Chapitre 12

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Swanne

Deux mois se sont écoulés, sans que je ne revois Gareth depuis notre dispute et dans un sens je suis soulagée, même si par moment il me manque. Mais, j'ai fait le choix de l'oublier et c'est ce qui se produit depuis trois semaines avec Ben, mon petit ami. Il sait me redonner le sourire, il est affectueux et compréhensif. Ben est le mélange de Greg et de Gareth à la fois et quand il m'embrasse, me caresse, j'en oublie presque l'existence de Gareth, qui reste toujours ancré dans mon cœur. En même tant, difficile d'effacer dix-neuf années de complicité, surtout que cet homme continue à me hanter dans mes rêves. Je me demande quelquefois si ce n'est pas lié à leur lien de parenté. Les deux cousins se ressemblent énormément, seules leur taille et la couleur de leurs yeux est différente. Allez Swanne revient à l'instant présent, tu dois te préparer pour partir travailler. Vers huit heures trente, je quitte la maison d'Ingrid, pour rejoindre l'agence immobilière du centre-ville, pour laquelle je travaille depuis un mois auprès de Rose, la tante de Ben et la mère de Gareth avec qui je m'entends à merveille. 

Devant l'agence, je suis surprise de voir le rideau fermé, je sors de mon sac le double des clés et ouvre la grille ainsi que la porte. Rose doit avoir un peu de retard, cependant après vingt minutes à être seule, je commence à m'inquiéter. Je me saisis de mon portable et décide de l'appeler, après deux appels sans réponse, la panique commence à s'emparer de mon être. Je me vois dans l'obligation de joindre la deuxième agence pour savoir s' ils connaissent les raisons de son retard.

— Agence immobilière Jean, bonjour que puis-je pour vous ? 

Bien évidemment, je devais tomber sur elle, Charlotte. C'est bien ma vaine tient , il manquerait plus que Gareth me rejoigne à l'agence. 

—  Bonjour, c'est Swanne, Rose n'est pas encore arrivée et je m'inquiète, tu aurais des informations car la je suis toute seule et je n'ose pas ouvrir l'agence.

— Oh, attends deux petites minutes, je me renseigne.

Je l'entends appeler Gareth et le surnom qu'elle lui donne me donne envie de gerber. 

— Swanne, c'est Gareth, depuis combien de temps, tu es seule à l'agence ? 

Putain, il fallait qu'il me réponde, elle ne pouvait pas le faire à sa place. 

— Je dirais trente minutes. 

— Ok, tu as essayé de joindre ma mère. 

Putain ! Mais pour qui il me prend ? Si j'appelle la deuxième boutique, c'est que j'ai pas réussi à joindre sa mère. Il m'énerve de prendre son air supérieur avec moi. Je soupire pour me calmer puis lui repond.

— Oui, j'ai tenté deux fois et rien alors je fais quoi, je ferme ou j'ouvre ?

Il m'annonce de ne pas bouger et qu'il arrive. Ce n'est pas possible, on m'en veut aujourd'hui, j'ai dû faire un truc de mal dans une vie antérieure. Je sens que la journée va être longue et atroce avec lui à mes côtés. 
Gareth se pointe dix minutes plus tard, en ouvrant la porte à la volée, ce qui me fait sursauter et pousser un petit cri.

— Désolé, je ne voulais pas te faire peur.

Il fallait y penser avant abruti.

— C'est bon, c'est pas grave, réponds-je en évitant de le regarder.

— J'ai eu mon père, ma mère est malade, il devait te prévenir, mais il a oublié m'annonce t-il. 

—  D'accord et je fais quoi ? Questionné-je en craignant déjà sa réponse. 

— On ferme en laissant un mot sur la vitrine et tu pars avec moi pour travailler à la seconde agence, répond-il en attrapant un feuille.

 Bordel, je suis maudite, je ne vois que ça. J'acquiesce d'un mouvement de la tête, fait ce qu'il me demande et le suit en silence dans les rues de Bordeaux. 
Arrivée à l'agence qui se situe proche de  la place des Quinconces, je salue l'ensemble des collaborateurs et attends les directives. Charlotte s'approche et vient me donner les directives du matin. Je dois passer des appels auprès de futurs acheteurs potentiels et me renseigner auprès d'eux, pour savoir s'ils sont toujours intéressés par les différents biens. 

