Chapitre 14

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Swanne

L'enfoiré ! Comment a t-il osé inviter Charlotte en ma présence? Pour assouvir ses besoins sexuels, je devais m'en douter après tout. Un homme avec expérience ne peut pas rester trois semaines sans rien faire. Je n'en reviens pas qu'il ait pu faire ça, après le dîner d'hier soir, mais ça devait certainement partie de son plan.
Punaise ! Et l'autre chaudasse qui ne s'est pas gênée en ma présence ce matin, pour mettre sa main dans son froc en l'embrassant, je n'imagine même pas la suite, si je n'étais pas sortie de la chambre. Je les hais tous les deux, putain !

Depuis dix neuf ans, je pensais qu'il me considérait différemment par rapport à toutes ses pouffiaces. J'ai cru être l'unique à ses yeux, mais au final je me suis bien plantée. Mon parrain n'est qu'un menteur, un queutard, un... Bref, arrête de penser à lui, tu te fais du mal, ce salop ne mérite pas que tes pensées s'envolent vers lui. Je suis tellement en colère contre lui que je ne vois même pas la direction que j'emprunte et maintenant me voilà perdue, il ne manquait plus que ça.

Je suis vraiment maudite, ma bonne fée m'a abandonnée face à mon destin merdique. Aujourd'hui, c'est une tout autre personne qui me manipule. Là haut, il y a un individu qui doit gérer ma vie, et j'avoue qu'il doit sacrément bien s'amuser avec tout ce que je subis.

Bon Swanne revient sur terre car franchement, là tu te retrouves de l'autre côté de Bordeaux, sans savoir comment revenir.
Je continue ma marche et tombe sur un panneau d'affichage, je regarde le plan et me ressens du soulagement, je ne suis pas si loin que ça, j'ai juste besoin de récupérer un tramway et rentrer. C'est blasée, que je fais demi-tour jusqu'à ce que j'arrive à un arrêt de tram, évidemment avec ma chance légendaire, je dois patienter vingt minutes jusqu'à l'arrivée de la rame. Je lève les yeux au ciel et soupire de frustration avant de m'asseoir sur un banc en aluminium. Je patiente tranquillement en observant ce qui m'entourent les voitures, les arbres et les façades des échoppes, au fur et à mesure que mon esprit et mon corps se reconnectent je retrouve ma sérénité. Cependant, madame poisse fait son retour lorsque le panneau d'affichage affiche un incident sur la ligne. Ce n'est pas possible ! Je me lève folle de rage, déambule de gauche à droite en frappant du pied les graviers qui se trouvent au sol. Je n'ai plus de choix, que de revenir sur mes pas comme les personnes présentes et reprendre mon chemin pour une bonne marche à pied. Tout ça c'est de la faute de ce connard et en prime il a le culot de m'appeler.
Putain c'est vraiment ma vaine. C'est hésitante que je finis par rapprocher.

— Quoi ! Crié-je en décrochant

— Mais tu es où bon sang ? Demande t-il furieux.

— Ça ne te regarde pas, occupe-toi de tes fesses et fous moi la paix, rétorqué-je avant de lui raccrocher à la gueule.

Mais bien sûr, le roi du sexe m'appelle une nouvelle fois, je rejette l'appel puis éteins mon téléphone. Une fois la place Stalingrad traverser avec son lion, je continue mon trajet sur le pont de Pierre en passant par-dessus la Garonne. J'arrive toute en sueur à la porte grande arche de la porte de Bourgogne où je peux récupérer un bus qui va me ramener chez ma grand-mère Ingrid vers le parc Bordelais.

***************

À quelques mètres de la demeure d'Ingrid, ma malchance me poursuit. J'aurais dû me douter que Gareth, mon très cher parrain, allait m'attendre devant. Non, mais franchement il ne peut pas me foutre la paix!
Arrivée à son niveau, je lève les deux mains en l'air pour lui faire comprendre que je ne souhaite pas l'écouter. Néanmoins c'est sans compter sur son obstination, j'avais oublié quelques secondes qu'il était très têtu.

Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de lui et j'explose de rire tandis qu'il me regarde ahuri, ne comprenant pas mon comportement. Oh, s'il savait la matinée de merde que je viens de passer, il en rigolerait certainement lui aussi.

Quoique en l'observant, je ne suis plus certaine.

— On doit parler Swanne, m'explique t-il en s'avançant.

