II – Réveil

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Je sortis peu à peu de l'inconscience. Je n’arrivais pas encore à ouvrir mes yeux, mais je distinguais très clairement différentes voix dans les environs. De ce que j'entendais, cela devait être deux hommes. Ils semblaient parler de moi, cependant sans confirmation, je n'étais sûre de rien.

— Comment va-t-elle ? Est-elle opérationnelle pour le début de sa formation ? Ça fait trois semaines qu'elle est dans le coma, et son état n'a pas bougé d'un millimètre.

Ça faisait si longtemps que j’étais dans les vapes ! J'aurais juré que j'étais comme ça depuis seulement quelques heures, tout au plus.

— Elle va bien, tenta de le rassurer l'autre homme. Et elle pourra sortir dès qu'elle se réveillera.

— Je serai toi, je prierai pour que ce soit aujourd'hui. En haut, ils en ont marre d'attendre et tu sais très bien ce qui arrive à ceux qui les déçoivent ou les font attendre.

— Je sais, pas besoin de me le rappeler. Mais je ne vois pas en quoi ça les gêne qu’elle ne soit pas encore prête. Beaucoup d’autres ne sont pas encore réveillés et ils n’en font pas toute une histoire.

— Ils disent que cette fille est spéciale. Ne me demande pas en quoi, je n’en ai aucune idée. Tout ce qu’ils m’ont dit, c’est qu'ils ont besoin d'elle au plus vite.

Spéciale ? En quoi je pouvais bien leur être utile dans l’immédiat ? Je me sentais encore comateuse et un mal de tête carabiné m’empêchait de réfléchir correctement, bloquant mon angoisse par la même occasion. Les derniers événements étaient encore flous dans mon esprit, ne me permettant pas d’y voir plus clair ou de comprendre pourquoi je me retrouvais sur ce lit. La seule chose que je savais, c’était que ça ne sentait pas bon pour moi si je restais ici. Et vu mon état, j’étais plutôt mal barrée côté esquive furtive. Le moindre geste de ma part et tout le monde saurait que j’étais de retour du royaume des songes.

Un long silence s’était installé entre les deux hommes pendant mon voyage dans le tréfonds de mes pensées. Le temps passa et il me sembla entendre le bruit d’une porte suivi de celui de pas. Les deux étaient-ils partis ? Étais-je seule ? M’avaient-ils vraiment laissée après ce que je venais d’entendre ? Ne distinguant toujours aucun son, j'essayai de nouveau d'ouvrir mes paupières. J'y arrivai finalement pour les refermer aussitôt, aveuglée par une vive lumière. Je retentai tout de même l’expérience, mais plus lentement cette fois-ci histoire de ne pas me griller les rétines et détaillai les lieux. Le lit où j’étais allongée était blanc dans une pièce toute aussi blanche. Plusieurs machines occupaient l’espace, certaines que je connaissais et d’autres qui m’étaient inconnues. Tout ça me rappelait fortement une chambre d'hôpital. Et je savais de quoi je parlais puisque j'y avais déjà séjourné plusieurs fois bien malgré moi. Je m'en serais nettement passée, mais bon, il fallait bien faire avec. Je continuai de scruter la chambre quand je vis un homme qui m’observait, à peu près la trentaine, brun, plutôt grand et fin, avec une blouse blanche.

— Enfin réveillée, jeune fille. On n'y croyait plus. Ça doit bien faire trois semaines qu'on essaie de te sortir de ton sommeil, m’annonça-t-il. Je vérifie que tout va bien et tu peux partir. Alors, nom, prénom et âge ?

— Je m'appelle...

J'allais répondre lorsqu’un flash me traversa l’esprit. Je m’en rappelai maintenant, j'étais censée avoir perdu ma mémoire. Ces monstres m’avaient pris mon frère, ma famille et sûrement mes amis aussi. J’étais persuadée qu’ils ne s’étaient pas cantonnés à mon quartier, mais bien à plusieurs villes et villages alentour.

— Euh, je... je ne sais pas, repris-je en feignant la crainte et la peur après quelques secondes pour avoir l’air paniqué. Je ne sais pas non plus mon âge. Comment je m'appelle ? Et j'ai quel âge ? Pourquoi je ne sais rien ?

— C’est bon, respire et calme-toi. Tout est parfaitement normal alors ne t’inquiète de rien. Tu es 1304 et tu as trois semaines, temps écoulé depuis ta création. Tu peux y aller maintenant, me dit-il.

Il m’ouvrit la porte où un soldat, déduit grâce à son uniforme militaire, m’attendait. Il ne m’inspirait pas vraiment confiance, mais j’étais obligée de le suivre. Du haut de mon mètre soixante-trois et de ma maigre silhouette, je ne pouvais pas rivaliser avec son corps tout en muscle et son mètre quatre-vingts, alors à quoi bon lutter. Je ne pouvais qu’attendre le bon moment pour m’échapper et essayer de comprendre où j’étais et ce qu’il m’était arrivé trois semaines plus tôt. Il me fallait aussi retrouver mon frère et mes parents, le coup de feu que j’avais entendu avant de sombrer m’inquiétant. J’espérais vraiment qu’ils allaient bien et qu’ils étaient tous les trois sauf.

— Monte, m’ordonna l’homme, me sortant de mes pensées.

Il m’avait conduite jusqu’à un vieux 4x4 et avait ouvert une porte, ne me laissant pas d’autres choix que de prendre place sur la banquette arrière.

Le trajet ne dura que quelques minutes. Cette fois-ci, j’étais bien restée connectée à la réalité, observant le paysage pour savoir où nous nous rendions. Notre destination me surprit bien que je le cachai du mieux que je pus puisque je n’étais pas censée connaître cet endroit. Nous venions d’arriver devant mon lycée dont les portes étaient gardées par des sentinelles armées. Nombre d’adolescents, dont certains que je reconnaissais comme d’autres élèves du lycée, marchaient en rang dans la cour.

— Le général veut te voir, m’annonça mon chauffeur en se dirigeant vers l’administration.

J’emboîtai son pas. Peut-être que ce général m’apporterait des réponses quant à la situation actuelle et pourquoi tous ces jeunes marchaient comme des robots bien programmés. Le plus haut gradé des lieux nous attendait sur le pas de sa porte, comme s’il avait été prévenu de notre arrivée et qu’il s’impatientait. Il m’ordonna de le rejoindre dans son bureau, m’obligeant à quitter mon chauffeur pour me retrouver seule avec lui.

— 1304, tu commences aujourd’hui ta formation pour défendre notre pays. Tu as été conçue dans l’unique but de servir et protéger ta nation. En tant que supérieur, tu me dois l’obéissance, soldat. Et je serai intransigeant avec ceux qui ne suivent pas mes ordres ou qui loupent l’entraînement. À partir d’aujourd’hui, tu fais partie du groupe Écarlate. Tu devras vivre avec eux, t’entraîner avec eux, manger avec eux. Il vous est interdit de vous séparer pour faciliter votre départ, même si en petit groupe, en mission lorsque vous serez prêts. Tu peux disposer. Quelqu'un va te conduire à ton équipe.

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