IX – Rebelles

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Je n'avais dormi que quelques heures seulement, ma nuit ayant été écourtée par les révélations de Jezekael en plus du rapport préliminaire à envoyer au général de notre base. Lorsqu’on toqua à ma porte pour m'indiquer qu'il était temps de rejoindre mon équipe, je finissais seulement de me préparer. Je la retrouvais sur le pas de ma porte, Jezekael légèrement en retrait. Sans un mot, nous nous rendîmes à l'emplacement du rendez-vous désigné la veille par le colonel avant que nous nous séparions à la fin de la visite. Les deux haut-gradé des lieux nous y attendaient déjà.

— Générale, je demande votre permission pour inspecter les environs, fis-je en arrivant à leur niveau.

— Accordée soldat. Je suis cependant au regret de vous dire que je ne pourrais toujours pas vous accompagner. Le colonel Brown connaît parfaitement la ville, il viendra donc avec vous pour vous aider, indiqua la générale.

— Bien, madame.

Elle tourna les talons sans tarder et nous laissa seuls avec son subordonné comme elle l'avait fait la veille. Celui-ci nous guida sans un bruit jusqu'aux portes de l'établissement. Une fois dehors, nous montâmes dans un 4x4 de l'armée pour nous rendre en périphérie de la ville, là où des rebelles sévissaient selon la générale.

— Vous savez ce que j’attends de vous, annonçai-je à mon groupe. Au moindre élément suspect, vous me prévenez immédiatement et on analyse la chose. Je ne veux pas de prise de risque inutile, on a bien vu où ça nous menait la dernière fois.

Autrement dit, dès qu'un rebelle était en vue et que le colonel Brown avait le dos tourné, nous devions établir le contact avec lui, sans le faire fuir, pour lui faire part de nos intentions de les aider, lui et son groupe. La tâche ne serait pas simple, comme l’avait démontré notre précédente intervention qui ne s’était pas déroulée sans accros, mais nous devions le faire.

Le temps passait et toujours aucune trace d’un quelconque rebelle, seulement quelques pièges disséminés par-ci par-là sur notre chemin. Cependant, ceux-ci ne semblaient pas être posés pour blesser, mais uniquement pour intimider et empêcher de quitter la ville.

Du coin de l'œil, j'aperçus soudain du mouvement dans l'ombre d’un bâtiment, mais le temps de faire signe à Tyana, la personne s'était envolée. Je lui indiquai quand même d'aller voir discrètement l’endroit. Étant la plus petite, elle arriverait plus facilement à passer inaperçu. Le colonel ne s'apercevrait même pas de son absence et les rebelles ne la remarqueraient pas avant qu’elle ne soit parmi eux. Elle revint cependant bredouille.

Les heures continuèrent à défiler sans que nos recherches ne donnent le moindre résultat. Nous devions néanmoins nous rapprocher du but. En effet, les silhouettes dans les ombres étaient de plus en plus nombreuses mais impossible de mettre la main sur ne serait-ce qu’un seul rebelle. Ils étaient bien entraînés et habitués aux lieux, cela se voyait et se ressentait dans leurs mouvements, enfin plutôt dans ce que nous déduisions de leurs déplacements. Suivie d’une partie de mon équipe, je m'enfonçai à nouveau dans une ruelle, espérant trouver quelqu'un, mais toujours rien. C’en était frustrant.

— Ils sont doués pour effacer leur trace, remarqua Malia.

— Tu as raison, lui accordai-je. Et c'est pour ça que nous devons les trouver au plus vite.

— Ma... 1304, m'appela Makayla qui était restée en retrait pour surveiller les alentours. Nous avons perdu le colonel de vue.

— Très bien, 1804 et 2111, avec moi pour le retrouver. 2106, 3105 et 2407, vous continuez les recherches. On se retrouve ici dans une heure, peu importe les résultats.

Tous acquiescèrent d'un signe de la tête et nous nous séparâmes. Avec Makayla et Malia, nous traversâmes une bonne partie de la périphérie avant d’entendre une voix au coin d'une rue. Je fis signe à mon équipe de me rejoindre silencieusement avant d'avancer pour mieux comprendre ce qu'il se disait.

— Combien de fois vous ai-je dit de vous faire plus discret ? sermonna le colonel Brown. Un peu plus et nous étions tous découverts. Je fais tout pour vous cacher et vous aider pour libérer les autres, mais si mes supérieurs l’apprennent, il en sera fini de moi. Il vous sera alors très difficile de rendre la mémoire aux autres qui sont toujours sous l'emprise de l'armée. Vous devrez alors vous débrouiller seuls.

