Chapitre 6

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— Ma puce tu n'as rien oublié, me demande ma tante devant l'entrée. 

— Non, c'est bon, réponds-je en vérifiant une dernière fois mon sac à main.

— Très bien, dans ce cas on peut partir, m'annonce t-elle en m'enlaçant.

Installée à l'arrière du 4x4, j'observe à travers la vitre, les paysages de Denver qui défilent sous mes yeux, mémorisant chaque moment passé dans cette ville. Mon cœur se serre et une boule d'angoisse se loge dans ma gorge, quand mes pensées se dirigent vers Gareth. Je retiens mes larmes qui menacent à nouveau de couler. Je ne dois pas céder et me forcer à garder cette image de façade, que je me suis faite depuis quelques jours.

Devant les portes automatiques de l'aéroport, ma famille et moi avançons en direction de la porte d'embarquement. Tout en discutant avec mon frère Louis, mon regard est attiré  par une silhouette que je reconnaîtrais entre mille, Gareth. Je me tourne vers ma tante qui n'a pas l'air surprise de sa présence, au contraire elle me sourit. Ma tante vient de me trahir, je soupire d'agacement qu'elle ne m'est pas prévenue. Sans m'y attendre, Gareth se saisit de mon bras et m'emmène quelques mètres plus loin.

— Lâche moi, crié-je en tentant de me défaire de son emprise. 

— Non, je ne te lâcherai pas tant que nous n'aurons pas discuté tous les deux, répond-il énervé. 

Je finis par acquiescer malgré moi, et m'immobilise une fois qu'il s'arrête devant deux sièges camouflés par une plante. Il m'incite à m'asseoir et j'exécute sa demande sans pouvoir lui parler ou lui faire face. Ses yeux verts étincelants me déstabilisent beaucoup trop. Gareth reprend son souffle puis me pose la question à laquelle je m'attendais. Il veut comprendre mon éloignement et mon comportement. Je suis prête à tout lui révéler, mais mes larmes s'en mêlent ainsi que l'hôtesse de l'air, qui fait le dernier appel des voyageurs à travers son micro. Je tente de retrouver mon calme, me redresse du fauteuil pour affronter du regard l'homme que j'aime. Je commence à m'exprimer  néanmoins je n'ai pas le temps de finir ma phrase, que nous sommes interrompus par ma tante qui dans un sens me sauve d'une situation assez embarrassante. Je reste persuadée que mon parrain ne ressent pas la même chose que moi. Pourtant quand je vois sa mâchoire se contracter et ses poings se serrer, le doute s'empare de moi. Cependant je n'ai plus de temps pour me poser des questions. Je salue ma famille et Gareth qui me demande de prendre soin de moi. C'est à contre cœur que je quitte les gens que j'aime, en m'avançant vers les portes vitrées qui me séparent déjà de ma famille et de l'homme que j'aime. 

Installée dans l'avion côté hublot, j'observe une dernière fois le ciel de Denver, je repense à ses derniers mois écoulés et mon estomac se tord. Les larmes menacent de refaire surface, mais je me contrôle en imaginant mes retrouvailles avec ma grand-mère. La piste s'éloigne et l'avion prend son envol, c'est à partir de cet instant,  que je décide que ma nouvelle vie va commencer auprès de ma grand-mère. 

                    *****************

Dix heures de vol sans escale et me voici arrivée en France plus précisément à Bordeaux . Je suis épuisée et heureuse à la fois quand je passe la douane avec mes valises en main. Dans l'aerogare je cherche parmis la foule, une femme d'une soixantaine d'années, à la chevelure châtain, habillé d'un tailleur bleu marine. Je finis par la remarquer et cours dans sa direction le sourire aux lèvres. Ma grand-mère ouvre ses bras puis me serre fort contre elle.

— Bonjour, ma chérie tu as fait bon voyage ?

— Oui, même si le temps était long.

— Ah ça c'est sûr, alors raconte comment te sens-tu ? Pas trop dur de tout quitter ?

Je hausse les épaules comme seule réponse avant de dévier sur un autre sujet. Je n'ai pas envie de quitter l'aéroport en larmes, alors je lui demande de me parler d'elle.

— Comme tu peux le constater je prends de l'âge, s'esclaffe-t-elle en m'invitant à quitter les lieux.

— Mais non grand-mère c'est dans la tête tout ça, rétorqué-je en saisissant son coude pour me rapprocher d'elle.

— Oui, tu as certainement raison, rit-elle en caressant ma main.

Après nos retrouvailles à l'aéroport, nous prenons la direction de la maison d'Ingrid. 

Quand je pénètre dans les lieux rien à changer, je retrouve les senteurs d'autrefois. Une fois mes bagages déposés dans ma chambre d'enfant, je me pose sur le lit en observant cette pièce que j'ai laissé depuis onze ans. J'admire mes dessins avant de me lever pour m'approcher des photos de mes parents. Je les touche du bout des doigts, de peur de les abîmer et mon cœur se serre de les voir heureux, en compagnie de mes oncles, ma tante et Gareth. Bordel qu'est ce qu'ils me manquent tous.

