Chapitre 4 : Le junky

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Il s’engagea dans la ruelle d’un pas incertain. Il n’était pas vraiment sûr de marcher. Il flottait plutôt. Il flottait au-dessus de son corps, et le dirigeait comme une marionnette. Bon, Il n’avait pas lésiné sur la blanch et en avait snifé quatre lignes : une dose conséquente. Il savait qu’un beau jour, son cerveau ne supporterait plus ce train de vie, mais il s’en moquait. Engagé depuis une bonne centaine de mètres dans ce couloir malfamé et malodorant, il sursauta en entendant des cris derrière lui. Il se retourna tel un funambule en équilibre sur sa corde et faillit se retrouver les fesses par terre. Il vit des hommes à la tête déformée et à l’accoutrement animal qui se tenaient à environ une vingtaine de mètres de lui. Ils portaient des sortes de massues avec lesquelles ils frappaient le sol. Le junkie se mit à rire. Bordel, il avait vraiment abusé aujourd’hui. Il les invectiva :

– Eh, les tapettes ! Vous allez à un bal masqué ou quoi ?

Les autres lui répondirent par des grognements.

– Je vois... Vous êtes encore plus défoncé que moi les gars.

Il se retourna et reprit son chemin comme si de rien n’était. C’est alors qu’une matraque se fracassa juste sur sa droite. Il la regarda et remarqua le sang. Derrière lui, une cavalcade s’engagea. Il jeta un coup d’oeil au-dessus de son épaule et vit les individus se ruer vers lui en hurlant. D’un coup, il fut dégrisé et réintégra son corps. Il prit ses jambes à son cou. Il ne souhaitait pas connaitre leur intention et obliqua dans une autre ruelle. À cet instant, il regrettait amèrement d’avoir abusé de cette drogue. Sa fuite était incertaine, et pas aussi rapide qu'espérée. S’ils le rejoignaient, ils le massacreraient probablement. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, il trébucha et tomba lourdement le long d’un mur. Il se releva et prit un autre passage. Les créatures le talonnaient et rattrapaient. C’est alors qu’il vit cette énorme poubelle : une cachette comme une autre. Il bascula le couvercle et se laissa choir à l’intérieur. La chute parut longue, bien trop longue. Il essaya de se raccrocher à quelque chose, mais rien ne lui tomba sous la main. Le noir l’entourait et son interminable dégringolade se poursuivait. Il hurla. Soudain, un froid intense le saisit : de l’eau. Il se trouvait immergé et bloqua sa respiration de peur de mourir noyé. Ses pieds heurtèrent le sol. Il plia les jambes et exerça une forte poussée afin de remonter vers la surface. En tout cas, il l’espérait. Il jaillit tel un bouchon de liège hors de l'onde et écarquilla les yeux. Il se trouvait dans un torrent au milieu d’une profonde vallée.

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