XIII – Liberté

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— Gwen, fis-je les larmes aux yeux en me jetant sur elle. Je pensais ne jamais te revoir.

Tout était fini. Nous étions enfin libres à Senca. Nous avions repris le contrôle des lieux. Nos « tuteurs » étaient tous dans des cellules et allaient être interrogés pour déterminer s’ils étaient vraiment des ennemis ou s’ils pouvaient se révéler être des alliés. Et ma meilleure amie était de retour parmi nous.

— Je t’avoue que c’était pareil pour moi quand j’ai protégé Cody. Je pensais vraiment que c’était ma dernière heure. Mais je ne pouvais pas le laisser mourir devant mes yeux.

— Et je te comprends. J’aurais agi de la même manière si ça avait été Jezekael ou même toi à sa place.

— C’est bon à savoir, rigola mon petit-ami en posant une main réconfortante sur mon épaule.

— Contente de te savoir toujours en vie, Gwen, ajouta Makayla en s’approchant à son tour.

— C’était vraiment l’enfer sans toi. Tout le monde avait le moral dans les chaussettes, même s’ils essayaient tous de le cacher, poursuivit Malia. Mais comment est-ce possible ? Et pourquoi tu ne nous as rien dit ?

— Je vous expliquerai lorsque nous aurons rejoint les autres, promis-je. Et je ne vous ai rien dit parce que le taux de réussite était de seulement un pour cent. Je ne pensais pas ça possible. Le colonel Brown m’avait prévenu de ne pas me faire de faux espoirs, et j’avoue ne pas avoir eu la force de vous en parler, encore moins à Cody. Je ne voulais pas vous troubler plus que vous ne l’étiez déjà, particulièrement avec ce qui allait se passer une fois que nous serions rentrés.

— C’est vrai que vu comme ça, on ne peut pas t’en vouloir de n’avoir rien dit. Après tout, les chances que Gwen revienne étaient vraiment faibles, voire quasi nulles, concéda Malia.

— Et si nous allions informer des autres de la bonne nouvelle, proposa Makayla. J’imagine que tu ne leur as pas encore dit.

— J’ai pas vraiment eu le temps depuis que je suis arrivée. J’ai à peine posé un pied ici qu’il a fallu que je sauve la vie de votre cheffe.

— Et je te remercie pour ça. Allons-y, ils doivent tous nous attendre.

Nous rejoignîmes rapidement les autres après avoir attaché le colonel pour éviter toutes fuites. Lorsque tous virent Gwen, les larmes leur montèrent aux yeux, certains les laissant s’échapper tandis que d’autres tentaient de les retenir. Cody ne résista pas et se jeta dans les bras de sa petite-amie, l’embrassant avec toute la joie et le soulagement qui l’avait gagné en la voyant.

— Je pensais t’avoir perdue pour toujours, réussit à articuler le châtain entre deux sanglot.

— Mais comment ? demanda Anaëlle dans un souffle.

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Gwen venait de nous quitter. Avec une blessure pareille, il était impossible qu’elle se réveille un jour.

— Si nous agissons rapidement, il existe peut-être un moyen de la sauver. Mais les taux de réussite sont seulement d’un pour cent.

— Comment ?

— Je n’ai pas le temps de vous expliquer pour le moment. Il faut d’abord la mettre sous respirateur pour maintenir la circulation sanguine et préserver le cerveau.

— Faites ce que vous avez à faire.

Plusieurs soldats la transportèrent rapidement à l’infirmerie et branchèrent tout un tas de fils et de machines pour la faire respirer. La voir ainsi me serait l’estomac, mais si c’était le seul moyen de la sauver, j’étais prête à en passer par là.

— Depuis deux ans, notre base travaille sur le clonage. Malheureusement, aucun clone n’a développé une conscience et ils étaient tous semblable à des coquilles vides. Nous avons alors transplanté le cerveau de soldats morts au combat, et cela a marché comme une résurrection, avec les souvenirs et la mentalité de celui utilisé pour la transplantation, mais leur espérance de vie n’était que de quelques heures à peine. Nous pensons que cela a un rapport avec les conditions de conservation des corps, mais nous n’avons jamais trouvé pourquoi exactement les clones se détérioraient aussi vite. Nous pouvons tenter cette opération sur votre amie, mais rien de garanti qu’elle réussira.

— S’il existe une infime chance de la sauver, alors faites-le. Mais ne dites rien aux autres, je ne veux pas leur donner de faux espoirs avec ce qui se prépare.

— Bien. Nous nous mettons tout de suite au travail. Si tout se passe bien, elle devrait vous rejoindre d’ici trois ou quatre jours.

~~~~~

— Je n’arrive que maintenant parce que la création du clone a pris plus de temps que prévu. Ils avaient espéré que mon nouveau corps serait prêt pour le milieu de semaine, mais les scientifiques ne voulaient pas bâcler leur travail, alors ils ont pris un peu plus de temps.

— Voilà, maintenant vous savez tout.

— Nous avons une dette envers le colonel Brown, conclut Yoana.

— Il m’a assuré que non, contredit Gwen. Au contraire, il voulait payer la sienne en me rendant à vous.

— C’est un véritable miracle, pleura Cody qui ne l’avait toujours pas lâchée.

— Je le sais. Et nous fêterons cela en temps voulu. Mais pour le moment, nous devons nous reposer pour reprendre des forces et étendre notre influence. Nous avons aidé de nombreuses villes aux alentours, mais il en reste encore des milliers qui n’attendent que notre aide. La fin de notre supplice n’est plus très loin. Et lorsque nous aurons gagné, nous pourrons enfin rentrer chez nous.

Une salve d’applaudissements et un hurlement unanime me répondirent.

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En me réveillant, je remarquai que j'étais chez moi, comme si rien ne s'était passé. Était-ce un rêve ? Enfin plutôt un cauchemar qui n’en finissait plus. Avais-je imaginé les sans-mémoires et le contrôle de l’armée.

Je sortis de ma chambre. Tout était calme. Je progressai vers la porte d'entrée et sortis dans le jardin. Pas un bruit à l'horizon. Même pas un piaillement d'oiseau.

— Nous n'attendons plus que vos ordres pour lancer l'offensive, chef.

Me tournant vers la personne à mes côtés, je reconnus Makayla. Sa droiture, sa détermination et sa tenue me confirmaient que j'avais bien quitté le pays des songes et que les événements de ces deux dernières années n'étaient pas le fruit de mon imagination. Les sans-mémoires, la rébellion, les deux dernières semaines à aider de plus en plus de villes après nous être libérés de l’emprise du gouvernement, tout avait été réel.

— Alors allons-y. En avant pour la libération de notre nation ! hurlai-je en enfilant ma veste de commandant.

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