Chapitre 2 - Puits - Partie 4

2 minutes de lecture

 Les données du pupitre ne pouvaient être plus précises. L’archiviste Romani jouait à rebours la consultation des deux jeunes dans le bâtiment de l’Humania. Ces informations étaient sans équivoque. Les garçons étaient sur la piste d’un Homme-ombre. Celui-ci n’avait pas été identifié par la personne à l’origine de l’observation. De toute manière, quel qu’il soit, l’apparition d’une de ces entités n’était pas à prendre à la légère. Ce point se confirmait. Les autorités de Vard avaient déjà été mises au courant dès les premières heures de cette rencontre fortuite. L’information n’aurait pas dû fuiter si facilement et entrer en possession d’adolescents bien trop jeunes pour en mesurer l’importance. L’archiviste devait se faire une raison. Son devoir était d’en faire part rapidement à sa hiérarchie. Son manque de vigilance serait sûrement mis en évidence et son reclassement vers un poste inférieur ne tarderait pas.

 Alban Romani avait gravi les échelons un à un depuis son engagement chez les archivistes. Faire partie de cette communauté devait émaner d’une volonté profonde. Outre la formation classique et les spécialisations spécifiques, une phase d’humaniformation était nécessaire. De façon irréversible, son corps et son cortex avaient été subtilement modifiés pour amplifier ses capacités mémorielles. Il y avait un fardeau à porter. Garder à l’esprit en permanence des heures, des jours de vie provoquait, non seulement de fortes migraines les premières années, mais aussi des artefacts psychiques. Les troubles pouvaient se manifester de différentes manières chez les sujets. Alban Romani avait eu des phases de dédoublement de la personnalité, entendu des voix et ressenti de nombreux moments de déjà-vu. Malgré tout, il les avait endurés. De toute manière, une fois la procédure enclenchée, il n’y avait pas de retour possible. Heureusement, elles s’atténuaient avec le temps et la pratique régulière de la délivrance. Avec l’assentiment des autres archivistes-instructeurs, il avait ensuite quitté les environs de Vard et le centre d’humaniformation pour être affecté à une petite cité près de l’équateur. Il y avait passé quelques années en compagnie de l’archiviste Clindel qui paracheva sa formation. Il fut définitivement envoyé à Diop, bien plus au nord. Depuis, sans heurt, il y occupait la fonction d’archiviste et d’instructeur.

 Jusqu’à présent, il avait eu peu d’interactions avec Zack et Josh. Ils n’avaient jamais vraiment montré de capacité à lui causer des soucis. D’autres s’en chargeaient. Pourtant, assis dans le fauteuil, la tête pendant en arrière, Alban Romani fermait les yeux pour optimiser ses facultés mémorielles. Il revivait le moment où il avait cueilli les deux jeunes dans le couloir. Il ressentait son laxisme à les laisser partir sans plus de discernement de sa part.

 Il ouvrit les yeux, releva sa tête. Il pianota sur son PIM pour réserver une petite navette. Il restait une petite fenêtre, un espace-temps où se glisser pour ne pas perdre la main, comme dans une bonne partie d’un type de jeu apparu sur le premier vaisseau mère Markind : le Lockace.

Annotations

Vous aimez lire Philippe Ruaudel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0