Chapitre 23

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Gareth

Trois mois et demi que je me lève chaque jour et que chaque matin, le moral en bas des chaussettes et que je garde ce rituel à la con. Sentir et serrer son oreiller contre mon visage. Je suis d'un pathétique affligeant, limite comme une gonzesse. Si mon frère tombait sur moi ainsi, il se foutrait bien de ma gueule. J'esquisse un petit sourire à cette pensée, mais reviens vite à la réalité. Pourquoi autant d'absence, bordel ! J'aimerais tant à cet instant pouvoir humer cette délicieuse odeur vanillée qui se dégage du corps de ma princesse, pouvoir toucher sa peau du bout de mes doigts afin de la rendre accro autant que je le suis depuis son départ. Mais tout cela a disparu depuis une bonne dizaine de semaines. 

Elle me manque à un point que je ne pensais jamais atteindre, aucune autre femme qu'elle, n'a pu me faire ressentir ce que j'éprouve depuis son absence. Je suis tout simplement devenu un toxico, ayant besoin de sa dose quotidienne pour survivre, voilà dans quel état je me trouve actuellement. C'est frustré que je me lève de notre lit avec une gaule d'enfer. Je file à la douche expressément et me fais ressentir du plaisir à l'aide de ma main, imaginant celle de Swanne posée sur mon membre. 

Une fois sorti, je m'habille et m'observe une dernière fois à travers le miroir. Je me trouve légèrement amaigri et fatigué. 
En même temps avec la maladie de ma mère, les agences à gérer et Swanne qui est distante en ce moment, je pense que c'est logique. Putain, dès fois, j'aimerais revenir en arrière. Allez Gareth, ressaisis toi, il est temps de partir bosser. 

Une bonne demi-heure passée dans les bouchons, j'arrive à temps pour l'ouverture de l'agence. Je retrouve devant celle-ci, Charlotte et les deux autres employés discutant de leur week-end. 

— Bonjour tout le monde, vous allez bien ? Demandé-je d'un ton morne.

— Mieux que toi, annonce Charlotte en s'approchant un peu trop près à mon goût. 

Je recule légèrement tout en marmonnant dans ma barbe, mon ex-copine me sort par les yeux. Je supporte de moins en moins sa présence. C'est donc d'un pas pressé que je fais le point et me dirige vers la deuxième agence afin d'être tranquille sans avoir Charlotte sur mon dos qui m'impose sa poitrine siliconée sous les yeux.

Installé à mon bureau, je vérifie une dernière fois mon planning, quand mon portable perso émet un vrombissement, signifiant soit un message ou un appel. Je m'en saisis rapidement et découvre que c'est Swanne qui essaye de me joindre. Je m'empresse de décrocher, heureux de pouvoir l'entendre. 

— Bonsoir princesse, comment vas-tu ? 

— Bonjour amour, bien il me tarde de te retrouver dans cinq jours. 

— Moi, aussi ma princesse. 

Ah ça, je le confirme, vu ce que tu as fait ce matin dans la salle de bain, s'immisce la voix de ma conscience sous mon crâne.

—  Patiente un petit peu mon amour, je suis là ce week-end. 

— Attends tu peux répéter ce que tu viens de dire? 

Elle t'a dit mon amour d'une voix charmeuse, rhô bon sang, j'adore cette intonation. Reprends toi et questionne la sur Louis au lieu de penser avec ta queue.

— Comment va ton frère ma douce ? 

— Pour le moment il gère, on s'est fait une soirée rien que tous les deux et je suis heureuse de l'avoir vu sobre.

— Tant mieux c'est l'essentiel, on en reparle plus tard, je vais devoir te laisser ma douce, j'ai une visite à faire dans à peine vingt minutes. 

— Ok, je te rappelle plus tard. Je t'aime Gareth. 

— Je t'aime aussi princesse à tout à l'heure. 

L'appel rompu, je souris comme un ado ayant obtenu une réponse positive à sa première demande de rencard. Je vérifie l'heure et attrape ma sacoche, ferme l'agence. J'arrive avec deux minutes de retard merci les embouteillages puis m'excuse devant le couple avant de faire la visite de la demeure. Je ressors satisfait de ce rendez-vous, car nous avons signé une promesse de vente. Je reprends mon véhicule et pars à nouveau pour la seconde visite.

La journée se déroule ainsi, entre les rendez-vous pris par téléphone et la présentation de nos biens immobiliers à vendre. Je ferme boutique vers dix-huit heures et me dirige vers la deuxième. À peine la porte franchie, je me retrouve seul en compagnie de Charlotte qui est beaucoup trop entreprenante. Je suis obligée de la remettre à sa place d'un ton autoritaire et lui avouer le retour de ma petite brunette qui fait vibrer mon cœur.

