Chapitre 14

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Dans son sommeil, le garçon pleurait, gémissait, se dandinait et jouissait encore. Sans réellement s'occuper de ses réactions, Kalaas'ynsguris faisait les manipulations nécessaires. Il avait pris le temps d'observer la peau rougie de son gland et ce qu'il y avait vu lui avait déplu. Le jeune prétendant était réellement très fragile et son corps peinait à suivre l'acclimatation. La peau de son pénis était gonflée, sensible et irritée. Il la massa doucement avec un baume et Xaer se réveilla comme ça, sollicité de toute part. L'odeur dans la pièce continuait de le faire réagir avec une force et une violence horrifiante. Comme souvent, il se mit à pleurer sans que ça n'attire la moindre pitié de la part du Liis qui avait l'air de considéré tout cela comme normal.

A la fin du soin, ce dernier eut l'air de réfléchir un moment puis il déclara :

- Nous y sommes. Nous pouvons faire un essai.

Et son prétendant l'observa sans même comprendre que les différentes journées avaient finie par s'écouler. Lentement, l'odeur reflua dans la pièce et il se rendit compte avec quelle aisance nouvelle il pouvait respirer. Depuis combien de temps suffoquait-il ? Il n'y avait pas prêté attention. Le Liis avança vers lui et le regarda en silence, en réponse, le corps de Xaer frémit. Il ne se sentait pas bien. Il avait envie de s'éloigner de ce mâle qui lui faisait ressentir tant de choses violentes.

- Non, visiblement, ce n'est pas suffisant. Reprenons.
- Non ! Non ! S'il-te-plait !

Mais il était trop tard, l'odeur avait réinvesti les lieux et reprit possession de lui. Xaer hurla sa colère et son impuissance, il sortit tout ce qu'il possédait encore puis s'effondra en larmes et gémissements, les reins secoués par les vagues de plaisirs et de douleurs mêlés. Il rêvait que Goort'lu soit là, qu'il lui masse le bas du dos, qu'il l'embrasse doucement et qu'il lui murmure des encouragements. Il voulait des putains d'encouragements au lieu d'avoir ce mâle immobile, froid et inquiétant pour seule compagnie. A un moment donné, perdu dans les sensations, il le lui cracha au visage, mais il n'obtient aucune réponse comme si ce dernier ne s'en inquiétait pas. Comme si ça ne lui faisait rien.

Lorsqu'il s'arrêta à nouveau et que l'air se fit respirable, Xaer observait le vide, totalement calme, malgré les fluides sur son corps et son cœur qui battait la chamade. Il s'approcha, se pencha sur son visage et l'encadra de ses doigts dans un geste sec et pénible à subir, mais le petit Oom resta stoïque. Kalaas'ynsguris hésita un instant, puis il s'offrit une pensée de colère. Il repensa à l'instant où il avait compris que le déclin de son espèce venait d'une décision politique qui n'avait rien d'irréversible en soit, mais qui était devenu une évidence culturelle : les Liis ne se mêlent pas aux autres. Les autres avaient résolu leurs problèmes de fertilité avec les couveuses et les Liis eux, allaient disparaître faute d'être capable de sortir ! Il en avait parlé à son professeur, à l'époque, qui lui avait dit que c'était impossible à envisager, il ne pourrait jamais correspondre à un prétendant d'une de ces couveuses. Peut-être que s'ils construisaient une nouvelle espèce répondant aux bonnes spécificités ? Mais ce serait un projet incroyablement complexe, couteux et mille fois moins pertinent que les projets liés à la modification des Liis eux-mêmes.

La colère monta doucement et sous ses doigts, le garçon se mit à gémir d'effroi tout en reculant. Il puait à nouveau, mais cette fois-ci, c'était une excellente chose. Il se reconcentra sur lui et instantanément, Xaer s'apaisa.

- Bravo, tu as été acclimaté.
- C'est... C'est fini ?
- Oui.

