Chapitre 27

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Swanne

La pluie se mêle à ma peine en cette matinée automnale, Gareth vient à nouveau de me broyer le cœur. Je ne pensais plus ça possible et pourtant hier soir, j'ai vécu un véritable cauchemar. J'en ai eu la preuve sous mes yeux. Lui embrassant Charlotte. Je croyais qu'il avait changé, mais la vérité c'est que je me suis planté en beauté. 
Je ravale avec difficulté un dernier sanglot, efface les stigmates de mes larmes du revers de la main avant de rejoindre ma grand-mère au rez-de-chaussé. Hier elle m'a accueilli sans poser la moindre questions et aujourd'hui je me dois de lui expliquer ma présence. Respire, inspire, me sermonné-je mentalement, à quelques pas de la salle principale. À mon approche, Ingrid pose sa tasse de thé, se redresse de sa chaise, le visage marqué d'inquiétude et se précipite sur moi les bras grand ouvert. Je m'effondre sur elle pendant quelques secondes ou minutes, je ne saurais dire. Une fois avoir repris le contrôle de mes émotions, je m'écarte, dépose un baiser sur sa joue pendant qu'elle me fixe avec sollicitude en posant sa main sur ma joue. Hier elle m'a accueilli sans me poser la moindre question et aujourd'hui, je me dois de lui expliquer ma présence.

— Vas t'asseoir, je vais te préparer un chocolat chaud et tu pourras tout m'expliquer après ? murmure t-elle en m'indiquant une chaise.

Je hoche la tête, m'installe en silence à table et regarde ma grand-mère s'affairer en cuisine. Mes tripes se tordent et une pression au niveau de ma poitrine se forme, quand des images de Gareth, torse nu, préparant le petit déjeuner s'insinue sous mon crâne. J'ai envie de me cogner la tête contre les murs à cet instant. Comment ai-je pu être à ce point aveuglée ?
Je suis sortie de cette réflexion par Ingrid qui dépose mon bol sous mon visage. Les mains tremblantes , je me saisis de la petite cuillère tout en soupirant puis reporte mon regard en direction de la femme assise face à moi. D'un sourire compatissant dessiné sur son beau visage ridé, elle m'invite à me confier. Un seul mot sort de mes lèvres.

— Gareth, articulé-je d'une voix éraillée. 

— Qu'a-t-il fait ? M'interroge-t-elle en pressant ses doigts sur ma main.

Je lui explique tout en détail, ma journée, l'attente dans la voiture de Gareth et enfin le baiser entre ma collègue de travail et mon petit ami. Elle grimace, soupire agacée et ancre son regard au mien.

— Ma puce, tu veux un avis sincère, je pense que pour une fois, tu as peut-être jugé Gareth un peu trop rapidement, malgré ce que tu as pu voir, m'annonce t-elle en replaçant une mèche de cheveux.

— Je ne comprends pas, que veux-tu dire? 

—  Ce que je veux te faire comprendre ma puce, c'est que tu n'as pas dû assisté à toute la scène et vu l'expression sur ton visage, j'ai visé juste. Pour moi c'est ta collègue qui a piégé Gareth.

— Pourtant…

— Je sais, j'ai parfaitement compris tes dires, néanmoins, Gareth m'a prouvé hier soir qu'il tenait à toi. Il est resté dans sa voiture en fixant la fenêtre de ta chambre, jusqu'à ce que ta lumière soit éteinte. S' il avait voulu remettre le couvert, il serait reparti dès t'avoir déposé ici, sauf qu'il n'a quitté les lieux que ce matin après un café que je lui ai proposé de prendre.

 Quoi ? J'ai bien entendu, non je dois rêver, impossible et pourtant ma grand-mère est bien devant moi. Je me suis même pincée pour en être sûre.

— Je ne sais plus quoi faire, je suis perdue et en prime j'ai mis un terme à notre relation, expliqué-je en me massant les tempes.

— Laisse-lui une chance de s'expliquer à nouveau. Il est prêt à se battre pour toi et te conquérir à nouveau, Gareth a su me le dire.

J'acquiesce en me levant pour mettre mon mug dans l'évier et annonce que j'ai besoin de deux ou trois jours pour remettre tout en ordre dans ma tête. 

— Je comprends ma puce, reste le temps donc tu auras besoin, mais réfléchis bien à ce que je viens de te dire et aux aveux de Gareth. 

—  C'est ce que je vais faire, merci en tout cas d'être présente pour moi. 

— C'est mon rôle de grand-mère, allez file te doucher tu en as bien besoin, me conseille-t-elle en grimaçant.

