Chapitre 1

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Swanne

Réveillée par les cris de mon cousin et de ma cousine, les jumeaux Noa et Owen. Je soupire en levant légèrement la tête vers mon réveil, il est à peine neuf heures du matin et ces deux-là sont déjà en train de chahuter. Frustrée, je quitte mon lit, le corps encore courbaturé par l'entraînement de foot d'hier soir. Après avoir enfilé un Sweat noir et un short en jeans, je rejoins le rez-de-chaussée pour prendre mon petit déjeuner.
Ma tante Blanche est déjà en pleine préparation de celui-ci, sous les yeux de son mari Cameron qui grogne d'avoir été réveillé par les enfants.

— Salut tout le monde, dis-je en m'empressant de me servir un bol de chocolat chaud.

— Coucou Swanne bien dormie ? demande ma tante en déposant une tasse de café devant le visage de son époux.

— Ouais, réponds-je en m'installant sur l'un des tabourets du bar.

— Gareth, n'a pas été trop dur avec vous j'espère? se moque mon oncle.

Je fais un signe négatif de la tête tout en avalant ma bouchée de pain.

— Surprenant de sa part, c'est un perfectionniste habituellement, m'annonce t-il en prenant une gorgée de son breuvage ambré.

— Je sais, mais hier soir il manquait trois filles dans l'équipe.

— Oui, bon vous n'allez pas commencer à parler de foot tous les deux de bon matin, s'exclame ma tante en fusillant son mari du regard.

Mon oncle soupire, hausse les épaules avant de s'emparer d'un pancake. Ma tante reporte son regard dans ma direction tout en me dévisageant avec un sourire radieux sur ses lèvres.

— Dis moi ma puce aujourd'hui c'est ton anniversaire que veux-tu que l'on fasse ? S'exclame-t-elle en me prenant dans ses bras.

— Aucune idée, j'ai déjà tout ce qu'il me faut.

— Swanne, depuis quelque temps.. Comment expliquer.. tu as changé et tu ne te confies plus comme avant. Ça se passe mal à l'université ?

— Non, ne t'inquiète pas pour ça, tout va bien, assuré-je avec un sourire.

Néanmoins, elle m'examine du coin de l'œil avant de se détacher de moi et de reprendre la parole.

— C'est pas l'impression que tu me donnes, enfin bref, écoute ça te dit que cet après-midi on fasse les boutiques rien que toutes les deux ? Cameron gardera Owen et Noa, alors tu veux bien ?

Comment puis-je refuser à cette femme d'une quarantaine d'années ? Elle est d'une extrême douceur et c'est démenée pour nous élever à la mort de mes parents. Mon père était son frère, son pilier, elle lui a même rendu hommage en appelant ma cousine de son prénom.

— D'accord, rétorqué-je tout en m'essuyant la bouche.

— Oh ma puce, je suis contente que tu acceptes, on part vers quatorze heures ça te vas ?

— Oui, c'est bon.

Une fois mon petit-déjeuner débarrassé,
je retourne dans mon antre pour prendre une bonne douche. En chemin, je croise dans le couloir mon frère Louis, avec mon cousin Owen, en tenue de base-ball.

— Salut, alors tu lui as dit ? Me questionne mon frère

— Non.

— Dire quoi ? M'interroge mon cousin suspicieux.

— Rien d'important, énoncé-je en devançant mon frère qui s'apprête à lui répondre.

— Swanne ! Ne tarde pas trop, me menace Louis.

— Je sais et bon entraînement les gars, le coupé-je mettant fin à notre discussion.

Je franchis la porte de ma pièce à vivre et lâche un soupir en allant m'asseoir sur mon lit. Je réfléchis afin de trouver la meilleure manière d'annoncer à ma tante que je souhaite repartir dans la ville de mon enfance. La vie américaine ne me correspond plus, du moins pour une raison bien précise, un homme, pour qui j'éprouve des sentiments, mon coach, mon parrain. Rien que de penser à lui, mon cerveau me joue des tours et la soirée d'hier se rejoue devant mes yeux. L'entraînement et mon retour à la maison en sa compagnie. Je me revois attendre mon parrain, Gareth, sur le parking du stade. Il s'est précipité sur moi pour connaître les raisons de ma révolte sur le terrain. J'ai gardé le silence jusqu'à ce qu'il craque le premier et s'arrête au bord de la chaussée. Il s'est tourné vers moi, les bras croisés sur son torse tout en me fixant de ses beaux yeux bleus étincelants.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Depuis quelques jours tu fais tout de travers.

Je lui ai répondu que tout allait bien et que j'étais certainement dans une mauvaise période. Pourtant il ne m'a pas cru un seul instant. Gareth à même insisté afin que je lâche le morceau.

— Swanne, d'habitude tu ne me caches rien et depuis un mois, tu gardes le silence, tu te renfermes sur toi, telle une coquille d'huître. Explique-moi ce qui se trame sous cette caboche ?