La pause de midi arrive enfin et c'est soulagée que je quitte le local. Entendre les "mon amour et mon cœur" toute la matinée m'a bien gonflé. Après avoir acheté un sandwich, je pars m'isoler au jardin public, qui n'est qu'à quelques mètres de l'agence. Assise sur un banc, je savoure la tranquillité des lieux, mais des images de la matinée me reviennent en tête me coupant l'appétit. De colère, je jette mes restes à la poubelle puis pars me promener dans les chemins.

Pour me changer les esprits, je décide d'appeler Greg et je lui raconte ma matinée, ce con se moque de moi pendant cinq minutes, avant de reprendre son sérieux et m'annoncer qu'il passera me chercher avec Ben, puisqu'ils passent l'après-midi ensemble. Ben mon petit ami m'appelle à la suite et m'assure la même chose et c'est de bonne humeur que je m'apprête à quitter le parc. Mais, avec la chance que j'ai aujourd'hui, je devais tomber sur le couple Gareth-Charlotte, assis sur un banc, en train de s'embrasser avec fougue. Mes yeux me piquent et je sens les larmes une à une qui commencent à glisser sur mes joues. Je m'empresse de quitter ce lieu avant de m'effondrer devant eux. J'accélère mes pas quand je suis retenue par une main velue qui se pose sur mon poignet. Prête à en découdre avec mon agresseur, je sers mes poings, hélas je ne peux rien faire contre la force de l'homme qui me retourne et m'agresse verbalement. J'essaye de me dégager de son emprise, en le griffant puis de lui balancer un coup de genou, mais rien y fait, il évite ma jambe. Mon corps tremble de peur face à cet individu, je tente une dernière tentative pour m'échapper en lui parlant d'une voix posée. Néanmoins c'est un échec total, mes nerfs lâchent et cette fois-ci mes larmes s'évadent me brouillant la vue. Je suis libérée de son emprise par une personne que je reconnaîtrais entre mille. 

— Lâche-la immédiatement, précise Gareth avec ses yeux emplis de rage. 

— Ça va mec, calme toi, je lui veux rien de mal. Répond mon agresseur.

— Je ne le répéterai pas une deuxième fois, lâche ! s'exclame Gareth en s'avançant. 

Le jeune homme me libère et je soupire de soulagement. Je fixe Charlotte puis Gareth et pars en courant sans un mot de remerciement envers mon sauveur. Je ne supporte pas le regard des gens qui se posent sur moi. Une fois assez loin de la foule, j'extériorise ma colère, ma peine et ma peur, en hurlant les yeux levés vers le ciel. Je prie tous les dieux pour que cette journée se termine au plus vite. Un quart d'heure plus tard, je pénètre à l'agence et pars m'enfermer dans les toilettes. Je me passe un coup d'eau sur le visage, quand la porte s'ouvre sur Gareth. A travers le miroir je peux voir ses yeux verts s'obscurcir et me foudroyer de colère, je déglutis péniblement avant de le pousser afin de passer, je n'ai aucune envie d'affronter ses foudres. Bien évidemment monsieur me bloque le passage avec son corps. Foutue journée de merde !

— Ne m'évite pas Swanne, pas après ce qu'il vient de se passer au parc.

— Fous moi la paix ! M'énervé-je en le défiant du regard.

— Non ! Bon sang, j'ai cru que j'allais le tuer si Charlotte ne m'avait pas retenue, princesse tu es si précieuse à mes yeux, répond-il d'une voix peinée en fermant ses paupières.

J'ai envie de le croire, cependant la réalité me rattrape. Il ment uniquement pour se donner une bonne conscience auprès de ma tante.

 — Je pouvais me débrouiller seule, tu n'étais pas obligé d'intervenir, je ne t'ai rien demandé, rétorqué-je avec conviction.

— Mais, merde à la fin! Tu ne saisis vraiment rien, hein ? Réplique t-il en m'attrapant les poignets. 

— Non en effet, je ne comprends rien, c'est vrai qu'a tes yeux je ne suis qu'une gamine stupide qui vient juste de se faire agresser, mais ça tu t'en fou royalement, ce qui t'importe c'est ce que Blanche, Cameron et les autres penserons de toi. C'est vrai que c'est mieux de défendre sa soi disant filleule à la dernière minute, car tu préférais embrasser Charlotte, explosé-je de jalousie.

Gareth, stupéfait de mon discours, me relâche puis recule comme si je venais de le frapper. Tant mieux, il réfléchira à deux fois la prochaine fois avant de venir me parler. 
Je sors de la petite pièce, la tête haute, sans prêter attention à Charlotte et à mes collègues qui, gênés font semblant de trouver une occupation. La fin d'après-midi a été horrible entre les messes basses et les clients infectes, j'ai bien cru que ça n'allait jamais se terminer. Dix huit heures Greg et Ben pénètrent dans l'agence, c'est le sourire aux lèvres que je les accueille, sous les grognements et raclements de gorge de Gareth. 

