Il se trouvait toujours dans son lit à son réveil, et Amy était toujours à ses côtés, son bras posé autour de lui. Nathan ne savait pas l'heure qu’il pouvait être mais il faisait toujours nuit. Il repensa à la lettre que lui avait écrite sa conscience dans son rêve ainsi qu’aux paroles de Mya : il devait fuir le plus vite et le plus loin possible.

Il se remémora une dernière fois ce qu’il devait faire : se dégager du bras d’Amy, saisir les fringues qu’il avait sorties un peu plus tôt dans la nuit et qui se trouvait au pied de son lit puis sortir de la maison en courant. Et puis Amy n’avait aucun vêtement, elle n’allait pas lui courir dehors en l’état. Une fois dehors, il comptait courir encore un moment pour s’éloigner de la maison et être hors de vue. C’est à ce moment-là qu’il pourrait enfiler ses fringues et aviser, ce qui ne serait probablement pas facile en plein milieu de la nuit avec comme seule alliée son intuition. Mais il le fallait.

Nathan prit une grande inspiration, pensa à ses parents qu’il espérait revoir une fois que tous ces évènements seraient passés, même s’il ne savait pas s’il pourrait les revoir un jour.

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Il souleva le bras d’Amy, sorti doucement du lit et prit les habits qui se trouvaient heureusement toujours par terre. Elle semblait dormir encore et ne prit donc pas le risque de courir sous peine de faire du bruit et de la réveiller. Il se dirigea vers la porte de sa chambre et tourna lentement la poignée. C’est à ce moment-là que la lumière de sa chambre fut allumée. Il n’osa même pas se retourner par peur qu’elle ne reprenne le contrôle sur lui, qu’il se précipita aussi vite qu’il le put hors de sa chambre. Il descendit les marches de l’escalier à toute vitesse et se précipita avec une vitesse qui le surprit lui-même hors de la maison. Il continua alors de courir dans la rue, en boxer, aussi vite qu’il le pouvait. Il n’y avait personne et il faisait nuit.

Une voiture arriva alors à sa hauteur et le fit stopper net : une portière s’ouvrit et il vit à l’arrière Mya qui lui demanda de monter dans le véhicule. Nathan hésita un instant mais il n’avait aucun endroit où aller. Il devait suivre le cheval blanc et après tout c’est bien elle qui le lui avait offert. Depuis maintenant plusieurs heures il avait de plus en plus confiance en elle. Il monta alors dans la voiture qui s’empressa de redémarrer. Un homme assez âgé conduisait. Mya informa simplement Nathan qu’il s’agissait de son père. Plus personne ne parla durant la durée du trajet pendant lequel il profita pour mettre les vêtements qu’il avait réussi à emmener avec lui. Le chauffeur ne posait aucune question et ne semblait pas surpris de la nature des évènements.

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La voiture finit par rentrer dans la cour d’une maison qui était tout à fait banale, puis se gara. Nathan ne comprenait rien à ce qui se passait et ne savait pas où ils étaient. Il s’était en effet persuadé ces derniers jours que Mya n’avait pas de parents ou de maison. Il pensait simplement qu’elle apparaissait comme par magie à certains moments de la journée, certains jours, puis se volatilisait.

Ils descendirent de la voiture puis se dirigèrent vers l’entrée de la maison.

A peine rentrés, le père de Mya s’en alla sans un mot vers une pièce qui devait être sa chambre, probablement pour aller se recoucher. Elle prit la main de Nathan et ils montèrent à l’étage sans prendre le soin cette fois de présenter les lieux. Mya fit rentrer son invité dans sa chambre puis referma la porte. Aussitôt Nathan s’empressa alors de lui demander s’ils étaient chez elle.

• Oui, c’est ici que j’habite. Tu pensais que je n’avais pas de maison ?
• Dès ton premier jour d’école, tu m’as demandé si tu pouvais venir dormir à la maison.
• Pour que l’on reste ensemble, oui. Mais j’ai bien une maison et j’habite chez mon père.
• Comment tu savais que j'allais m’enfuir de la maison ? Et ton père, il a rien dit quand tu lui as demandé de te conduire en pleine nuit me chercher ?

Bien évidemment, Mya ne répondit pas à ses dernières questions et lui indiqua simplement qu’il pouvait se coucher dans son lit le reste de cette nuit.

Nathan lui demanda quel danger il courait en restant avec Amy chez lui mais il n'obtint aucune réponse.

Après s’être mis en boxer, il se mit dans le lit de Mya qui éteignit la lumière avant de le rejoindre à son tour.

Allait-il se retrouver au même endroit à son réveil ? Se retrouverait-il par terre ? Dans le lit ? Chez lui ? Avec ou sans elle ?

Il pensa pour lui : “Stop ! Finies les questions pour cette nuit !”. Il était tellement fatigué que malgré le reste d’adrénaline qu’il avait encore en lui, il s'endormit au bout de seulement quelques secondes.

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Lorsqu’il se réveilla, il se trouvait bien dans le lit et chez Mya. Rien n’avait changé pour une fois. Devenait-il somnambule ?

Elle était allongée à côté de lui et le regardait. Elle tenait sa tête avec une main et semblait adopter cette position depuis un petit moment. Depuis combien de temps le regardait-elle ?

Nathan vit par le rideau mal fermé un rayon de soleil qui semblait annoncer qu’il avait dormi pas mal de temps ce matin-là. Il lui demanda l’heure et elle lui répondit simplement “11h14”. Ce n’était pas dans ses habitudes de faire la grasse matinée mais les évènements de cette nuit agitée l’avaient fait probablement dormir plus longtemps.

Il ne pensa bien évidemment pas à aller à l’école. S’il avait fuit sa propre maison pour s’éloigner d’Amy, il serait stupide de retourner là-bas.

Il repensa à ses parents. Bien qu’ils soient devenus des automates depuis maintenant longtemps, il se demandait comment ils allaient réagir. Allaient-ils prévenir la police ? Ca lui faisait mal de les savoir probablement fous d’inquiétude. S’il pouvait au moins les prévenir que tout allait bien pour lui, qu’il ne pouvait leur expliquer pourquoi il avait dû partir mais que tout reviendrait sûrement bientôt dans l’ordre… Mais lui-même ne savait pas quand et surtout si un jour tout redeviendrait dans l’ordre. Et maintenant qu’allait-il faire ? Se cacher toute sa vie dans cette maison ?

Il se sentait encore fatigué. Mya le comprit rapidement et reposa la tête sur son oreiller pour l’inviter à faire de même. Après tous ces évènements, il avait encore besoin de se reposer.

Il resta un moment immobile, tenta de faire le vide dans sa tête ou de penser à autre chose puis finit par s’endormir à nouveau.