V – Souvenirs

5 minutes de lecture

Devant le gymnase, un soldat me tendit un micro avant de retourner à son poste. C’était déjà ça, parce qu’avec le monde qu’il y avait, même si ce n’était qu’une trentaine, il fallait que tous m’entendent. Je pris une profonde inspiration avant de prendre la parole.

— Merci d'être venus aussi nombreux. Pour faire simple, j’ai pensé qu'un match pourrait améliorer notre cohésion et notre travail d'équipe comme l’a spécifié le général plus tôt. Il permettra également de faire évoluer notre réactivité à une nouvelle information dans notre champ de vision. Pour commencer, le handball se joue avec un ballon, dis-je en prenant dans mes mains celui qui était à côté de moi. Le but est de le mettre dans les cages que vous voyez de chaque côté du terrain qui est lui-même délimité par les traits jaunes au sol, expliquai-je en leur désignant chaque élément tour à tour. Il est interdit de faire plus de trois pas avec le ballon sauf en dribblant comme ceci, ajoutai-je en faisant rebondir l'objet par terre, mais aussi de dribbler, s'arrêter et repartir en dribble. De plus, seul le gardien qui protège les cages peut être dans la zone autour des buts sinon, c’est une faute et le ballon revient à l'équipe adverse. Le gardien ne peut cependant pas sortir de la zone avec le ballon en main, sinon, c’est aussi faute et balle à l’adversaire. Pour finir, les plaquages sont strictement interdits. Je pense avoir fait le tour. Ah non, j’ai oublié autre chose. Lorsque c’est l’équipe adverse qui a le ballon, vous devez revenir au niveau de la ligne qui est devant votre cage pour gêner les tirs des attaquants. Vous devez coulisser pour éviter les trous entre vous et donc créer des opportunités à vos adversaires. Maintenant les équipes. Qui serait volontaire pour essayer ? Il me faudrait au moins deux groupes de six ou sept personnes.

Quelques secondes passèrent où personne n’osa avancer. Un soldat finit par marcher dans ma direction, bientôt suivi d’autres, montant finalement au nombre requis pour un match. Je composai les deux équipes en fonction des affinités dont je me souvenais, des membres de même équipe. Tous avaient été dans un club avant la perte de mémoire. Je pris ensuite le temps de leur expliquer les différents postes et leur utilité sur le terrain.

Je les laissai cependant choisir eux-mêmes celui qu’ils occuperaient.

— Le match se déroulera en deux phases de dix minutes séparées d’une pause de cinq pour vous permettre de faire le point entre vous sur votre travail d’équipe. Le début ainsi que la fin seront annoncés par trois coups de sifflet. Les fautes seront annoncées par un seul coup.

Je m’écartai et lançai la première mi-temps. Durant les premières minutes, les mouvements manquaient d’amplitude et les techniques étaient plutôt bancales, mais dans l’ensemble, ils ne se débrouillaient pas trop mal pour des personnes ne se souvenant de rien concernant ce sport. Aliana, qui avait un bon niveau il y a deux ans, faisait partie de ceux qui jouaient le mieux avec Tom, Bran, Maëlle et Milan, tous d’anciens bons handballeurs. Le temps défilait et le niveau de chacun augmentait, comme si leurs gestes revenaient du plus profond de leur subconscient. La fin des dix minutes approchait lorsque Aliana intercepta la balle et partit en contre-attaque. Elle remonta le terrain entièrement tout en évitant les joueurs adverses, les esquivant avec une agilité déconcertante. Arrivée aux neuf mètres, elle arrêta son dribble, fit trois pas et sauta. Je sifflai, annonçant la pause, au moment où le ballon pénétrait la cage. L’attaquante retomba au sol, encore déboussolée par son comportement. Elle lança un regard empli d’interrogations dans ma direction avant de rejoindre son équipe. Ils discutèrent peu avant de venir me voir.

— C'était quoi ça ?

— D'où nous viennent ces mouvements ?

— Pourquoi j'ai l'impression d'y avoir déjà joué ?

Je ne leur révélai pas la vérité, préférant trouver une excuse bidon le temps qu’ils retrouvent l’ensemble de leurs souvenirs. De toute façon, ils ne me croiraient pas. Je n'y aurais pas cru moi-même si je n'avais pas gardé ma mémoire.

— J’avoue n’en avoir aucune idée. C'est peut-être dû à notre entraînement, qui sait. Vous devriez vous remettre en place, la partie ne va pas tarder à reprendre.

Ils se remirent en place pour débuter la seconde mi-temps, ne posant pas plus de questions. Plus ils jouaient, plus leur technique évoluait. La défense était plus solide et plus difficile à passer, mais les attaquants ne se laissaient pas faire. Ils tentaient même des combinaisons pour déstabiliser l’ennemi. Dans les gradins, beaucoup se demandaient d'où leur venaient de telles idées, sans se douter une seule seconde qu'elles provenaient de leur subconscient, de leur mémoire effacée. La fin approchait et certains commençaient à se poser des questions. Même si elles n’étaient pas formulées de vive voix, on voyait que quelque chose les perturbait. Je soufflais trois coups dans le sifflet, annonçant ainsi la fin du match. Ils commencèrent à s’interroger entre eux, se demandant s’ils avaient aussi eu des flashes pendant qu'ils jouaient. Un discret sourire étira mes lèvres. Ça avait marché, ils retrouvaient leurs souvenirs.

— Tu sais ce qui se passe, n'est-ce pas ? demanda Tom devant mon air satisfait.

— Explique-nous ! m’ordonna une fille dont je ne connaissais pas le nom. C'est quoi tous ces flashes ? D'où viennent-ils ? m’ordonna une fille dont je ne connaissais pas le nom.

— Pour commencer, ces flashes comme tu dis sont des souvenirs de votre passé que nos « tuteurs » ont supprimés de votre mémoire.

— Tu ne t'inclus pas, remarqua Cody. Pourquoi ?

— Parce qu'il s'avère que je ne l'ai jamais perdue. Je ne sais pas encore très bien pourquoi, mais les faits sont là. Et je ne suis pas la seule. Gwen, alias 702, est comme moi. Elle s'occupe des personnes qu'elle connaissait ou qui partageait ses centres d’intérêt de son côté pendant que j’en fais de même avec vous.

— Je ne sais pas pour les autres, mais je te remercie d’avoir pris tous ces risques pour nous, fit Aliana.

— Nous aussi, annoncèrent-ils d’une même voix.

— Que comptez-vous faire maintenant ? s’intéressa Milan.

— Rendre la mémoire à tous ceux qui n’ont pas encore eu cette chance. Et nous aurions besoin d’aide pour y arriver le plus rapidement possible avant que nos « tuteurs » ne découvrent mon mensonge. Une fois l'établissement libéré, nous nous occuperions de la ville puis du département, la région pour finir par la nation entière.

— Tu peux compter sur nous, déclarèrent-ils unanimement.

Annotations

Vous aimez lire Talhiam ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0