Les larmes se mirent à couler sur son visage et les hoquets le secouèrent de la tête aux pieds alors que le mâle auquel il était lié quitta la pièce sans rien dire de plus. Recroquevillé dans le lit trempé de sueur, Xaer n'arrivait plus à se calmer. Ca avait été si dur. Ca avait été trop dur. Il voulait tout faire pour lui plaire, pour s'avérer digne d'être son prétendant, mais le Liis ne ressentait rien. Il l'observait avec cet air si froid et si dur comme s'il n'était qu'un insecte dont il avait été chargé de s'occuper, comme si ce n'était pas lui qui l'avait demandé et choisi. Il ne ressentait pas le moindre désir de la part de l'autre, d'ailleurs, il ne l'avait pas vu durcir une seule seconde. Pourquoi faire tout ça s'il n'avait pas envie de lui ?

Au bout d'une très longue heure, Xaer arriva à la conclusion que le Liis ne reviendrait pas. Quelques heures plus tard, il finit par se décider. Il se leva, ses jambes tremblaient comme des feuilles, il avait la sensation de ne plus avoir de bassin et son sexe, oh que son sexe était douloureux. Il y avait une salle d'eau juste là alors il se glissa dedans et se mit à chercher quelque chose, n'importe quoi, qui actionne l'eau, mais il n'y avait aucun bouton, pas de zone tactile évidente, rien. Ne tenant plus debout, il se laissa choir au sol, sans vraiment parvenir à croire qu'il avait pu être abandonné ainsi.

Dans la couveuse, les choses ne se passaient pas de cette manière. Oh, personne n'avait de réelle attache avant d'avoir de nom. Pas de familles, pas d'amis, ... Mais ils étaient toujours entourés et choyés. Entre les tâches, ils s'occupaient des uns des autres. Les malades n'étaient pas laissés seuls, au contraire, certains nommés prenaient spécialement soins d'eux. Alors bien-sûr, si tout le monde espérait gagner un nom, ce n'était pas pour rien. Ils étaient chargés de toutes les tâches ingrates, du nettoyage des latrines jusqu'au déplacements des stocks. Leurs quartiers ne présentaient que les bases du confort, mais tout était fait pour qu'ils se sentent bien malgré tout et cela se voyait dans pleins de petits détails incongrus. Par exemple les salles d'eaux possédaient des grandes douches, des bacs d'eaux chaudes, des bacs d'eaux plus tièdes, certaines avaient des bains de vapeurs, d'autres non. C'était un matériel collectif alors il était aussi luxueux que possibles et ils avaient le droit de choisir où aller.

Xaer sursauta lorsque de l'autre côté de la salle, de l'eau apparue. Il n'avait jamais vu ce type de système, on aurait dit une rivière qui s'écoulait dans un lit étroit. Il rampa plus qu'autre chose jusqu'à elle et remarqua le léger dénivelé qui permettait à l'eau de s'écouler dans le bon sens. A titre d'essai, il la toucha du bout des doigts. Tiède voir chaude, parfaite. Sans plus de cérémonie et espérant ne pas commettre d'erreur, il se glissa dedans le couchant au milieu du courant. Très vite, l'eau délassa ses muscles tendus, notamment ceux de ses épaules. Il se frotta de son mieux avec la paume de ses mains mais la pression sur son sexe lui faisait mal. Il était littéralement à vif. Il n'avait pas envie de quitter le bain mais très vite il dut s'y résoudre.

Il n'y avait pas de serviettes ni quoique ce soit pour se sécher. En faites, la pièce semblait aussi petite que vide et s'il n'avait pas entendu l'eau y couler pendant... pendant la torture, il n'aurait jamais soupçonné que ce soit une salle de bain.

Tout en soupirant et en s'appuyant aux murs, il regagna la chambre où il utilisa pour se sécher le coin presque propre du drap sur lesquels il avait éjaculé bien trop de fois pour les compter. Il n'avait pas envie de se recoucher dedans, ils étaient poisseux. Il hésita. Il était épuisé, mais il détestait l'idée même de rester seul dans ce vaisseau.

