Chapitre 26

3 minutes de lecture

Paris, mercredi 28 mai 2025

Jour J, 19h00

Nathan était enfermé dans cette cave obscure depuis trop longtemps. Chaque minute qui passait hypothéquait un peu plus ses chances de retrouver Chloé avant le coucher du soleil. Et cela lui était insupportable. Alors il retourna chacune des pièces du puzzle : des liens à briser ; une porte fermée à ouvrir ; un geôlier à neutraliser ; une course contre la montre à mener jusqu’aux pieds de Notre-Dame. Son esprit manipula les pièces dans tous les sens, puis tout s’emboîta parfaitement. Il visualisa le puzzle ainsi reconstitué ; cela valait le coup d’essayer. Mais il n’aurait qu’une seule chance et n’avait pas le droit à l’erreur.

Il se contorsionna, rapprochant ses pieds de ses mains attachées dans le dos. L’exercice demandait de la souplesse, chose dont ses membres privés d’une irrigation suffisante manquait cruellement. Dans un ultime effort, l’extrémité de son majeur réussit à agripper sa chaussure gauche et Nathan put se déchausser.

Une fois la chaussure entre ses mains, il retira la semelle intérieure et se saisit d’une lame plate en acier qu’il avait pris soin de dissimuler à l’intérieur. La lame enfin entre ses doigts, il n’eut aucun mal à couper la corde qui maintenait ses mains liées entre elles. De la même façon, il se débarrassa de celle qui entravait ses jambes. En se passant la main sur ses poignets endoloris, il se rendit compte qu’on lui avait retiré sa montre. Mais c’était là le cadet de ses soucis, il lui fallait d’abord sortir de sa geôle avant de se soucier de l’heure.

Alors, ayant recouvré sa liberté de mouvement, il s’approcha de la porte en fer et frappa avec son pied de toutes ses forces contre la porte. Il entendit son geôlier sursauter de l’autre côté. Il frappa une deuxième fois pour s’assurer d’avoir sa pleine attention. Puis une troisième. Son geôlier tenta de le raisonner à travers la porte :

— Mais bon sang, qu’est-ce que vous foutez ?!!

Nathan comprit à sa voix tremblante qu’il manquait cruellement d’assurance. Il frappa une nouvelle fois.

— Mais arrêtez ! Ça ne sert à rien, cette porte est bien trop solide et vous allez vous blesser.

Au contraire, la panique palpable dans sa voix encourageait Nathan à poursuivre son entreprise de déstabilisation.

Il frappa une nouvelle fois et feignit un cri de douleur plutôt très convaincant.

— Vous voyez ? Vous allez finir par vous faire vraiment mal si vous continuez.

Nathan savoura ce moment. Son geôlier était tombé dans le panneau. Il modula sa voix pour lui faire prendre un timbre cassé et éreinté :

— C’est le but.

— Quoi, c’est le but ? Qu’est-ce que vous racontez ?! s’alarma son geôlier.

— Je préfère me fracasser le crâne contre cette porte et crever ici plutôt que de dénoncer mes camarades sous la torture et crever là-bas, répondit Nathan, toujours sur le même ton cassé.

Puis il frappa une nouvelle fois contre la porte et hurla sa fausse douleur. Il entendit son interlocuteur s’agiter derrière la porte. Il ne fallait surtout pas ralentir la manœuvre. Son geôlier devait prendre une décision dans l’urgence, sans prendre le temps de réfléchir calmement. C’était la seule façon de le pousser à la faute. Alors Nathan frappa une nouvelle fois et hurla encore plus fort. Quelques secondes passèrent et il frappa encore. Il alla même jusqu’à gémir pour parfaire le tableau.

Un bruit de clé glissant dans une serrure et Nathan ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. Rapidement, il s’allongea contre la porte et repositionna ses mains et ses jambes comme s’il était toujours attaché.

La porte s’entrouvrit. Son geôlier s’approcha et s’abaissa. Sans lui laisser le temps de comprendre quoi que ce soit, Nathan se redressa et, d’un geste vif, plongea sa lame en acier dans la carotide. Le sang se mit à gicler et son geôlier s’effondra sur le sol. Nathan, lui, se redressa et s’approcha de sa victime pour lui saisir le poignet et lui arracher sa montre. Les aiguilles indiquaient 19H28. Avant de quitter la pièce qui lui avait servi de prison, il se retourna et porta son regard sur son geôlier agonisant.

Dans la lumière artificielle du projecteur, il put enfin le détailler. Il fut saisi d’effroi en constatant à quel point celui-ci était jeune. Pas plus de quinze ans assurément. Il crachait, suffoquait, s’accrochait à la vie. La gorge de Nathan se noua alors que sa victime s’agitait dans un dernier spasme ; il venait de retirer la vie à un gamin. Il jeta au sol la lame ensanglantée, essuya ses mains tachées de sang d’enfant sur ses vêtements et disparut dans la lumière.

La course contre la montre pouvait reprendre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Baud007a ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0