Swanne

Après le départ de Gareth, je me suis empressée de retourner dans ma chambre pour visualiser le contenu de la clé usb et la lettre que m'a remise ma grand-mère. Néanmoins, je n'ose ouvrir les deux, j'ai peur de ce que je pourrais découvrir, à cette pensée mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je me gifle mentalement, reprends une dernière inspiration pour me donner le courage nécessaire. Je dois savoir ce qui en résulte une bonne fois pour toute. Je ferme les yeux, lâche un soupir de frustration, insère la clé puis lance la vidéo.

Sur mon écran est indiqué l'heure et la date du fameux soir où je les ai surpris. Une boule d'angoisse se forme au creux de mon estomac et je retiens mon souffle quand je distingue Gareth franchir les portes de l'agence. Charlotte a déjà mis son trench, elle fait un dernier tour d'horizon et se tourne  vers la porte le sourire aux lèvres. Son regard s'ancre à celui de mon petit ami et tel un félin elle s'approche de lui, le frôle et part fermer à clé le local. Elle demande où je suis et demande à Gareth de s'installer, une fois la réponse obtenue. Il soupire exaspéré quand Charlotte se rapproche, il la repousse, contracte la mâchoire avant de lui ordonner de lui remettre le document pour les comptes. Elle remet la fiche et il s'apprête à partir quand elle interpelle à quelques centimètres de la sortie. Je mets la vidéo sur pause, connaissant la suite des événements. Je ferme les yeux, avale avec difficulté la boule qui a de nouveau fait son apparition au creux de ma gorge et relance la vidéo. 

Gareth se retourne en direction de Charlotte qui se colle à lui avant de poser ses lèvres sur les siennes.
Mes yeux se brouillent sur cette vision, tandis que les battements de mon palpitant se sont accélérés. Je passe mes mains sur le visage, essuyant les quelques perles d'eau salées qui s'échappent. Je pose mon regard sur la suite de la scène, quand un soulagement  envahit la totalité de mon être. 
Gareth la repousse avec force et dégoût, en la menaçant, il ouvre la porte de l'enseigne et m'aperçois en pleurs. Je m'aperçois partir en courant et lui à ma suite. Charlotte quant à elle m'insulte avant de s'effondrer à genoux au sol, en pleurs. Je ferme mon ordinateur et 
retire la clé usb de son emplacement en soupirant de soulagement. Intérieurement, je remercie Rose d'avoir installé des caméras de surveillance au-dessus de la porte et à l'intérieur. Cependant avant de lire la lettre,  j'attrappe ma bouteille d'eau sur mon bureau bois plusieurs gorgées et pars m'allonger. Je décachette l'enveloppe, déplie son contenu les doigts tremblants.

Ma princesse, 

Je n'ai jamais cherché à te faire de mal. Loin de là, mon plus grand souhait est de te rendre heureuse. Depuis ta naissance, je n'ai cessé de veiller sur toi. Rendant même ton père parfois jaloux. Nous avons une connexion qui ne s'est jamais rompue. Un lien invisible qui nous a toujours uni l'un à l'autre. 

J'ai mis énormément de temps à m'en rendre compte et j'en suis désolé, mais sache que je n'ai jamais rien ressenti de pareil à tes côtés.  Tu es toute ma vie, mon tout et je crains d'avoir perdu pour toujours ce qui me manquait pour enfin être heureux.
Oui, Swanne je parle bien de toi, mon cœur et mon âme t'appartiennent à jamais. Et Bordel que c'est dur de vivre en ton absence!
J'ai l'impression d'être vidé de toutes émotions, que mon cœur s'est arrêté de battre. Sans toi, ma princesse je ne suis plus rien, mon monde s'écroule. Bref, je vais m'arrêter d'écrire sur ses derniers mots sinon tu lirais des pages. Ah si un dernier mot enfin plusieurs même, je t'aime ma douce. 

Gareth. 

Je rapproche sa lettre de mon cœur, la serre de toutes mes forces contre mon corps. 
Après quelques minutes à mûrement réfléchir, je pars à la douche, m'habille,  et rejoins ma grand-mère pour lui dire que je pars rendre visite à une personne. Elle me demande si je lui ai pardonné et je ne peux que lui répondre qu'elle le saura à mon retour.

— D'accord, dans ce cas, à plus tard, ma puce s'exclame-t-elle en me faisant un clin d'œil.

Je lui souris et quitte le domicile. Je m'empresse de rejoindre l'arrêt de Tramway. J'ai besoin de voir Rose, la mère de Gareth avant de définitivement prendre ma décision. 
J'arrive à la clinique trois quarts d'heures plus tard. Il est dix-neuf heures et les visites se terminent dans une heure. J'ai donc un peu de temps pour prendre de ses nouvelles et me renseigner. Devant la porte de sa chambre, je reprends mon souffle puis toque avant qu'on me donne la permission d'entrer. J'ouvre le battant et Rose me détaille les yeux brillant de malice.

— Bonsoir, je t'attendais, m'annonce t-elle. 

Je m'avance vers elle surprise, puis m'installe sur le siège proche de son lit. 

— Bonsoir, comment vas-tu ? Questionné-je en la scrutant à mon tour.

— Je vais bien, je quitte la clinique dans trois jours.  

— Je suis heureuse pour toi, prononcé-je en attrapant sa main.

