Quel bel homme, ce Mateo !

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L'alarme sonne, Alexandre est déjà réveillé.

( Hier, cette journée était un enfer, j'ai dû supporter les invités, jouer à la fille débile et pourrie gâtée par papa maman )

Vingt-quatre heures se sont à peine écoulées qu'il veut déjà rentrer chez lui, dans son appartement. Il regarde autour de lui. ( C'est étrange, le corps de la fille a eu ses règles durant la nuit ? Son pyjama est taché. )

Il se souvient aussi qu'à une heure du matin, il s'est réveillé dans le couloir. ( va savoir pourquoi. )

Une voix retentit dans les escaliers : « C'est l'heure d'aller à l'école ! Réveille-toi ma petite chérie d'amour. »

( À quand remontait la dernière fois qu'il avait entendu la voix de mon père déjà ? ) Il avait six ans, la veille de son suicide, il lui avait dit qu'il l'aimait tendrement. Chaque année, la voix de son père lui semble si lointaine, si loin de la réalité. ( M'a-t-il vraiment dit ça avant de ne jamais se réveiller ? )

Quelle importance !

Alexandre saute à pieds joints hors du lit, enfile mécaniquement son uniforme d'école, il dévale à toute vitesse les escaliers et adresse une salutation aux domestiques.

L’école se trouve à moins d'un kilomètre de la maison, une forêt encadre le jardin de sa villa ( tiens, je ne l'ai jamais remarqué ) et pour s'y rendre, il faut forcément la traverser.

Il s'engouffre dans les bois humides.

Il hume l'odeur de l'herbe mouillée, s'amuse à fouler du pied les flaques d'eau sur son passage.

Il est maintenant à la hauteur du lycée.

Des élèves se pressent et se bousculent devant le portail, tout à coup…

Un chuchotement,

deux chuchotements,

trois chuchotements,

Le flash d'un téléphone qui s'allume,

le bruit d'un appareil photo,

des ricanements.

Les élèves ont arrêté de se bousculer, tous se retournent vers elle et l'insulte.

(C'est à moi qu'ils s'adressent ces petits fils de bourge ?)

Un enseignant sort du lycée, une cigarette derrière l'oreille. Soudain, tous les élèves se mettent à rire, à chantonner et tous se pressent contre elle.

Des embrassades,

Des filles qui lui sautent dans les bras,

Des compliments à foison.

« Notre petite Clé, tu nous as tellement manqué !!! Tu n’étais pas là à la soirée de Thomas, hier soir ? Tu aurais dû venir, on s'est éclaté ! »

Alexandre ne comprend plus rien. ( Quel est cet endroit ? ) Il y a encore quelques secondes, il avait l'impression que tout le lycée voulait le tuer et maintenant tout le monde l'adore ? ( Quelles bandes de déchets )

L'alarme retentit, des filles la poussent vers l'entrée.

Il observe sans comprendre, se mêle à la foule.

Il remarque cependant une fille tenue à l'écart,

une chevelure brune et des yeux noirs qui la regarde au loin.

Elle semble tenir un Code pénal à la main et chuchote ces quelques mots.

Alexandre sait lire sur les lèvres et il est certain que cette fille lui a chuchoté :

« Sois fort, tient le coup »

La suite de la journée est relativement floue.

Alexandre n'a jamais été très studieux après tout, il s'est vite endormi au bout de la troisième heure de mathématique.

Il a cependant appris quelque chose aujourd'hui : la chevelure brune n'était autre que Céline, sa pire ennemie.

L'alarme retentit. Il est maintenant dix-huit heures, Alexandre prend son lourd sac à main, il commence à ressentir son visage se transformer peu à peu en plâtre à cause du fond de teint, il a mal au dos à cause de son soutien-gorge trop serré ( c'est donc ça ce que les filles ressentent à la fin de la journée. ) En plus, il a eu le malheur de se gratter les yeux alors qu'il avait mis du mascara ( la catastrophe. )

Il a voulu se démaquiller les yeux à la pause déjeuner, un groupe de fille la remarqué dans les toilettes et lui a gentiment donné un coton de démaquillant. ( Comme c'est étrange, l'odeur ressemblait fortement à du dissolvant. )

Il n'a pas vu le fameux Thomas. ( Tant mieux, je ne me voyais pas vraiment embrasser un gars )

Il est maintenant dix-neuf heures. Alexandre est allongé sur son lit, une serviette autour de la taille et une autre enroulée autour de ses cheveux.

