XII – Miracle

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Nous avions gagné. Mais à quel prix ? L'une des nôtres n'était plus là pour le voir. Il était vrai que les pertes avaient été minimes, cependant l'une d'elles nous touchait plus que les autres. Gwen était plus qu'une camarade pour nous. Elle était une des leaders du groupe, celle sur qui on pouvait compter en cas de besoin. Elle était ma meilleure amie. Celle grâce à qui j’avais réussi à tenir dans cet enfer. Et elle nous avait quittés avant de voir l’accomplissement de nos rêves. Plus jamais elle ne pourrait profiter de la liberté que nous cherchions à rendre à chacun. Plus jamais nous ne rigolerions ensemble. Elle était partie, et ne reviendrait pas.

Mais l’heure n’était malheureusement pas au deuil, et nous devions regagner notre base au plus vite. Nous n’étions pas supposés éprouver un quelconque attachement, donc la perte d’un compagnon d’armes ne pouvait pas être pleurée pour le moment.

Je me tournai vers le colonel Brown qui nous avait raccompagnés jusqu’aux portes.

— Maintenant, il faut que vous continuiez d’envoyer des rapports comme si rien n’avait changé afin de pouvoir aider les autres villes comme si de rien n’était. Si jamais vous vous retrouvez dans une base avec des rebelles, faites ce signe, leur dis-je tout en leur montrant le symbole de notre groupe. Il vous présentera comme des alliés et non comme les ennemis que vous êtes censés être. Sur ce, nous devons y aller, mais avant de partir, je voulais vous remettre ceci. Il s’agit du rapport d’incident que nous allons transmettre à notre supérieur et je tenais à faire coïncider notre récit des événements qui ont eu lieu ici avec le vôtre.

— Nous vous sommes redevables. Sans vous et vos équipes, nous serions encore en train de lutter pour notre liberté. Alors si un jour, vous avez besoin de notre aide, n’hésitez pas à nous contacter. Et ne vous inquiétez pas pour votre ami, nous nous occuperons d’elle convenablement.

— Merci encore pour ça, fis-je les larmes aux coins des yeux en me rappelant de Gwen. Je m’en veux de ne pas pourvoir le faire moi-même, mais nous devons rentrer au plus vite. Nous avons quitté la base depuis trop longtemps à mon goût et je crains que nos supérieurs aient profité de celle-ci pour essayer de débusquer des rebelles dans nos rangs. Or, plus personnes ne devrait être un sans-mémoire à l’heure qu’il est, faisant que nous devons passer à la prochaine étape rapidement.

— Je vous souhaite bonne chance pour ça, finit-il en nous saluant alors que nous montions dans nos véhicules.

Pas une seule parole n’avait été échangée sur le chemin du retour. Le moral dans les deux voitures était au plus bas, chacun gérant les derniers événements comme il le pouvait. De plus, nous devions nous concentrer sur la suite des opérations à mener une fois rentrés. Sur place, nous n’aurons pas le luxe de douter. Si tout s’était passé comme prévu, les choses s’enchaîneraient très vite, ne nous laissant pas le temps de nous reposer avant un moment. Il n’y avait donc pas de place pour le deuil ni la tristesse dans nos cœurs. Nous devions rester focaliser sur notre objectif et sur rien d’autres.

À peine arrivé, chacun regagna son poste, aussi bien pour la rébellion que pour la base. Quant à moi, je partis faire mon rapport accompagnée de Jezekael qui avait pour mission de nous surveiller et de s’assurer que nous ne préparions aucun coup. Le général n’aurait jamais pu mieux choisir son espion. D’une, nous étions sûrs qu’il ne nous vendrait pas. Et de deux, nous avions maintenant une taupe au plus près du haut commandement des lieux.

— Mon Général, je vous informe que la mission est un succès. Il s’avère que des rebelles se cachaient dans nos rangs, empêchant la transmission d’un quelconque rapport. Parmi eux se trouvaient le général Wing ainsi que d’autres hauts placés dont vous trouverez les noms dans le rapport d’incident. Nous avons subi très peu de pertes chez les soldats d’Aulira et seulement une dans nos rangs. Le soldat 702 est mort en combattant les rebelles, annonçai-je en restant le plus neutre possible.

Il ne posa aucune question sur le corps, les soldats devant abandonner ceux tombés sans se retourner. Personne ne savait ce qu’il advenait des corps de nos compagnons tombés au combat. Et nous ne le saurions probablement jamais. Dans notre cas, nous savions Gwen entre de bonnes mains.

— Bien, tu peux disposer à présent 1304. 2407, je dois te parler de ta prochaine mission.

J’échangeai un bref regard avec Jezekael pour m’assurer que tout se passerait bien puis quittai la pièce pour m’occuper de mes autres fonctions. La rébellion était à un tournant de son histoire et je devais m’assurer que tout était prêt pour ça.

— Je veux un rapport complet des dernières opérations, annonçai-je à celui que Gwen avait désigné comme chef des opérations pendant notre absence.

— Tous ont retrouvé leurs souvenirs. Nous n’attendons plus que vos ordres pour passer à l’étape suivante.

— Parfais. Je veux que tu transmettes le message suivant à ceux qui vont s’occuper de l’armurerie dans les jours à venir. Je veux qu’ils déplacent les munitions progressivement, que cela ne soit pas trop voyant. D’ici la fin de la semaine, les stocks devront avoir assez diminué pour que nos « tuteurs » n’aient aucune chance face à nous.

— Bien cheffe ! acquiesça Milan. Je transmets le message de ce pas.

J’allais enfin pouvoir souffler cinq minutes. Tout était parfaitement en place et le final des opérations avant le renversement de nos « tuteurs » lancé. Plus que quelques jours et nous serions libres de nos mouvements. Il serait alors plus facile d’aider les autres villes qui seraient encore sous le joug de l’État.

La fin de semaine arriva rapidement, et tout était fin prêt pour l’offensive. Chaque soldat connaissait les consignes, son rôle et avait rejoint son poste. Les hauts placés n’auront pas le temps de comprendre ce qui leur arrive avant qu’il ne soit trop tard pour eux. Le but de cette manœuvre était de limiter les pertes dans les deux camps le plus possible.

En quelques minutes à peine, la majorité des adultes était neutralisée sans un bruit ni pertes dans les deux camps. On ne savait pas qui pouvait se révéler un allié comme le colonel Brown, alors autant éviter les pertes inutiles.

Avec mon équipe, nous devions nous occuper du plus haut gradé ainsi que du médecin. Le deuxième n’avait pas été compliqué à appréhender, mais le général, lui, n’était pas dans ses appartements au moment de l’assaut. Il ne pouvait alors qu’à un seul autre endroit : la salle des opérations. Et même si nous avions fait le moins de bruit possible, il devait maintenant savoir ce que nous faisions. J’envoyai Tyana et Tori prévenir les autres et me dirigeai avec le reste de mon groupe vers notre cible.

— C’en est fini de vous, général. Vous êtes le dernier encore libre. Alors rendez-vous sans faire d’histoire, qu’on évite les blessures inutiles.

— Jamais, refusa-t-il avec haine.

Au même moment, il sortit une arme de dessous la table et la pointa vers moi. Lorsqu’il allait tirer, il se prit un coup de pied dans la tête, l’assommant proprement.

— Désolée pour le retard, s’excusa une blonde que je pensais ne jamais revoir.

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