J'ai réfléchi un long moment avant de trouver une réponse adéquate à lui balancer.

— Je ne me sens plus à mon aise à Denver, il me manque quelque chose. J'ai besoin de partir pour me ressourcer.

— Je ne comprends toujours pas. Tu as tout ce qu'il te faut ici, non ? Tu as tes amis, ta tante, ton frère et tes oncles, énumère t-il d'une voix tendue.

— Gareth ne cherche pas à en savoir plus, ma décision est quasiment prise.

— Tu en a parlé à Blanche ? Non bien sûr que non ! Putain, même ta réponse est lisible sur ton visage. Je te jure que tu as intérêt à lui dire, sinon je vais m'en charger! rage t-il en mettant un coup sur le volant.

— C'est ce que j'ai prévu de faire, m'insurgé-je en le scrutant avec colère.

— Putain, je n'arrive pas à croire que tu veuilles me laisser, murmure t-il en secouant la tête.

À l'entente de ces mots, mon cœur pulse à un rythme effréné dans ma poitrine. Si j'ai décidé de m'éloigner du doux rêve américain, c'est que j'ai besoin de savoir où j'en suis.
Je n'arrive plus à me contrôler quand je suis en présence de Gareth. Ce que je ressens va bien plus loin que ce lien affectif que nous détenons depuis ma naissance. Je l'aime, je suis sous son charme. Hélas, je sais pertinemment qu'il ne peut pas ressentir la même chose pour une gamine de dix-neuf ans. À cette pensée mon palpitant saigne de douleur et ma petite voix intérieure me rappelle à l'ordre. Je dois l'oublier.

C'est en grande partie pour cette raison que j'ai repris contact avec ma grand-mère maternelle. Malgré, les milliers de kilomètres qui nous séparent, notre lien s'est renforcé avec Ingrid et ça m'a permis de pouvoir me confier à elle. Bizarrement, elle m'a comprise, rassurée et a accepté ce que j'éprouve envers mon parrain puis m'a proposé de séjourner chez elle si j'en ressentais le besoin. J'ai sauté sur l'occasion, quinze jours plus tard, en voyant Gareth séduire une femme rousse sublime sous mes yeux.
Aujourd'hui, tout est différent, dans moins de deux semaines, je quitterai Denver cette ville qui m'a accueilli avec mon frère dès l'âge de mes huit ans, pour retourner à Bordeaux celle de ma naissance. Un nouveau départ, une nouvelle vie loin de lui.
Mais avant ça, je dois prendre mon courage à deux mains pour l'annoncer à mes proches.

***************

Après le repas du midi, comme convenu nous quittons la villa pour nous rendre au centre commercial avec ma tante. Une après-midi fille comme elle aime les appeler.

— Bon par quelle boutique tu veux qu'on commence, s'extasie ma tante.

— Comme tu veux, cela m'est égal, dis-je en m'attachant les cheveux.

— Parfait, dans ce cas on va d'abord se poser dans ce petit salon de thé, m'annonce t-elle en pointant de son index une devanture jaune et bleu.

J'acquiesce de la tête, nous nous installons à l'intérieur et un serveur plutôt élégant se présente à nous pour prendre notre commande. Une fois nos thés déposés sur la table. Ma tante m'observe, soupire et se lance pour me parler.

— Maintenant, que nous sommes seules explique moi tes sautes d'humeur, je vois bien que tu n'es pas dans ton assiette et ça dure depuis quelque temps.

— Je t'assure pourtant que tout va bien, mens-je en attrapant ma tasse.

— Swanne ne joue pas à ça avec moi, tu veux ! me sermonne ma tante.

— D'accord, qu'est ce que tu veux savoir ? Demandé-je dépitée en la fixant droit dans les yeux.

— La vérité, répond celle que je considére comme ma deuxième mère.

Je reprends une inspiration, réfléchis à sa demande et me lance après tout c'est l'occasion de me soulager du poids qui pèse sur ma poitrine depuis quelques temps.

— Je ne veux surtout pas que tu te vexes ou le prenne mal, mais, j'ai pris la décision de retourner vivre à Bordeaux pour quelques temps.

Ma tante devient livide avant de se reprendre en passant une main sur son visage.

— Swanne est-ce que tu m'en veux de t'avoir délaissé au second plan pour m'occuper de mes enfants?

— Non, bien sur que non, pourquoi tu penses ça ?

— Parce que c'est ce qu'à ressenti ton frère, soupire t-elle.

— Ce n'est pas mon cas, la rassuré-je surprise des dires de mon frère.

— Alors pourquoi tu souhaites retourner en France, je ne comprends pas ? Me demande-t-elle les yeux larmoyant.

Bravo, j'ai encore blessé une personne à laquelle je tiens.

— J'ai besoin de me retrouver et faire le point sur ma vie, tu comprends?

— Oui et non, mais si c'est ton choix , je ne peux que l'accepter. Tu es devenue une belle jeune femme de dix neuf ans, qui est assez grande pour prendre ses décisions, même si cela me blesse que tu ne m'en ai pas parlé avant.