Il lit. Il lit pour comprendre ce qui lui arrive, ce qui se passe dans ce lycée.

Il lit jusqu'à la toute dernière page.

29/09/ 2020

Cher journal,

Thomas ne m'a jamais trompé.

Je refuse d'y croire.

Je suis arrivée à l'improviste dans sa chambre, je me suis cachée dans son placard à chaussure.

J'ai entendu des rires, des bruits de bouche, des «Je t'aime».

Mon cœur m'a fait tellement mal si tu savais. J'ai hésité à regarder à travers l'ouverture, tu sais...

Et je l'ai vu chevaucher mon petit ami. Deux corps nus, des bruits d'orgasme et un cœur en miette.

Oh, cher journal, ce n’était pas Céline, loin de là.

C'était Clémence.

18/10/2020

Cher journal,

J'ai rencontré un homme, un apprenti cuisinier. Il marchait le long du trottoir, ses ingrédients à la main.

Peut-être avait-il hâte de cuisiner pour son chef ? Tu aurais dû le voir, il était beau. Si beau.

Il m'a adressé un sourire au détour d'une ruelle, ses yeux verts émeraude me réclamaient, si tu savais.

Au détour d'une ruelle, je l'ai rattrapé et je lui ai glissé mon numéro de téléphone.

J'ai joué la femme fatale, je lui ai dit : « J'aimerais vraiment boire un verre avec toi, ce soir.»

J'ai appris qu'il s'appelait Mateo, il est italien, tu sais.

20/10/2020

Cher journal,

Au lycée, tout le monde m'abandonne.

Thomas ne m'adresse plus la parole.

Je le vois apporter des pains au chocolat tous les matins à Clémence, il reproduit exactement tout ce qu'il a fait avec moi. Quel traître...

Mais il me reste Mateo tu sais.

Mateo, mon beau Mateo.

Post Scriptum : Je n'ai pas vu Céline depuis un petit moment en cours, il paraît qu'elle veut changer d'école.

Quelle est mystérieuse celle-là. Si bavarde, mais s'enfuit si facilement.

Ah, Je continue de la haïr, ne t'en fais pas.

25/10/2020

Cher journal,

Clémence et Margaux ont raconté nos secrets d'enfance au lycée.

Plus personne ne veut me parler.

On m'a mis de la glue dans les cheveux ce midi, j'ai retrouvé des aiguilles dans mon steak haché.

Mais tout va bien, pas vrai ?

Il me reste Mateo, pas vrai ?

Tout va bien aller, pas vrai ?

28/10/2020

Cher journal,

J'étais avec Mateo.

Je me suis peut-être un peu énervée... Je pense qu'il m'en veut mais, ça va lui passer.

Aujourd'hui, c'est notre cinquième rencard, j'ai prévu de faire un pique-nique dans la forêt.

Rien que lui et moi.

J'ai pris une glacière au cas où il voudrait se désaltérer.

Tous les deux, on s'entend si bien, tu sais.

29/10/2020

Cher journal,

Je sais, tu vas me prendre pour une folle, mais j'ai toujours aimé garder des souvenirs de mes ex petit ami.

Alexandre remarque un emballage.

Il frémit.

Il hésite à tourner la page.

Il tourne.

Quelque chose de gluant au bout de ses doigts le surprend, un liquide contenu à l'intérieur qu'il ne connaît que trop bien ayant été un homme quarante-huit heures auparavant. Il tombe à la renverse, se cognant la tête contre la table de nuit. Il gémit quelques minutes de douleurs puis tourne la tête. Sous le lit des pyjamas ensanglanté. Il entend au loin son père marcher dans le salon et les haut-parleurs hurler le son de la télévision.

« Une personne est portée disparue depuis le dix-huit octobre, du nom de Mateo, cet Italien venu faire ses études en France voulait devenir apprenti cuisinier. Il a été vu pour la dernière fois par son patron, qui affirme l'avoir envoyé chercher des ingrédients pour son carpaccio à la noix... En effet... Mateo était connu. Pour... La police pense qu'il s'agit.... »

Il tressaillit. ( Mais qui es-tu à la fin Clémentine ? )

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