— Ma chérie tout va bien ? M'interroge Ingrid en se plaçant à mes côtés.

— Oui, ça va ne t'inquiète pas, m'exclamé-je en m'empressant d'effacer une larme rebelle qui glisse sur ma joue.

— D'accord mais tu sais que je suis là si tu as besoin de te confier, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Je sais et je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi grand-mère, m'exprimé-je en me détournant du mur pour déposer un baiser sur sa joue.

Ma grand-mère acquiesce d'un hochement de tête en posant un regard compatissant sur moi avant de quitter la pièce et de me dire que nous passons à table dans une heure. Après avoir pris une douche et déballé quelques affaires, je rejoins Ingrid pour le dîner, nous discutons de tout et de rien. Je m'apprête à l'aider à débarrasser, mais elle m'ordonne d'aller me coucher en me voyant bailler toutes les minutes.

En ce samedi matin c'est de bonne humeur que j'émerge de ma nuit de sommeil. 

Je retrouve Ingrid en robe de chambre prenant son petit-déjeuner sur la table de la cuisine. Je dépose un baiser sur sa joue avant de m'installer face à elle pour me servir une tasse de chocolat chaud et du pain grillé. Elle me demande si j'ai bien dormi et comment je me sens ce matin. Je lui réponds avec le sourire que tout va bien. 

—Je suis contente pour toi, alors dis moi quand est-ce que tu commences les cours ?

— Dans une semaine logiquement, l'informé-je en déposant ma tasse sur la table. 

— D'accord, ce qui signifie que je vais pouvoir profiter de toi, avant ta reprise, sourit-elle en se levant pour débarrasser son mug. 

— Exact, d'ailleurs est-ce que tu voudrais bien m'accompagner faire quelques achats aujourd'hui ? 

— Avec plaisir, je m'habille et dès que tu es prête on s'en va, répond-elle heureuse de ma proposition. 

Une fois toutes les deux vêtues, nous quittons la maison et prenons la direction du centre ville. Je dois acheter trois bouquins pour mes études de commerce dans une papeterie et un nouveau sac de cours. 

Une fois mon matériel payé, Ingrid me propose de faire les boutiques. C'est encombré de sacs que nous revenons en fin d'après-midi toutes joyeuses. Je file dans ma chambre deposer mes achats et en profite pour envoyer un message à ma tante. 

[ Coucou tout se passe bien ici, j'espère que Louis et les jumeaux sont sages, je vous embrasse. Swanne]

La réponse ne tarde pas à arriver. 

[ Je suis contente pour toi, ma puce oui tout se passe bien et j'ai remis ta lettre à Gareth. Prends soin de toi. Je t'aime. Blanche.]

Je dépose mon téléphone sur la table de chevet le cœur battant à toute vitesse. Comment j'ai pu oublier la lettre que j'ai écrite à Gareth. Cette page blanche ou j'ai retranscrit les raisons de mon départ et mes sentiments pour lui. Je suis parfois une vraie tête en l'air. Maintenant il est au courant et je ne suis pas prête à le revoir, vu les kilomètres qui nous séparent. 

C'est mieux ainsi me souffle ma petite voix intérieure. 

Perdu dans mes réflexions, je n'entends pas Ingrid m'appeler pour le dîner. C'est quand elle frappe à ma porte que je réagis en partant ouvrir.

— Excuse-moi, j'arrive prononcé-je en enfilant mes chaussons. 

— Swanne tout va bien, s'inquiète t'elle en me dévisageant. 

— Oui et non, j'ai juste oublié que tante Blanche devait remettre une enveloppe de ma part à Gareth. M'exprimé-je en refermant ma chambre.

— Oh c'est donc ça qui te préoccupe, tu veux en parler ? 

— Pas maintenant, dis-je gênée. 

— Après le dîner, j'aimerais bien qu'on en discute toutes les deux, tu veux bien ? Me demande Ingrid d'une voix douce. 

Je hoche la tête en descendant les escaliers et dispose les couverts sur la table.

Après le repas, une tasse de tisane à la main assise sur le fauteuil du salon, j'explique mes  sentiments envers Gareth à ma grand-mère qui m'écoute avec attention du début jusqu'à la fin. À son tour Ingrid, me raconte son histoire semblable à la mienne à part qu'à l'inverse de moi, c'est elle qui était la plus âgée. Son histoire, c'est mal terminée, l'homme qu'elle aimait la quitter pour une autre après cinq ans de relation. Cependant quelques mois plus tard, Ingrid a rencontré mon grand-père à l'anniversaire d'une amie et après cela, ils ne se sont plus jamais quitté. Il était devenu l'homme de sa vie, pour qui elle était prête à tout affronter. 

C'est avec plein d'émotions que nous avons partagé nos ressenties face à ces différentes situations amoureuses. 

Après avoir séché nos larmes, avoir ri, nous sommes partis marcher dans le lotissement afin de nous aérer l'esprit.

Je dois reconnaître que cette balade nocturne, nous a fait un bien fou. Je ne regrette en aucun cas mon choix d'être venue retrouver ma grand-mère, pour me ressourcer et faire mes choix en tant que femme. 

Fin de ce chapitre.

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