— Merci, bon venant en droit au but et explique moi plutôt ce qui te tracasse. 

Hésitante, je finis tout de même par révéler mes doutes sur ma relation avec son fils. Je lui parle de la lettre et de la vidéo. Rose m'écoute avec attention avant de me donner son opinion. 

— Je vois, écoute concernant la vidéo c'est moi qui l'ai remise à Gareth. De voir mon fils  malheureux me déchirait le cœur. J'ai donc fait mes recherches de mon côté avec l'aide de mon époux et de Johan. C'est grâce à ce dernier que j'ai pu vous fournir la preuve que Charlotte avait tout manigancé, prononce-t-elle en grimaçant.

— Je suis désolée de vous avoir causé tant d'ennuis, m'excusé-je honteuse. 

— Tu n'as pas à l'être, je comprends ton point de vue ainsi que celui de mon fils. L'amour n'est pas simple tous les jours. Il faut se battre pour la personne qu'on aime. 

J'approuve d'un hochement de tête. Elle n'a pas tort et Rose est de très bon conseil à ce sujet, tout comme le sont ma tante et ma grand-mère.

— Swanne, toi seule à la réponse à la question que tu te poses. Cependant je vais te donner un dernier conseil, écoute ton cœur et tu seras faire le bon choix.

— Merci, rétorqué-je en venant la prendre dans mes bras. 

— De rien, allez file maintenant les visites se terminent dans à peine quinze minutes. 

— D'accord, repose-toi bien et encore merci tu es une femme et une mère extraordinaire, m'exprimé-je en quittant la pièce. 

Une fois à l'extérieur de la clinique, je m'assois sur un banc et réfléchis à cette conversation et à la visite de Gareth. Je dois le voir, j'en éprouve le besoin.
Je me saisis de mon portable et lui envoie un message.

Swanne
— Es tu chez toi ? J'ai besoin de te voir ?
 Je patiente quelques secondes quand sa réponse me parvient. 
Gareth 
— Oui, tu peux passer si tu le souhaites. 
Swanne 
— D'accord, je devrais être là d'ici une vingtaine de minutes.
Gareth 
— Je t'attends à tout à l'heure, princesse.

                          **********

Je préviens ma grand-mère que je ne dînerai pas avec elle, car je risque d'être retenue un petit moment. Je prends le bus et me rends chez Gareth.
Dans le hall d'entrée, je monte les deux étages à pied, j'ai besoin d'évacuer la pression. Essoufflée, je reprends une inspiration, fouille dans mon sac et me saisis de mon double de clé. Je déverrouille la porte et pénètre dans le vestibule. Gareth est debout face à moi, je ne sais pas comment réagir? J'ai l'impression d'être redevenu une ado qui a peur de la réaction de l'homme qu'elle aime. 

— Princesse, avance toi, je ne vais pas te manger, tu sais, quoique, reprend-il en s'écartant du passage.

— Je sais, rigolé-je pour masquer mes émotions en allant m'installer sur le canapé. 

— Tu as mangé ? Demande-t-il en s'asseyant à mes côtés. 

— Non, mais je ne suis pas là pour ça Gareth. 

— Tu es venu pour me dire que tout est terminé entre nous, s'énerve t-il en se levant. 

Hein ? Pourquoi pense t-il à ça, vu la lettre qu'il a écrite ? Je dois le rassurer et vite.

—  Non! C'est plutôt le contraire, je suis venue m'excuser, souligné-je en sentant mes joues chauffer.

Gareth s'immobilise, se tourne vers moi, les yeux brillant de joie. En trois pas, il est devant moi, assis sur la table basse, ses mains posées sur mes genoux. Il attend mes explications. 

— J'ai vu la vidéo et lu ta lettre qui m'a beaucoup émue je l'avoue, puis je suis passée voir Rose à la clinique. Ta mère m'a été de très bon conseil. Elle m'a demandé d'écouter mon cœur et c'est ce que j'ai fais. Je t'aime Gareth, ça toujours été toi et j'espère bien que tu resteras le dernier, m'exclamé-je en posant une main sur la sienne. 

—  Swanne dis moi que ce que tu me dis est bien réel, que je ne rêve pas. Chuchote-t-il en collant son front contre le mien.

— Oui, murmuré-je. 

Je n'ai pas le temps de cligner des yeux et de reprendre une goutte d'air que Gareth s'empare de ma bouche. Mes lèvres s'entrouvrent et un gémissement de plaisir en sort lorsque sa langue vient titiller la mienne, me transportant dans un monde parallèle où personne ne peut s'immiscer dans mon bonheur. Nous nous séparons à bout de souffle, un sourire béat sur nos lèvres. 

— Bordel, tu n'imagines même pas à quel point tu m'as manqué. Je t'en supplie ne me refais plus jamais ça, tu m'entends ! Je t'aime ma princesse. Tu es tout pour moi, je veux terminer mes vieux jours à tes côtés et avec personne d'autre que toi, explique t-il en essuyant mes larmes de joie qui se déversent sur mes joues.

— Je veux la même chose, je suis désolée, hoquetté-je en blottissant dans ses bras.

—  Ne le soit pas, c'est oublié car je t'ai à nouveau dans ma vie, déclare t-il en me serrant fort contre son torse.

C'est soulagée et heureuse que je passe le reste de ma soirée et de ma nuit en compagnie de l'homme que j'aime.

Fin de cet avant dernier chapitre.