Chapitre 22

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Swanne

De retour du lycée avec mon frère Louis, je suis soulagée et fière qu'il se soit enfin ouvert à moi. Maintenant, mon cadet doit faire de même avec les autres membres de la  famille. Ce que j'admet risque d'être plus difficile face à Cameron et ma tante Blanche tout particulièrement. Cependant, je ne me serais jamais douté que son mal-être pouvait provenir du décès accidentel de son meilleur ami, Matthew. En y réfléchissant bien, depuis mon retour,  je ne l'avais pas revu depuis un bon moment. Je pensais à une simple dispute entre deux potes, seulement je m'étais planté en beauté. Aujourd'hui, je comprends mieux le comportement de Louis, même si je désapprouve amplement le fait qu'il se soit drogué pour oublier les circonstances. Néanmoins il doit admettre qu'il n'est en rien fautif de ce tragique accident, afin de pouvoir avancer. 
Je n'ose imaginer mon comportement, si je m'étais retrouvée dans cette situation. Quoique, Gareth ne m'aurait pas lâché d'une semelle avant que je ne crache le morceau. 

Punaise, rien que de penser à lui mon cœur se comprime dans ma poitrine, il me manque chaque jour qui passe. Pourtant, ma priorité reste mon frère, tant que son rétablissement ne sera pas total, je ne pourrais pas quitter Denver, pour retrouver l'homme que j'aime.

Je sais que Gareth m'en veux énormément, je le perçois à chaque fois que nous sommes en visio ou au téléphone. Il va falloir que je lui annonce ce qui me retient, malgré lui avoir en partie caché la vérité. Gareth aurait parfaitement compris, or, je ne me sentais pas capable de lui rajouter un poids supplémentaire sur la conscience. Il doit  gérer déjà la santé de sa mère et les agences, c'est bien assez suffisant. Seulement à tout moment, il peut mettre fin à notre relation et me briser encore plus que je ne le suis, en ne supportant plus mon absence. Mais je garde espoir et confiance en l'amour et du lien qui nous unit. Je dois passer outre ce stress et cette angoisse qui me bouffe de l'intérieur depuis trois mois. 

                    ****************

Avril, le printemps s'est installé et le soleil est à son zénith. En ce jeudi matin, j'emmène mon frère pour son tout premier entretien chez le psy. Le parrain de Louis, Thomas a souhaité nous accompagner, tout comme ma tante, mais Louis a décliné leurs offres. Il est encore honteux de ce qu'il nous a fait endurer.

Après une bonne demi-heure de trajet, je trouve une place et nous quittons la voiture. 
Louis est de moins en moins confiant, une fois les portes du bâtiment passées. Instinctivement, je saisis sa main que je serre dans la mienne. Il accroche son regard similaire au mien et me remercie dans un murmure. Je lui décoche un sourire réconfortant, avant que les portes en acier de l'ascenseur s'ouvrent. Mon frère pénètre en premier,  je l'entends soupirer et reprendre sa respiration à plusieurs reprises pour extérioriser le stress qui monte en lui. 

— Tout va bien se passer, je te le promets et je ne serais pas loin, le rassuré-je en souriant.

— Merci d'être ici avec moi, me répond-il en me serrant fort dans ses bras.

— Hé, je serais toujours là pour toi, tu es mon petit frère, m'exprimé-je en lui rendant son geste.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur l'étage concerné et nous avançons dans un couloir peint en blanc, avant de tomber devant le comptoir de la secrétaire, qui prend tous les renseignements nécessaires avant de nous indiquer la salle d'attente.
Une fois assis sur les chaises en bois, je prends le temps de tout observer autour de nous. Tout est vieillot et l'odeur de renfermée qui s'en dégage me fait légèrement plisser les narines. Les affiches encadrées aux murs font flipper et soudain je me demande si nous sommes réellement au bon endroit.Je suis sortie de ma contemplation par un raclement de gorge qui me parvient aux oreilles. 

— Bonjour, je suis le Docteur John, nous annonce un homme brun de grande taille, avec des lunettes rondes sur le visage et revêtu d'une blouse blanche. 

Nous le saluons et Louis quitte la salle, par une porte que je n'avais même pas aperçue. Je patiente tranquillement avec mon téléphone portable, en lisant mes messages ou jouant aux jeux. Trois quarts plus tard, mon frère réapparaît sous mes yeux, un sourire dessiné sur son visage et je suis heureuse de le voir ainsi. Nos blousons sur les épaules, nous sortons des lieux en repassant par l'accueil pour reprendre un autre rendez-vous. 

