Chapitre 28

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Paris, mercredi 28 mai 2025

Jour J, 19h30

La pluie avait cessé et le soleil s’essayait à un timide retour à travers les lourds nuages printaniers. Les rues restaient néanmoins imbibées et c’est au rythme d’une eau fouettant le sol que Nathan traversa Paris au pas de charge.

L’endroit où il avait été retenu prisonnier s’était avéré très proche de l’appartement C. Il lui fallut donc retraverser une seconde fois les mêmes rues désertes, les mêmes places abandonnées, les mêmes parcs dévastés.

Lorsqu’il parvint sur l’esplanade du Trocadéro, à l’endroit même où il avait été agressé puis fait prisonnier, son émoi fut immense. A l’endroit où jadis un pont enjambait la Seine, à cet endroit précis, agonisait désormais la tour Eiffel. La structure d’acier, déchiquetée au niveau du deuxième étage, s’était effondrée dans le fleuve en contrebas.

La respiration de Nathan s’emballa et il ne put s’empêcher de penser à Charles, Verdun et les autres. Si une révolte avait lieu en ce moment même dans Paris comme le lui avaient indiqué ses tortionnaires, c’est que ses camarades avaient réussi leur mission. Mais en découvrant le cadavre corrodé de la vieille dame, Nathan ne put s’empêcher de craindre le pire. Il ne savait pas si ses camarades avaient eu le temps de quitter la tour avant que la fureur américaine ne s’abatte sur eux.

Face à l’horreur de ce symbole froidement exécuté, Nathan n’avait plus cœur à rien. Son esprit n’arrivait plus à se recentrer sur le principal : Chloé. Il laissa échapper sa colère, hurla sa haine de l’ennemi et jura « A quoi bon ?! ». A quoi bon se battre si l’issue n’est que champ de ruines ? A quoi bon lutter pour être rayé de la carte et de l’Histoire ?

Puis la réponse : parce que l’honneur nous commande de mourir debout. Il en allait de l’honneur d’un peuple face à son destin ; de l’honneur d’un homme face à sa promesse.

Une promesse.

Chloé.

Si loin, si proche. Et si peu de temps.

Il lui fallait repartir immédiatement et y mettre plus de vitesse et de détermination encore. Un ami à lui le lui avait un jour fait remarquer : rien ne pouvait l’arrêter lorsqu’il avait une idée en tête.

Il était temps que l’ennemi l’apprenne également.

Encore quelques efforts et il serait bientôt arrivé. Il déboula d’une rue dans une autre avec vitesse, force et grand bruit. Ce qui ne manqua pas, dans le silence du centre-ville, d’attirer l’attention des deux quidams qui marchaient un peu plus loin devant.

Ils se retournèrent tous deux pour voir qui pouvait bien être aussi pressé en cette pluvieuse journée de mai.

Nathan reconnut immédiatement ses deux tortionnaires. Celui avec le maillot de foot, au physique élancé et athlétique, et celui avec le tee-shirt rouge Che Guevara, à la carrure massive.

Une trentaine de mètres les séparaient et il y eut un moment de flottement durant lequel aucun ne bougea. Ils se toisaient chacun du regard, guettant la réaction adverse.

Puis le jeune au tee-shirt rouge remarqua le sang qui partout maculait les vêtements de Nathan.

La colère le submergea alors instantanément et il cracha toute sa rage :

— Mon frère !!! Qu’as-tu fait de mon frère ?!!!!!!!

Une proie, Nathan était devenu une proie. Il savait qu’il n’avait aucune chance en combat au corps-à-corps contre ces deux-là. Sa seule chance était de fuir, et le plus vite possible.

Il en vint presque à regretter le temps de la résistance silencieuse où il passait son temps à se jouer des drones et de la surveillance ennemie.

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