Chapitre 5 : Première nuit

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Ils installèrent leur premier bivouac avec jovialité. Matt avait déniché un endroit à l’abri du vent et entouré de hauts pins. Il connaissait parfaitement ces lieux et avait pris l’habitude de séjourner ici lors de ses précédentes randonnées. Le choix lui paraissait évident. Il ramassa du bois sec avec Andrew pour confectionner un feu de camp. Les filles déplièrent les deux tentes, une pour les garçons et l’autre pour elles, en un claquement de doigts. L’armature, intégrée à la toile, permettait une installation d’une facilité déconcertante.

Pendant ce temps, Max se lança dans la recherche de champignons. Il avait amené avec lui quelques œufs pour concocter une omelette. Il contourna le gros rocher, au pied duquel le campement prenait forme, et se dirigea vers les sous-bois. Sûr de dénicher quelques espèces comestibles, il ne passa que quelques minutes avant de tomber sur un tapis de chanterelles. Il les cueillit et retourna au camp avec satisfaction.

Dix-huit heures approchaient et le crépuscule s’emparerait bientôt du décor. Les tentes étaient montées et ses amis s’étaient regroupés en un cercle autour du futur foyer.

– Ça va ? Tranquille ? Vous attendez quoi pour allumer le feu ? Je ne vais pas vous faire une omelette froide, moi !

– Oh, je l’allume tout de suite, dit avec précipitation Andrew. Je ne voudrais louper ton omelette pour rien au monde !

– Je vois que tu nous amènes de succulents champignons. J’en ai déjà l’eau à la bouche, dit Hélèna.

– En attendant, viens t’asseoir et bois un coup avec nous ! l’invita Jessica.

Elle lui tendit un verre en plastique.

– C’est quoi ? fit-il.

– Hum, Andrew a ramené un petit apéritif à la framboise : délicieux ! Tu m’en diras des nouvelles.

– Ah ben les voilà les sportifs, dit-il en riant.

Il s’assit et ils trinquèrent en l’honneur de leur première journée. Andrew, armé d’un briquet marqué du sceau des Lanister, enflamma l’amas de bois.

Le feu éclairait le visage des adolescents. Max plaça une des poêles amenées par Jessica sur la fournaise. Il y déposa les champignons, qu’il avait au préalable nettoyés avec l’eau de sa gourde, et les saupoudra d’épices.

– Le secret, dit Max, c’est de bien faire revenir les champignons avant d’y incorporer les œufs.

– Quel homme, fit Hélèna, tout en filmant la scène ! Tu es bon à marier !

Max rougit. Il retourna les chanterelles pour désamorcer le feu qui empourprait son visage et se redonner un peu plus de contenance.

– Je ne pige pas cette expression « les faire revenir »… Comme s’ils étaient partis les champignons, dit Andrew avec un accent à couper au couteau.

– Oh, mon dieu, que t’es con ! dit Hélèna.

Matt désigna le sac de Max de la tête.

– Mais, tu as embarqué un magasin complet là-dedans, dit-il.

– Oh, juste de quoi survivre.

Andrew se leva pour soupeser le monstre.

– Vache, mais il fait une tonne ton truc !

– T’inquiète, il va tout doucement s’alléger, vu ce que vous allez dévorer !

– Ce n’est pas faux, fit Jessica en tapant dans ses mains.

– En attendant, tu dois souffrir le martyre avec ce poids sur le dos ! reprit Matt.

– Mais, non, t’inquiètes. Je suis une véritable force de la nature.

Ils rirent de bon cœur. Après quelques minutes, Max cassa les œufs et en recouvrit les champignons. Une odeur divine titilla les papilles des campeurs. Le ventre d’Hélèna émit un bruit d’ours qui raviva l’hilarité du groupe. Ils mangèrent avec appétit. De généreuses parts de pains complets accompagnaient le met confectionné par le cuisinier. Après le repas, Max se leva et se dirigea vers son sac d’un pas décidé.

– Je vais vous jouer un petit morceau de guitare maintenant.

– Quoi ? Tu as aussi une guitare là-dedans ? demanda Jessica bouche bée.

Le jeune homme plissa le nez avec une grimace de benêt.

– Nan, je déconne ! Je vous charrie.

Il se rassit dans un fou rire général.