Ce fut totalement perdu dans ses émotions qu'il s'engagea dans les couloirs sans savoir s'il cherchait une sortie pour fuir ou s'il tentait de retrouver ce mâle à qui il était lié. Il s'appuya sur les parois pour soutenir ses jambes et il faillit rester là, immobile. Cette douce sensation berçante courut sur sa peau, ce qui l'avait attiré et piégé dans cet endroit lui fit du bien. Il dut prendre deux couloirs, faire demi-tour devant des culs de sacs pour finalement arriver à ce qui semblait être à la fois le poste de commande et la pièce principale, une pièce de vie avec plusieurs lieux de repos et de nourrissages. Kalaas'ynsguris était assis là et il semblait perdu dans la contemplation d'un mur tout aussi nu que les autres.

Xaer s'arrêta d'avancer. Que devait-il lui dire ? Que devait-il faire ? Il hésita. Il se sentait en colère, inquiet, angoissé, furieux, honteux, plein d'espoir, résigné, ... Un maelstrom d'émotions et de sensations vertigineuses. Au bout du compte, il jeta dans un souffle :

- Est-ce que... je te plais maintenant ?

Les immenses yeux blancs se tournèrent vers lui le figeant tout à fait, pourtant bizarrement, il ne se sentit pas plus inquiet.

- Tu sens meilleur, c'est supportable.

Xaer baissa les yeux. Supportable. C'était bien loin de signifier désirable. Il en tira donc les conclusions logiques.

- Tu vas me ramener alors ?
- Où ça ?
- A la couveuse.
- Non. Je ne t'ai pas acclimaté pour te renvoyer.

Le Liis se redressa et marcha vers lui jusqu'à poser la main sur sa joue, puis il se détourna pour lui ramener de la nourriture. Une assiette pleine de mets qu'il ne connaissait pas et en la voyant, il se rendit compte à quel point il avait faim. Gouter ces choses fut une expérience étrange surtout sous le regard froid du Liis, mais il mangea avec appétit et il fut surpris de trouver bien des choses à son goût. Par trois fois le Liis le resservit. Le repas se passa dans le silence le plus complet jusqu'à ce que Xaer ne se décide à le briser.

- Que va-t-il se passer maintenant ?

Le Liis l'observa un long moment avant de répondre.

- Quand tu le désireras, si tu le désires, nous aurons des coïts jusqu'à ce que tu sois fécondé. Si tu le préfères, tu resteras seul.
- Je ne veux plus être seul ! Ce qu'il s'est passé... je ne veux plus que ça se reproduise.
- L'acclimatation est terminée.
- Non, ce n'est pas de ça dont je parle. Je ne veux plus être seul. Tu avais dit... que tu serais là...
- J'étais là.
- Non, tu étais dans la pièce mais tu n'étais pas avec moi. Je... j'ai besoin que tu sois avec moi. Comment pourrais-je te donner des enfants si tu n'es pas là ?

La colère sous-jacente fut évidente et le Liis l'analysa très bien même s'il peinait à en comprendre les raisons. Mais petit à petit, il vit le garçon se décomposer.

- Je suis désolé. Je n'aurais pas dû dire toute ces choses. Je ferais ce qu'il te plaira.
- Tu as le droit de faire ce que tu veux ici...

Durant un long moment, ils s'observèrent et Xaer finit par comprendre à quel point ils ne se comprenaient pas. Oh durant toute sa vie, il avait eu le choix. Il pouvait refuser de devenir un prétendant. Il pouvait se satisfaire de sa vie de serviteur... Il avait le choix. Mais il n'avait jamais eu ce type de choix. La personne a qui il était lié pouvait-elle réellement décidé de ne pas le faire enfanter ? L'idée l'horrifia. Il avait toujours voulu des petits, il aimait s'occuper d'eux et il espérait trouver une place dans ce monde auprès de ses enfants.

L'angoisse monta de plus en plus et il se dit qu'il fallait qu'il l'affirme, il fallait que le Liis le sache ! Alors il poussa les mots hors de sa gorge, la voix pourtant nouée, en croassant à moitié.

- Je veux t'offrir des enfants et... je veux les élever.
- D'accord.
- Tu ne le veux pas ?
- Je le veux, mais je ne l'obtiendrais pas si tu ne le désires pas réellement. Donc nous ferons comme tu le désires. 

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