire. Il poussa le tuyau jusqu'à ce qu'il parvienne à la vessie et la vidange. Ce n'était pas difficile. Une poche de récupération était prévue à cet effet, il la recyclerait juste après. Néanmoins, alors qu'il tenait l'appareil et le pénis douloureusement investi, il se perdit dans l'observation des doigts du petit Oom. Ils s'étaient contractés sur ses avant-bras, s'enfonçant légèrement dans sa chair sans parvenir à lui faire mal pour autant. C'était l'un des premiers contacts physiques qu'il avait depuis fort longtemps. C'était étrange.

- S'il-te-plait... Pitié... Pitié...

Il revint à l'observation du visage à nouveau couvert de larmes. Pitié ? Non, il ne se le permettrait pas. Il observa la poche d'urine, remplie, et retira la sonde. La sensation du tube coulissant à l'intérieur de lui poussa le garçon à éjaculer à sec encore une fois. Ce fut peut-être à ce moment qu'il s'évanouie ou peut-être un peu plus tard, mais lorsqu'il revint à lui, Kalaas'ynsguris l'aidait à boire. Le corps du jeune prétendant tremblait comme une feuille. Il était mis à rude épreuve et remplir ses besoins vitaux n'était guère évident.

Alors que pour la énième fois le jeune suppliait pour que ça cesse, le Liis décida de lui offrir la vérité. Il se pencha contre lui, près de son oreille et il lui murmura :

- Encore trois jours.

Et Xaer se mit à pleurer sans plus pouvoir s'arrêter. C'était trop. Ce n'était pas assez. C'était si violent. C'était tellement doux. C'était comme s'enfoncer dans le sol. C'était comme flotter dans les airs. C'était si bon. C'était tellement mauvais. Il fallait que ça cesse ! Il fallait que ça continue encore un instant. Plus jamais. Juste un instant de plaisir. Que la douleur s'arrête. Encore un peu. 

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