– Oh, je vois que j’ai un concurrent, fit Andrew entre deux rires.

– Arrête ! dit Matt en se tenant les côtes. Tu sais, le pire, c’est que j’y ai cru !

La bonne humeur régnait en maître dans ce coin de paradis. Ils se couchèrent vers les vingt-trois heures. La journée avait été longue et la montée harassante. Nos cinq âmes s’endormirent en un clin d’œil bercé par les stridulations des insectes nocturnes et les hululements d’un petit duc.

À l’aube, Helena se leva la première en prenant soin de ne pas réveiller son amie qui dormait profondément. Le soleil montait dans le ciel. Ses fins rayons matinaux tentaient de réchauffer la montagne avec timidité. Elle alla jusqu’à un promontoire rocheux qui lui offrait une vue panoramique sur le paysage. C’était incroyable. Elle surplombait la ville de Cliver Mountain. Elle pouvait y deviner sa maison au loin. Elle distinguait la bibliothèque communale : un bâtiment avec de hautes colonnades de marbres. Plus loin, l’océan qui bordait la cité brillait de mille feux. Les Clivériens s’éveillaient doucement. De minuscules bateaux de pêcheurs, qui avaient travaillé toute la nuit, revenaient au port avec lenteur et laissaient derrière eux une zébrure d’écumes blanches sur l’onde bleue. L’air était pur et frais. La jeune femme s’en emplit les poumons à se les faire éclater. Elle prit de nombreux clichés puis entama quelques exercices de stretching avant de retourner au camp.

Max s’était levé et préparait le petit déjeuner.

– Eh, Max ! Tu as bien dormi ?

– Impeccable ! Et toi, déjà debout ?

– Eh oui. Tu devrais faire un tour sur ce rocher, la vue est merveilleuse !

– Je n’y manquerai pas. C’est la dernière fois qu’on verra Cliver Mountain avant trois semaines.

– Effectivement. Allez, je t’aide !

Ils préparèrent le repas matinal pour leurs amis qui se levèrent quelques minutes plus tard, attirés par l’odeur du café comme des abeilles par le miel.

– Allez les marmottes, fit Helena. On se bouge !

– Je serais bien restée couchée encore une heure, dit Jessica, en bayant aux corneilles.

– Vache ! dit Andrew. J’ai vu ton estomac. Je t’assure !

– Ta gueule, répondit Jessica.

– Quelle vulgarité ! s’offusqua Andrew.

Matt, assis avec sa carte en main, ne prêtait pas attention aux joutes verbales de ses compagnons :

– La journée sera un peu plus tranquille. On va monter encore de trois cents mètres sur vingt kilomètres environ. Après, on descendra vers la forêt Majestik. On y sera dans deux jours tout au plus.

– Bien ! dit Andrew. Le temps est avec nous on dirait. On déjeune est on y va.

– Yourou, hurla Max tel un coyote.

Tous l'imitèrent comme un seul homme. Un rapace effrayé par ce tapage inopportun s’envola à grand coup d’aile dans le ciel azur.

Chacun démonta le camp. Les garçons plièrent les deux tentes. C’était bien plus compliqué à ranger qu’à déployer!

– Quelle merde ce truc, râla Andrew, rien de tel que les sardines.

– Attends, tu t’y prends comme un manche. Il suffit de prendre le bon pli dès le début, recommanda Matt.

En un clin d’œil, la tente fut repliée.

– Oh merci Missiou pour votre démonstration qui frôle le génie, dit Andrew avec un accent du sud.

Les filles avaient rangé les sacs de couchage.

– Bordel qu’est-ce que je pue, fit Jessica, un brin écœuré.

– T’inquiète, dit Matt, ce soir on campe près d’un torrent. Tout le monde pourra se refaire une beauté.

Les deux adolescentes crièrent de joie. Andrew les regarda l’air amusé et dit :

– Jusque là, je vais devoir supporter votre odeur nauséabonde ! Quel supplice !

Un sac de couchage le cingla en pleine tête, et il dû se replier sous les coups de boutoir de la gent féminine qui riaient en le frappant.

– En plus de vraies démentes, continua-t-il en se sauvant. On dirait deux putois démoniaques !

La deuxième journée commençait dans la joie et la bonne humeur.

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