— Bordel, tu peux arrêter deux minutes ton manège, tu me fatigues à la fin. Ton charme ne fonctionne plus sur moi ?J'aime Swanne et elle revient ce week-end. La sermonné-je en m'écartant d'elle.

— Et si je n'en ai pas envie ? M'interroge t-elle en caressant ma nuque. 

— Arrête ça! Hurlé-je en frappant sa main tout en me relevant de mon siège. 

— Ne fais pas ton rabat-joie, je sais que tu aimes, minaude-t-elle en collant sa poitrine à mon torse. 

— Mais merde à la fin ! Qu'est-ce que tu n'assimiles pas, quand je te dis que je ne suis pas intéressé?  M'énervé-je en la poussant. 

J'attends sa réponse, bras croisés sur ma poitrine, mais aucun son ne sort de sa bouche. Charlotte m'observe de la tête aux pieds, un sourire espiègle sur les lèvres. Je soupire d'exaspération puis de ma voix la plus sombre, je l'invite à quitter les lieux. Ma journée s'est très bien passée dans l'ensemble hormis ma confrontation de fin de soirée. Une fois que Charlotte emprunte la sortie, je patiente quelques minutes avant de quitter le local. Je cours au parking, grimpe dans ma caisse et emprunte la route qui mène chez mes parents, je ressasse dans mon crâne la scène qui vient de se dérouler avec mon ex. Je vais devoir en toucher deux mots à ma mère. Le comportement de sa responsable doit cesser à mon égard, je ne vais pas le supporter longtemps, Charlotte est à la limite du harcèlement. Rien que d'y songer des frissons de dégoût me traverse le bas du dos. 

Devant le portail de la maison familiale, j'actionne le bouton de la télécommande, attends qu'il finisse de s'ouvrir puis me gare dans l'allée. Sortant de mon véhicule, j'aperçois mon père à la porte d'entrée. 
Je le prends dans mes bras et remarque que de nouvelles rides sont apparues sur son visage, déjà marqué et éprouvé par l'état de santé de ma mère. 

— Bonsoir papa, comment va maman ?  Interrogé-je inquiet en pénétrant à ses côtés dans le salon. 

— Elle est épuisée, mais c'est une battante, ta mère est au premier elle se repose. 

— Bien et toi comment tu te sens ? Demandé-je en m'installant sur le canapé. 

— C'est difficile de voir ta mère ainsi, mais tout comme elle, je reste fort lui cachant ma peur de la perdre. Répond-il en baissant son regard vers le sol. 

— Papa, elle va s'en sortir, il y a peut-être un donneur compatible d'après l'hôpital on doit juste patienter. 

— J'espère que tu auras raison, sinon changeons de sujet, alors dis moi comment toi tu gères l'absence de Swanne et des agences ? 

Je reprends mon souffle, me masse les tempes et raconte mes péripéties avec Charlotte, ce qui lui fait froncer les sourcils. Néanmoins je n'en ai littéralement plus rien à foutre de cette pimbêche. Je le rassure et enchaîne sur le retour de ma princesse et c'est un sourire chaleureux qui se dessine sur ses lèvres. Mon père ne m'a jamais donné sa position au sujet de ma relation avec Swanne. Mais de le voir heureux pour moi à la prononciation de son prénom, me prouve que mon paternel accepte cette relation tout comme ma mère. Avant de quitter la maison de mon enfance, je grimpe les quelques marches menant à l'étage, pénètre dans la pièce où seule la lampe de chevet est allumée. J'observe ma mère endormie et amincie, de la voir dans cet état me vrille le bide, alors je prie tous les dieux inimaginables pour qu'ils puissent lui accorder une seconde chance. Je dépose un tendre baiser sur le front et sur sa main avant de fermer la porte la larme à l'œil, je salue mon père d'une accolade et reprend le chemin de mon appart. Une fois à mon domicile, je balance mes chaussures dans le placard, enfourne dans le micro-ondes un plat tout prêt, avant de prendre une douche et d'appeler ma princesse. Notre communication a durée vingt minutes et c'est le cœur plus léger que je m'allonge sur le sofa,  pour visionner un film d'action. Cependant, mon esprit est ailleurs, il vagabonde dans le futur, en imaginant les retrouvailles avec ma belle brune qui dans quatre jours réintégrera ma vie. 

Fin de ce chapitre.

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