Chapitre 10

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Swanne

Effondrée, c'est l'état dans lequel je me trouve, en déambulant dans les ruelles de Bordeaux. Mes larmes se sont estompées, mais la boule d'angoisse au creux de ma gorge subsiste. Mes pas résonnent sur les pavés, la tête basse, je m'avance vers l'appartement de Greg. Mon moral et au plus bas, je revois sans cesse leur baiser. Je n'aurais jamais dû me retourner pour vérifier si Gareth me suivait. Maintenant, je n'ai qu'une envie, c'est de vomir le peu de nourriture que j'ai ingurgité. Mais je dois reconnaître qu'il forme un beau couple. Charlotte est une femme magnifique, blonde aux formes délicate, alors que moi, je suis une jeune fille de dix neuf ans banale, brune aux yeux bleus. 

Arrête de penser à eux et soit heureuse pour lui, me souffle ma conscience. 

Pourquoi, c'est si dur à accepter ? Mon cœur est brisé, tout comme mon corps qui souffre par les spasmes qui le secouent. Je dois me faire une raison et m'effacer. Il a droit au bonheur, même si quelques minutes auparavant, Gareth me disait qu'il m'aimait  tout en déposant un baiser tendre sur mes lèvres. Pourtant ça ne change en rien la donne, il a des sentiments pour Charlotte, je l'ai vu dans ses yeux et à la manière dont il la touche. C'est déçue et en colère que je frappe du pied, une pierre sur mon passage. 
Je ne suis plus qu'à quelques mètres de l'appartement de Greg. Je reprends mon souffle avant d'appuyer sur la sonnette. Je vais certainement le réveiller, mais à l'heure actuelle, il n'y a que lui qui pourra comprendre mon désespoir. 

Mon ami, vêtu d'un bas de jogging noir et d'un tee-shirt gris, me rejoint en ouvrant la grande porte en bois. Il m'invite à pénétrer à l'intérieur, nous grimpons les quelques marches menant à son domicile et Greg déverrouille son antre, son appartement et représentatif de sa personnalité. Il est accueillant et chaleureux, des photos sont accrochées un peu partout et égayent les murs blancs de sa demeure. Greg m'incite de la main à m'installer sur son clic-clac bleu et rejoins sa kitchenette pour mettre à chauffer de l'eau. Il revient avec deux tasses à la main qu'il dispose sur la table et s'assoit à mes côtés.

— Allez, raconte, qu'est-ce qu'il s'est passé, pour que tu sonnes à ma porte à minuit passé? 

Hésitante, je finis par lui dévoiler le déroulement de la soirée, mon baiser avec Gareth et ma déception quand il a embrassé Charlotte qui s'est jetée dans ses bras. Je m'écroule dans les bras de mon ami en larmes qui me console en me caressant les cheveux.

— Chut, ma belle ça va aller, calme toi, si vous êtes liés tel que tu le dis et je le pense également, alors Gareth reviendra vers toi. Et puis il y a eu une avancée non ? Il t'a avoué ce qu'il ressentait pour toi et il t'a embrassé, ce n'est pas rien tout de même, dit-il tout en me chatouillant les côtes. 

Après ce moment de réconfort, Greg me propose de rester chez lui pour la nuit. Il ne veut pas que je rentre seule ou que je fasse une mauvaise rencontre. J'accepte volontiers et envoie un message à Ingrid pour ne pas qu'elle s'inquiète de mon absence. Pour me faire retrouver le sourire Greg à télécharger un film humoristique que nous regardons en savourant nos tisanes. Vers deux heures du matin, nous nous rendons dans sa chambre, il me jette un tee-shirt au visage que je rattrape en grognant et je pars me changer dans la salle de bain. Une fois de retour, il tapote le matelas de ses doigts, ouvre ses bras dans lesquels je me loge avant de m'endormir profondément.

Réveillée par un gémissement est une main chaude posée sur mon ventre, je sursaute dans le lit où je me trouve et mon cœur s'affole. Je me redresse vivement et suis soulagée en apercevant Greg à mes côtés. Les souvenirs de la veille affluent dans ma tête et mon estomac se tord de douleur.
Je retire sa main délicatement en essayant de ne pas le réveiller, je le vois bouger et grogner, je me retiens de rire de justesse en pinçant mes lèvres. Je me lève doucement pour aller au toilettes, quand je suis retenue par le poignet. 

— Alors, comme ça on file à l'Anglaise en laissant son amant seul, c'est vraiment moche de votre part mademoiselle Safred Swanne. 

— Idiot, je partais juste à la salle de bain, petite envie pressante, dis-je ne pouvant plus retenir mon fou rire. 

— Ouais.. Me répond-il de sa voix rauque. Allez va, je n'ai pas envie de changer ma moquette, je vais préparer le petit-déjeuner en attendant. 