— Faux, le coupai-je, mon équipe et moi pourrons les aider. À Senca, dans notre établissement, nous avons rendu leurs souvenirs à presque tout le monde et les derniers qui ne l'avaient toujours pas retrouvée lors de notre départ hier devront l'avoir d'ici à ce que nous rentrions si les rebelles ont bien suivi mes instructions.

— Comment est-ce possible ? Seulement une petite partie de nos soldats a retrouvé la mémoire ! Alors comment se fait-il que vous me disiez que toute votre base n'est plus amnésique ?

Je fis signe à mon équipe de surveiller les alentours, leur ordonnant par la même occasion de me prévenir en cas de danger, avant de lui répondre.

— Il s'avère que je n'ai jamais perdu mes souvenirs. Et je n'étais pas la seule dans ce cas, une amie de longue date y avait aussi échappé. Lorsque nous avons appris l'une pour l'autre, nous étions déjà sous les ordres de l'armée depuis un peu plus de six mois. Nous avons patienté un an afin de mettre au point un plan sûr pour libérer tout le monde tout en prenant en puissance lors des entraînements. Tout était calculé et planifié pour que l'opération Remember se déroule le plus rapidement et le plus discrètement possible. Lorsque la générale a abordé le sujet des rebelles hier, notre but a dès lors été de prendre contact avec eux pour les aider. C’est pourquoi nous aimerions rencontrer votre leader pour lui proposer un plan pour libérer votre établissement, mais aussi tout le pays. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, des millions d'autres ont aussi perdu leurs souvenirs tandis que d’autres ne savent sûrement pas quoi faire avec les leurs.

Les deux rebelles qui n’avaient pas bougé de derrière le colonel semblèrent hésiter un instant. Ils devaient probablement se demander s’ils pouvaient nous faire confiance. Après tout, j’aurais aussi été méfiante dans leur situation. Ils finirent tout de même par accepter avant de convenir d'un rendez-vous le lendemain, m’ordonnant de venir seule ou avec seulement un membre de mon équipe. Ils n’attendirent pas plus avant de nous fausser compagnie.

— Nous devrions rejoindre les autres avant qu’ils ne s’inquiètent, suggéra Makayla.

— Et que la générale n'ait des soupçons, compléta Malia.

— Vous avez raison. Allons-y.

Le trajet fut rapide. Le reste de l’équipe nous attendait patiemment, certains ayant même trouvé le sol à leur goût pour s’y asseoir. Ceux-ci se levèrent en nous voyant arriver. Avant qu’ils ne commencent à poser la moindre question ou dire qu’ils n’avaient rencontré aucun rebelle, je leur faisais un rapide résumé de la conversation que je venais d’avoir.

Le quartier général n'était pas très loin, faisant que nous n’avions pas tardé à le gagner. Sur place, je remarquai un véhicule supplémentaire étranger au lieu, mais familier.

— 1304, le général nous a envoyés ici afin de contrôler tes activités puisqu'il n'a reçu aucun rapport de ta part hier, m'interpella une voix que je ne connaissais que trop bien.

Il avait été plutôt rapide. Habituellement, il attendait quarante-huit heures sans nouvelle avant d’envoyer une autre équipe vérifier ce qu’il se passait. Il devait vraiment s’inquiéter de ce que je pourrais faire si jamais ses craintes se révélaient exactes. Il ne semblait cependant pas soupçonner Gwen et son unité, composée d’Anaëlle, Yoana, Cody et Eliot, puisqu’il les avait tous envoyés pour nous surveiller.

— 702, je confirme lui avoir envoyé un rapport préliminaire hier soir après l'inspection des installations, répliquai-je en me tournant vers elle.

— Les rebelles ont sûrement dû l'intercepter et empêcher son transfert jusqu'à votre base, expliqua le colonel Brown.

— La situation est plus critique que ce que nous pensions, marmonna la blonde pour elle-même. 1304, toi et ton équipe allez nous faire un rapport complet de la situation. Nous déciderons de l'attitude à adopter suivant ce que vous nous direz.

— Dans ce cas, allons parler dans un endroit plus tranquille, fis-je en les conduisant vers ce qui nous servait de lieu de résidence.

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