Sur ce dernier conseil, je rejoins la salle de bain. Après une bonne douche, je pars dans ma chambre, allongée sur les draps, je fixe le plafond et réfléchis à tout ce qui se bouscule dans ma tête. Quelle décision dois-je prendre ? Je l'aime, ça j'en suis certaine, mais j'ai tellement été blessée de le voir avec son ex que je n'arrive pas à relativiser. Je soupire frustrée, plonge ma tête dans mon oreiller afin d'expulser ma colère mélangée à ma tristesse en hurlant. Une fois la tempête passée, je décide de faire un brin de ménage dans la pièce, quand mon portable émet un bip qui m'avertit de l'arrivée d'un message. Je m'en saisis et ouvre le lien.

Gareth 

Tu me manques tellement, je t'aime ma princesse.

J'ai envie de lui répondre qu'à moi aussi, mais l'image de Charlotte et lui s'embrassant apparaît sous mes paupières. Je veux l'effacer de ma mémoire et lui dire que nous devons en discuter ensemble, néanmoins je n'en fais rien et repose mon téléphone à sa place. La journée se passe à l'allure d'un escargot. Vers dix huit heures trente, ma grand-mère vient me trouver, lorsqu'elle pénètre dans la pièce l'expression de son visage change, pour prendre un air inquiet. 

— Tout va bien, tu es blanche comme un linge ?

— Ça va, ne t'inquiète pas je suis juste épuisée par cette histoire, tenté je de la rassurer. 

— Je n'en doute pas, tu es sûre d'être capable d'aller récupérer des vêtements à l'appartement ?

—  Grand-mère, je n'ai pas le choix. J'ai rien à me mettre. Je vais appeler un taxi et de toute façon je n'en aurais pas pour longtemps.

— Dans ce cas je viens avec toi, hors de question que je te laisse seule dans ton état.

— Je n'ai pas le choix, hein ? Demandé-je  en connaissant déjà la réponse. 

— En effet, me répond-elle d'un ton autoritaire. 

Je souris, me redresse de mon lit et file à la salle de bain m'asperger le visage d'eau fraîche. Je relève mes yeux vers le miroir pour attraper ma serviette et quand je vois mon reflet à travers celui-ci, un cri de stupeur sort du plus profond de ma gorge. Mon teint est blafard, je ressemble à un mort-vivant. Je comprends soudain le désarroi de ma grand-mère et son désir de m'accompagner.

Une demi-heure plus tard, le manteau sur le dos, nous grimpons dans le taxi direction l'appart. Nous arrivons vingt minutes plus tard et une boule d'angoisse se forme au creux de ma gorge quand j'insère ma clé dans la serrure. J'ouvre et nous pénétrons à l'intérieur du salon, une odeur de tabac et d'alcool nous accueillent et nous piquent les yeux. Je m'avance évitant les ordures au sol afin d'atteindre notre chambre, mon cœur palpite à vive allure et ma vue se brouille, faite que je ne découvre rien de compromettant derrière le battant. Je lâche un soupir, me sermonne et ouvre. Je suis soulagée en voyant le lit fait et aucun vêtement appartenant à une autre femme. Je prends deux trois fringues, mes sous-vêtements et mes produits de beauté que je fourre dans mon sac. Un quart d'heure plus tard, je suis prête à franchir le pas de la porte d'entrée, lorsque je sens une main rugueuse et chaude à la fois me retenir par le poignet. Merde! Je me détourne légèrement tremblante et tombe nez à nez avec Johan le cadet de Gareth. 

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? Demandé-je surprise. 

— D'après toi ? Tu as anéanti mon frère, rétorque t-il en me détaillant d'un regard noir.

— Faux, c'est lui qui…

Johan m'interrompt en posant son index sur ma bouche, sous les yeux ébahis de ma grand-mère qui assiste à la scène.

— Tu l'as trop vite jugé et aujourd'hui Gareth souffre de ton absence, mais à priori, il n'est pas le seul à ce que je vois.

— Johan, je ne veux pas en parler avec toi.

— Bien mais sache une chose, il t'aime plus que tout. N'abandonne pas mon frère s'il te plaît, il ne s'en remettra pas, s'exprime t-il en me lançant un regard peiné. 

— Écoute, comme je l'ai dit à ton frère, j'ai besoin d'un petit peu de temps. Je l'aime, Johan, mais pour l'instant tout mon être souffre. Je suis désolée dis-je en me retournant pour quitter les lieux comme une sauvage.

C'est en courant que j'atteins la sortie de l'immeuble, sans même attendre ma grand-mère qui me hurle dessus puis me mitraille de ses prunelles lorsqu'elle atteind la sortie avant d'ouvrir ses bras pour que je puisse me blottir à l'intérieur d'eux, tandis que je m'excuse en déversant ma peine contre son corps frêle.

Fin de ce chapitre.

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