Retour à la maison

4 minutes de lecture

Ce retour se fit donc avec Myra et Mat, juchés chacun sur les épaules de leur Girk, mêlant les soubresauts de la marche avec ceux de leurs rires. Boraz et Britta les suivaient en se tenant par la main. Ils se laissaient, eux aussi, aller fréquemment à l’hilarité qui les gagnait en entendant les gloussements de joie des enfants et des Girk. Personne ne pouvait résister à cette bonne humeur. La vie était vraiment belle.

Une fois rentrés chez eux, les quatre humains se mirent à table. La cérémonie leur avait ouvert l’appétit. Les Girks quant à eux, avaient commencé à s’attaquer aux jeunes pousses de blous entourant la maison (un genre de bambou). Boraz allait devoir trouver rapidement une solution pour leur alimentation. Ça mangeait quasiment le poids d’un enfant en jeunes pousses, par jour. S’il ne faisait rien, l’environnement de leur maison ne serait plus qu’un désert aride.

Après le repas, au lieu de faire sa sieste habituelle, il se rendit chez ses voisins, Clab et Darla. Ils avaient un enfant devenu adulte lors de la cérémonie de ce matin. Ils avaient donc forcément trouvé une solution pour les 10 cycles qui venaient de s’écouler. Après quelques embrassades avec les voisins et leur fils Arlan, ils s’assirent tous autour de la table dehors, devant une tasse fumante de zajh. Le leur avait un petit goût poivré, dû à une légère fermentation des feuilles. Chacun l’accommodait différemment.

  • Quel bon vent t’amène, Boraz ? lui demanda Darla.
  • Comme vous l’avez peut-être vu ce matin, nos deux enfants sont maintenant appariés avec un Girk. Et je me suis aperçu que ça mangeait énormément, un Girk. C’est sans doute pas de leur faute, mais il sont en train de dévorer la haie de blous autour de la maison
  • Oh oui, ce sont de vrais gloutons, ces Girks, acquiesça Clab.
  • Justement, je voudrais savoir comme vous avez fait pour que votre maison et son entourage ne ressemble pas à un désert ?
  • Oh, je comprends… Viens avec moi, je vais te montrer un endroit où le blous pousse tellement vite qu’heureusement qu’il y a les Girks, sinon, ça deviendrait une forêt vierge. Je vais aussi te laisser ma charrette pour le ramener chez toi. Tes bras, même s’ils sont grands, ne suffiront pas à porter leur nourriture quotidienne. Surtout que tu en as deux à nourrir… Dit-il dans un grand éclat de rire.

Tout le monde se mit à rire, Boraz parce qu’il était rassuré, il avait une solution pour les Girks de ses enfants et ses voisins parce que la situation était drôle quand même… Pensez donc : deux Girks à nourrir... quelle idée !

Cette solidarité naturelle était ce qui leur permettait à toutes et tous de vivre en harmonie, sans tension. Chacun se préoccupait plus des problèmes de l’autre, pour lui apporter son soutien que des siens propres. De vrais êtres humains, tout simplement. Ce problème réglé, une fois terminées leurs tasses de zajh, Boraz suivi Clab qui lui montra le fameux endroit où pourraient de façon indomptable, ces fameux blous. Ils étaient venus avec la charrette et ne mirent que quelques minutes à la remplir à raz bords.

Il rentra donc chez lui, tirant cette charrette pleine de nourriture pour les Girks. De quoi tenir au moins trois jours. Le voyant arriver ainsi chargé, les Girks accoururent à son secours et les derniers mètres de traction ne furent qu’une formalité. Ils étaient raisonnables et ne se jetèrent pas sur la cargaison, d’autant plus qu’ils avaient déjà dévoré la haie.

Il rejoignit Britta qui somnolait dans leur lit et il fit ce qu’il fallait pour que son réveil soit des plus agréables mais qu’il reste suffisamment silencieux pour ne pas alerter les deux enfants. Ceux-ci étaient dans leur chambre et lisait tranquillement pour Myra et dessinait pour Mat. Pour son jeune âge, il avait un sacré coup de crayon et avait entamé le dessin de leurs deux compagnons. En quelques traits, il avait réussi à rendre leur bonhomie et leur gentillesse, sur une feuille de papier.

Myra quant à elle était plongée dans les glorieuses aventures de la mythique Zora, une femme de légende qui avait, il y a très longtemps, dirigé une armée en lutte contre des serpents venimeux qui hypnotisaient les enfants avant de les emmener au fond des marais. Elle avait un regard perçant, des yeux verts comme Myra, et c’est elle qui avait fini par prendre le contrôle du serpent en chef et qui l’avait fait se manger lui-même. Myra se voyait bien jeter des flammes sur les méchants avec son regard. Autant Mat était calme et posé, autant, Myra ne rêvait que plaies, bosses et combats épiques.

Ils étaient l’eau et le feu ou l’air et la terre. Tellement différents mais tellement complémentaires. A chaque fois que Britta pensait à ses deux enfants (oui, elle avait très vite considéré aussi Mat comme son fils, même s’il n’était pas sorti d’elle), elle ne pouvait s’empêcher d’admirer les œuvres de la Nature qui savait faire des merveilles comme ses deux enfants, si parfaits et si dissemblables.

Annotations

Vous aimez lire Fred Larsen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0