Ma journée en compagnie de Greg a été excellente, il a su me changer les idées et pour rien au monde je regrette mon choix de m'être rendu chez lui. Vers dix-huit heures, mon ami me propose de me raccompagner chez ma grand-mère en voiture. Nous sommes plus qu'à quelques mètres de chez elle, lorsque je reconnais le véhicule qui est stationné devant la maison. 

— Putain ! C'est pas vrai, qu'est ce qu'il fou ici, m'énervé-je en lâchant un soupir d'agacement.

— De quoi tu parles ? M'interroge Greg en m'observant un sourcil relevé. 

— Tu vois la berline noire garée ? Prononcé-je en pointant le véhicule de mon index.

— Oui et alors ?

— C'est Gareth, rétorqué-je soudain en colère. 

— Merde, tu veux que je fasse demi-tour ?  demande-t-il soucieux. 

Je lui fais un signe négatif de la tête, je dois l'affronter que je le veuille ou non. Je vais être amené à le revoir, car Rose sa mère m'a proposé de travailler pour elle les samedis et j'ai accepté comme une idiote. Greg me dépose à l'endroit indiqué, je sors du véhicule, fait le tour côté conducteur et pose un baiser sur sa joue, il fait marche arrière et je le regarde partir. Je m'avance la boule au ventre vers l'allée qui remonte vers la porte d'entrée, lorsque Gareth m'interpelle. Je n'ai pas envie de discuter avec lui, mais il insiste. Je finis par me tourner pour lui faire face.

—  Qu'est-ce que tu fiche ici ? Éructé-je en le foudroyant du regard.

— Swanne... S'il te plait, ne commence pas  je suis seulement venu te remercier pour ton cadeau, m'informe t-il d'une voix calme.

— De rien, tu sais que tu pouvais le faire par téléphone ? Tu viens de perdre du temps en venant ici. 

— Bordel ! Arrête ça, quand c'est pour toi, je ne perds jamais mon temps. C'est le contraire et tu le sais parfaitement, dit-il en contractant sa mâchoire.

— C'est bon, tu es venu, tu m'as remercié, maintenant tu peux rentrer chez toi, énuméré-je en me retournant.

— Non! La discussion n'est pas terminée. 

Là, ça en est trop pour moi, il doit dégager et vite sa présence me met à bout de nerfs. Cependant, résignée je l'invite à poursuivre.

— Bien, je te laisse cinq minutes pas plus, prononcé-je en regardant ma montre.

Gareth soupire, me fixe mécontent, mais à l'heure actuelle, je m'en fiche royalement.

— Où tu étais cette nuit ?

Non, mais je rêve de quoi il se mêle là ? Est-ce que moi je lui demande s'il a baisé avec sa petite amie ? Non vaut mieux pas, je n'ai pas envie de connaître la réponse.

—  Ça ne te regarde pas, je suis majeur et vaccinée que je sache, m'avançé je vers lui folle de rage. 

— Oh contraire ça me concerne princesse, crie t-il en se rapprochant de moi.

Je m'écarte de lui ne supportant plus son air supérieur, il a fait un choix et j'ai fait le mien. Il est tant de dire stop à cette mascarade, même si tout ça me fait souffrir.

— Je.. Je suis désolée, mais je ne veux plus te voir, sauf exception lorsqu'on se verra au travail. Je te rassure je ne dirais rien à ma tante, maintenant fou moi la paix et vis ta vie. Hier soir, sans même t'en rendre compte, tu as fait le choix de continuer avec Charlotte, tandis que moi tu m'as abandonné en me laissant seule. Je le comprends et tu le mérites amplement, vous formez un beau couple, maintenant si tu veux bien je dois rentrer on se revoit la semaine prochaine. Bonne soirée Gareth.

— Swanne ! Non ! Je t'en supplie ne fait pas ça, hurle-t-il.

Néanmoins, il est déjà trop tard car je viens de claquer la porte. Je ne veux plus le voir, ni l'entendre. Je suis partie de Denver pour m'éloigner de lui, mais le destin s'en est mêlé. On s'est retrouvé, mais dans quelle condition, la souffrance. Je l'ai perdu et je le savais depuis le début. Maintenant je dois tourner la page, me reprendre en main et vivre ma propre existence. Malgré ma peine et  mon cœur qui saigne en pensant à l'homme que j'aime.

Ma grand-mère qui a assisté à la scène vient à ma rescousse en me réconfortant de son amour, tout en me berçant contre son corps frêle. Je ne savais qu'un chagrin d'amour pouvait  faire aussi mal. C'est lasse et épuisée que je rejoins ma chambre, sous le regard compatissant d'Ingrid. Je m'installe en tailleur sur mon lit, je me saisis de mes écouteurs et laisse défiler les sons passant sur la bande fm. Je clos mes paupières et me laisse emporter par les mélodies, je reprend mon calme et chasse de ma tête l'image de Gareth. 

Demain sera un nouveau jour, l'apparition d'une nouvelle Swanne. Pour me donner la force d'y croire, je retire le bracelet, que Gareth m'avait offert pour mon anniversaire et le range au fin fond du tiroir de ma table de chevet.

Fin de ce chapitre.

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