— Mais, je vous en prie mon seigneur, je vous écoute. Réponds-je en faisant une courbette.

— Sans déconner, tu as bu, fumé, pris de la drogue ou quoi ? M'interroge t-il en fronçant les sourcils.

— Non, connard, ma matinée a été merdique ça te convient réponse, m'énervé-je en le fusillant du regard.

— Ne me parle pas sur ce ton! M'ordonne t-il en croissant ses bras sur sa poitrine.

Il m'agace avec ses airs supérieurs, il se prend pour qui cet enfoiré ?

— Je te parle comme je veux, maintenant dégage, je souhaite rentrer trer chez moi et je te rappelle que tu as un rencard cette après-midi. L'engueulé-je avant de le pousser d'un coup d'épaule.

— Arrête ça de suite ! Décrète t-il en se saisissant de ma taille tout en me rapprochant de lui.

Cependant, je ne laisse pas faire et gigote entre ses bras.

— D'un, tu me lâches, je ne passe pas après ta petite amie. De deux, tu me donnes envie de gerber.

— Bordel, arrête Swanne ! C'est toi ma petite amie, je ne veux que toi, expose t-il d'un air peiné en caressant ma joue.

Je dévie mon visage, il m'écœure surtout en repensant à la scène de ce matin. Son regard émeraude m'observe avec tristesse mais à l'heure actuelle, je n'en ai plus rien à foutre. Il n'a rien fait pour éloigner Charlotte, au contraire, il sait laisser faire et rien que cela, ça me fend le cœur. Les larmes que je retenais depuis cette fin de matinée se déversent à flots. Je n'arrive plus à me contenir, mon corps tremble, ma respiration se saccade. Je le déteste de me faire souffrir autant.

— Swanne, regarde moi, je t'en prie, je peux te jurer que je n'ai rien fais, au contraire, je lui ai dit de se barrer.

— Mais bien sûr, je vais croire le roi du sexe et du mensonge, le défié-je du regard.

— Putain, je devrais dire quoi moi, quand Ben est à tes côtés toute la journée à la Fac. S'exclame t-il en me relâchant tout en passant une main dans ses cheveux.

Il n'a pas tort, cependant il ne sait pas que je ne vois que très rarement son cousin. Je devrais lui dire, car quand je l'observe comme à cet instant, je n'ai qu'une envie me blottir dans ses bras pour savourer sa chaleur et son réconfort. Hors je n'arrive pas à chasser de ma tête les images de ma tête et à nouveau je monte le ton.

— Ah parce que maintenant, ça va être de ma faute ? L'interrogé-je lassée de cette conversation.

Il remue la tête de gauche à droite, tout en me détaillant de la tête au pieds sans pour autant me répondre. Ma patience est arrivée à son point de rupture puisqu'il décide par lui-même de garder le silence.

— Je crois qu'on a plus rien à se dire, rentre chez toi Gareth. Annoncé-je en passant à côté de lui.

Il essaye de me retenir, mais c'est trop tard, la peine, la déception et la trahison qui transpercent mon âme et trop profonde. Aucun retour en arrière n'est possible. C'est la tête basse et les mains sur mes oreilles que j'avance pour ne plus l'entendre.

Je suis à l'intérieur de chez Ingrid, cours dans ma chambre, saisis mon portable et envoie un message à la mère de Gareth pour lui dire que je ne travaillerais plus pour elle.

Je repose mon téléphone, m'allonge sur mon lit, et mon imaginaire m'emporte vers les trois dernières semaines que je viens de passer à ses côtés. Qui aurait cru que cela allait se terminer ainsi, certainement pas moi. Je soupire de désolation et d'incompréhension en me posant de multiples questions.

Pourquoi suis-je tombée raide dingue amoureuse d'un homme de vingt ans de plus que moi? Explique-moi, toi mon ange gardien, qui est sensé veiller sur moi. Je ne comprends plus rien, murmuré-je en observant le ciel qui s'obscurcit en ce début d'après-midi, à travers les fenêtres de ma chambre.

Je n'ai pas de réponse de sa part, mais la pluie répond à sa place, en se déversant sur les carreaux, tout comme les larmes qui s'écoulent de mes yeux. Je ferme mes paupières essayant d'effacer de ma mémoire tout ce qui me relie à Gareth. Néanmoins au plus profond de moi, je sais que cela est impossible.

Fin de ce chapitre.

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