— Je sais, m'excusé-je en me levant pour l'embrasser sur la joue.

— Je t'aime ma grande.

— Je t'aime aussi, merci d'avoir accepté ma décision.

— Oui, bon on va arrêter d'en parler sinon je vais pleurer comme une madeleine, s'esclaffe-t-elle en essuyant une larme qui roule sur sa joue.

Après cette discussion, c'est dans la bonne humeur que nous faisons les boutiques, je suis heureuse de ces quelques heures passées en sa compagnie.

De retour à la villa après plus de quatre heures de magasins. Je file avec mes paquets dans ma chambre. La douche prise et ma robe noire revêtue, je referme ma porte et rejoins les invités qui sont installés dans l'immense salon.

— Ah voilà la reine d'un soir, s'exclame mon oncle Thomas en venant me prendre dans ses bras.

Quand il me relâche, je constate que tous les regards sont posés sur moi. Tout le monde est bien présent dans la pièce. Mon frère Louis, Erik le conjoint de Thomas, Alice et Ryan avec leur fille Lisa, les jumeaux, mon oncle, ma tante puis l'homme pour qui mon cœur bat la chamade, mon parrain, Gareth.

Une fois avoir salué tous les invités, nous passons à table. Je suis assise entre ma tante et Gareth. Tout au long du repas ma tension augmente d'un cran, j'ai du mal à gérer mes gestes si bien que je renverse mon verre de vin à deux reprises. Gareth ressent mon agitation, pour me calmer il dépose sa main sur ma cuisse, hélas l'effet inverse se produit dans mon corps c'est une explosion de frissons qui s'empare de mon être. Je me consume littéralement, j'ai chaud, trop chaud, je dois être rouge écarlate, heureusement personne ne se doute de mon trouble car je suis sauvée par l'arrivée du gâteau que ma tante place devant moi. Les bougies soufflées, les cadeaux ouverts, les conversations reprennent leurs cours sans me prêter plus d'attention. Je soupire soulagée, néanmoins que pour une courte durée.

Quand vient l'heure du champagne, ma tante Blanche se lève, fait tinter son verre avec l'aide d'une cuillère, avant d'annoncer mon futur départ à toute la tablée. Gareth se redresse furieux et quitte la pièce sans le moindre mot, les poings serrés. Tandis que les autres convives restent sous le choc, Je baisse la tête ne supportant plus leurs regards tristes.
Je me sens minable, à tel point que je suis prête à bondir de ma chaise pour m'enfermer à double tour dans ma chambre.

— Swanne tu n'avais rien dis à Gareth, chuchote ma tante à mon oreille.

— Non, murmuré-je gênée.

Et en prime je mens, punaise comment j'ai pu en arriver à ce point ? Je suis ignoble.

— Merde, je pensais qu'il était déjà au courant, désolée ma puce.

— Ce n'est pas grave, je vais aller lui parler, rétorqué-je en me redressant pour quitter la table.

D'un hochement de tête, ma tante Blanche approuve mon choix avant de s'asseoir et se blottir dans les bras de son mari.
Une fois à l'extérieur je pars à la recherche de Gareth, que je retrouve installé sur l'un des deux bancs qui entoure la fontaine en forme de coquillage.

— Gareth... interpellé-je en m'approchant.

Il se tourne légèrement vers moi, puis me fait signe de la main de le rejoindre. Je m'installe à ses côtés en maintenant le silence sans pouvoir le regarder dans les yeux.

— Hier soir quand je t'ai ramené, c'était bien la vérité, hein tu comptais réellement partir n'est ce pas ? questionne l'homme qui fait battre mon cœur.

— Oui, je rejoins ma grand-mère dans une quinzaine de jours.

— Swanne qu'est ce qui a changé entre nous, pour que tu ne te confies plus à moi, demande-t-il en se penchant pour ancrer ses pupilles aux miennes.

— J'ai grandi, je ne suis plus cette petite fille, prononcé-je avec un brin d'humour.

— Je sais princesse et tu es magnifique. Je regrette parfois de ne plus avoir ton âge, soupire-t-il avant de passer une main dans sa chevelure.

Je ne sais quoi répondre à ce que je viens d'entendre, je crains d'avoir mal compris. Je n'ai pas le temps de cogiter qu'il reprend la parole.

— Promets-moi juste une chose, de me prévenir si une personne te blesse, afin que je puisse venir délivrer ma princesse.

— C'est promis, m'exclaffé-je.

— Bien dans ce cas nous pouvons rentrer, c'est ton anniversaire, tu dois faire la fête et en profiter, répond-il en m'aidant à me relever.

Nous reprenons l'allée du jardin qui remonte vers le salon, quand Gareth m'immobilise en me retenant par le coude, il m'oblige gentiment à me retourner vers lui afin de m'enlacer et de murmurer au-dessus de ma tête, tu vas énormément me manquer ma douce.

Fin de ce tout premier chapitre.

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