— C'est bon, tu as terminé ? M'interroge Ben pressé de partir. 

Je m'apprête à lui répondre, quand Gareth intervient à ma place. 

— Non, elle n'a pas encore fini, les informe t-il en relevant son visage d'un dossier.

— Ok, on t'attend dehors dans ce cas, à tout de suite ma puce, annonce t-il en se précipitant vers la sortie.

Une fois mon petit ami à l'extérieur ainsi que les autres employés. Il ne reste plus que Gareth  Charlotte et moi. Je me lève de mon siège et me place face à lui, les mains croisées sur ma poitrine. 

— Tu peux m'expliquer pourquoi je ne peux pas partir? Craché je frustrée.

— Parce que toi et moi, nous allons discuter de ton comportement. Ah et par la même occasion, tu peux demander à Ben et ton ami de ne pas t'attendre, je pense qu'on va en avoir pour un moment vu ton entêtement, m'explique t-il en se redressant pour embrasser Charlotte qui quitte le bureau à son tour.

Je me détourne pour ne pas avoir à observer cette scène et préviens d'un texto les garçons. Gareth ferme le rideau et s'approche dangereusement de moi, m'obligeant à me maintenir au bureau derrière moi. Il est si prêt que mon corps frémit de désir lorsqu'il me surplombe de sa hauteur et m'emprisonne dans l'étau formé par ses bras.

— Maintenant que nous sommes seuls nous allons discuter et comme tu peux le constater, tu ne pourras pas t'enfuir cette fois-ci, murmure t-il à mon oreille.

— Qu'est-ce que tu veux ? Bégayé-je désorientée par l'intensité que dégage ses prunelles.

— Toi et rien d'autre que toi, susurre t-il ses lèvres bien trop proche des miennes.

— Hein ? 

Putain t'as pas plus intelligent à dire me souffle ma conscience. 

— Princesse, tu as parfaitement entendu, j'ai beau essayer de renier mon attirance pour toi rien y fait. C'est toi que je désire malgré notre éloignement, je ne cesse de penser à toi. 

— Pourquoi tu m'annonce ça maintenant ? Déclaré-je anxieuse.

— Parce que je t'aime comme un fou, que je n'ai qu'une envie c'est de goûter à nouveau à  ses lèvres, que je veux t'avoir dans mes bras, te sentir frémir, t'entendre hurler mon prénom quand je te ferais l'amour, t'emmener au resto,mais surtout je veux retrouver notre lien. 

Je dois rêver, c'est impossible autrement, je me pince même le bras pour en être sûre, mais non tout est bien réel vu la douleur que je ressens sur mon membre. Gareth  m'observe silencieux attendant la moindre réaction de ma part. Seulement voilà je suis perdue, troublée et touchée par ses paroles, plus de six mois que j'attends ce jour et il est enfin arrivé et je ne sais même pas comment réagir, je ne veux blesser personne.

— Swanne... Réponds-moi, ne me laisse te regarder en silence comme un con. 

— Je... je ne sais pas quoi te dire, bafouillé-je en contrôlant mes émotions. 

— Alors laisse moi agir à ta place mon ange, me supplie t-il en caressant ma joue.

Et voilà, il a réussi à me faire craquer juste en me touchant, je suis vraiment irrécupérable, surtout quand d'un hochement de tête, j'accepte sa demande. Le visage de Gareth s'égaye, ses doigts se placent sur mes pommettes et ses lèvres viennent frôler les miennes avant de les dévorer fiévreusement. Son torse se colle à ma poitrine tandis que je m'accroche à lui, gémissante de bonheur. Nos âmes fusionnent à nouveau lorsque nos langues entrent en contact pour faire connaissance. Néanmoins, je romps notre échange de tendresse, sous le regard interrogateur de Gareth. 

— Princesse qu'est ce qu'il y a ? M'interroge t-il inquiet.

— On n'a pas le droit de faire ça, tu as pensé à Ben et Charlotte, expliqué-je en ressentant un petit pincement au cœur. 

— Swanne ne t'échappe pas à nouveau, je t'ai et je te garde, on trouvera une solution, je te le promets, m'indique t-il en me serrant contre son torse.

Je me laisse bercer par le réconfort de ses bras qui m'ont tant manqué, en réfléchissant à une échappatoire.

Fin du chapitre.

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