— Alors, racontes tout s'est bien passé ? Demandé-je impatiente.

— Oui, d'apparence ce doc est bizarre mais il est de très bons conseils.

— Cool, ravie pour toi, sourié-je en reprenant la route.

De retour à la villa, c'est une toute autre ambiance qui nous attend. En particulier me concernant. Blanche demande à me parler seule à seule sous le regard surpris de Louis. 
Je la suis jusqu'à la terrasse, ma tante lisse ses cheveux, soupire et se lance dans son discours. Lorsqu'elle le termine, des larmes roulent sur mes joues, ma seconde mère vient les essuyer du bout des doigts avant de me serrer fort contre elle. Je me recule après avoir retrouvé un semblant de calme et lui pose des questions. 

— Pourquoi ? Demandé-je la boule au ventre. 

— Swanne, pour quelles raisons, tu ne lui as rien dit pour Louis ? Me questionne-t-elle à son tour. 

— Pour ne pas l'alarmer, rétorqué-je gênée. 

— Ma puce, c'est la même chose pour lui, m'informe t-elle en me maintenant le visage tout en me fixant avec tristesse.

— J'aimerais tant être avec lui à cet instant, mais Louis a besoin de moi, affirmé-je d'une voix saccadée. 

— Nous sommes là pour ton frère avec Cameron, les jumeaux et Thomas. Gareth n'a que son frère et son père qui sont autant ébranlés que lui. Il a besoin de toi et de ton amour. 

— Mais...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que ma tante m'interrompt. Elle m'explique que je pars la semaine prochaine, que je n'ai pas à jouer le rôle d'une mère pour Louis. Gareth a besoin de moi, mon homme est malheureux et perdu. Je finis par acquiescer, surtout quand elle m'annonce qu'elle me tiendra au courant des progrès de mon cadet. 

Le reste de la journée, je la passe dans un état second, allongée sur mon matelas. Je repense sans cesse aux paroles prononcées par ma tante. Je savais que la mère de Gareth était souffrante, mais pas au point d'apprendre que l'un de ses reins était touché. Le plus inquiétant c'est qu'elle va devoir subir des dialyses, jusqu'à ce qu'il y est un donneur compatible. 
Putain qu'elle conne ! Je m'en veux de ne pas avoir su repérer la détresse, dans la voix ou sur le visage marqué, depuis deux semaines de mon homme. Maintenant, j'en connais les raisons et cela me touche énormément. Rose ne mérite pas ce qui lui arrive. Sans plus réfléchir une minute de plus, je me saisis de mon portable et lance l'appel. Après trois sonneries, Gareth décroche et je laisse un soupir involontaire s'échapper de mes lèvres. 

— Hé princesse, tout va bien ? 

— Oui ça va et toi ? 

— Tout va bien.

Rho, le menteur, je l'entends maintenant à l'intonation de sa voix qu'il ne va pas bien. 

— Gareth… , tu mens et je suis au courant pour ta mère, alors s'il te plaît arrête de nier les choses et dis moi ce qu'il en est.

Après quelques secondes de silence lourd de sens, il finit par me répondre. Heureusement car pendant ce laps de temps je me suis imaginée le pire. 

— Comment ? Demande t-il par d'une voix monocorde. 

— Blanche, dis-je en me redressant en position assise.

De nouveau ce silence entre nous, puis des soupirs, avant qu'un ok me parvienne à travers le combiné.
Ce mot me brise plus qu'il ne le devrait , je reprends tout de même contenance. Gareth se dévoile avec des trémolos dans la voix. Je décide de dévier la conversation sur mon retour imminent. Gareth reprend ses esprits et son euphorie se fait entendre. Il me demande la date et l'heure de mon arrivée. Je lui donne tous les renseignements et nous restons dix bonnes minutes de plus au téléphone, avant de nous séparer par des "je t'aime et tu me manques".
Après avoir raccroché, c'est le cœur plus léger, que je retrouve ma famille. Je les embrasse chacun leur tour, les surprenants par mon geste. Je suis tellement heureuse, que je propose à Louis de se faire une sortie frère-sœur, qu'il accepte avec entrain. 
Avant de nous éclipser, ma tante me lance un clin d'œil, me remet les clés de sa voiture et me voilà partie avec Louis pour une soirée mémorable. J'espère que le programme que j'ai prévu pour nous lui plaira énormément. Je tiens à profiter de mon frère un maximum avant de repartir dans ma ville natale. 

Fin de ce chapitre.

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