Les Aiguilles et la Chute à Pointes - PARTIE 2

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Girondin était posté avec ses gardes et le bourreau au dessus des grandes portes du château. La muraille était protégée de par sa hauteur et c’était le meilleur observatoire pour lui. Ses gardes étaient prêts à tirer sur tout ce qui bougerait dans les environs, c’était pour cette raison que les villageois avaient eu pour consigne de ne pas sortir sauf pour défendre le royaume si nécessaire. Il espérait encore éviter de devoir tuer tout le monde et surtout il voulait éviter que l’ennemi utilise le dragon maudit. La main sur le front en visière, il regardait le petit groupe de Résistancionnaires arriver doucement, leur torche à la main ; les flammes dansaient dans les airs. Il ne put s’empêcher de ressentir une bouffée de haine en imaginant les gens qu’il pensait être ses amis arriver vers son château pour le faire descendre de son trône. Ils le paieraient ! Il eut aussi un ricanement car il savait que les gens qui approchaient n'avaient pas d’armée. Ils étaient très peu, il y avait juste ce dragon au final et l’arme qu’il avait commandée était bientôt prête. Perdu dans ses pensées, il fut soudainement ramenée à la réalité par un chant absurde qui s’entendait de mieux en mieux à mesure que la troupe de Blue approchait. Il pouvait maintenant distinguer chacun d’eux, qui en robes de velours, qui en costumes côtelés… Chacun d’eux était protégé par une cape de laine épaisse. Angelo et Raven tenaient ensemble quelque chose à la forme étrange. Ils avaient l’air joyeux et entonnaient avec sourire leur chanson stupide.

“L’Empepeur a peur !

Il n’a plus nos terreurs

L’Empepeur a peur !

Nous sommes son malheur.

Mes frères, levez vos armes !

De votre épée, égorgez-les !

Mes soeurs, séchez vos larmes !

De vos deux mains, applaudissez !

Après le combat le repos

Enfin nous sommes humains !

Après le combat le repos

Le paradis c’est certain !

Les vieux temps sont derrière

La souffrance est finie.

Les vieux temps sont derrière

La vie enfin sourit.

L’Empepeur a peur !

Il n’a plus nos terreurs

L’Empepeur a peur !

Nous sommes son malheur.”

Ce chant fit sortir certains paysans de leur chaumière, intrigués. Ils eurent presqu’envie de se joindre à la troupe tellement c’était chanté avec conviction, avec force aussi. Mais l’Empepeur leur faisait trop peur. Alors chacun d’eux rentra sagement dans sa maisonnette, tout en priant pour que tout ça finisse vite. Deux misérables sortirent quand même, ils n’avaient pas de famille, ils se disaient qu’ils n’avaient pas grand chose à perdre. Lukuku et Georges coururent vers le groupe qui les accueillit à bras ouverts. Girondin paraissait excédé, mais pas intimidé pour autant. Il se tourna vers son bourreau attitré et posa une main rassurante sur son épaule, un geste fraternel.

— Va… Tu sais ce qu’il te reste à faire mon brave M.

Le dénommé M acquiesça gravement puis tourna le dos à son Empepeur. Il descendit par la tourelle, passa un message rapide à un garde, et se rendit dans sa pièce de torture. Là, il s’équipa pour la guerre à venir. Il serait impitoyable.

Le groupe de Résistancionnaires s’arrêta à une quinzaine de mètres des portes. Wow s’avança pour se mettre bien en vue de Girondin.

— Hééé ! Toi là-haut ! Rends-nous Ted et on s’en va sans faire d’esclandre ! cria t-il de sa voix grave et suave en bombant le torse, sans y croire lui-même.

— Te rendre quoi ?! Ce sac à bouse ?! rit l’Empepeur en tirant vers lui le fameux ElCucumber qu’on venait de lui apporter après le message de M le Mystérieux. Pourquoi ferais-je une chose pareille ?!

— Parce que je le demande poliment ! Et que j’ai là un cadeau pour toi, pour te montrer ce qui t’attend dans quelques heures !

Il se tourna vers son groupe et fit un signe de la main. Angelo et Raven s’avancèrent alors avec leur fardeau. Girondin plissa les yeux pour mieux distinguer ce qu’on essayait de lui montrer, Ted tremblait. Il savait en cet instant que l’accord conclu la veille n’avait aucune valeur. Il mourrait.

— Voilà ton cher bras droit, le fidèle chien-chien à son pépère ! Maxance qui était venu nous ravir une jeune enfant ! cria de plus belle Wow en jetant le corps carbonisé du conseiller de Girondin devant lui.

Girondin fut ulcéré. La rage monta en lui si fort qu’il dû se contenir pour ne pas hurler, pas tant pour la perte de Maxance, mais pour la perte de sa fierté d’Empereur sans faille. Il fit un signe discret de la main à un garde proche de lui. Ted comprit aussitôt. Il secoua la tête frénétiquement en signe de dénégation mais rien ne put empêcher son destin de se jouer. Le garde empoigna le prisonnier qui était richement vêtu de collants de soie et d’une robe de noble pourpre. Girondin leva sa main en l’air pendant quelques seconde et l'abattit d’un coup sec.

Le garde fit passer Ted par dessus la rambarde de la muraille. Le groupe devant le château eut une exclamation horrifiée et Ted s’écrasa en moins de deux secondes par terre, dans les douves pleines de piques. Il y eut un craquement sinistre qui déclencha un brouhaha parmis les Résistancionnaires. Raven hurla de toutes ses forces et courut vers les douves pour aller voir son frère, suivi de ses amis qui eux se dirigeaient vers la porte. Seule Ash se tenait en retrait. Elle avait pour mission d'attendre le signal pour appeler Banyshion et d'écrire la bataille si celle-ci avait lieu. Les jeunes gens tambourinaient la porte, essayaient de la défoncer mais elle était solide. Girondin en profita, le sourire en coin, pour lancer le deuxième signal. Une pluie de flèches s'abattit alors sur le groupe en bas. Ils battirent en retraite, sous les cris, mais deux victimes furent à déplorer. Lukuku le paysan reçut une flèche en pleine tête et la pauvre Aïka périt aussi, touchée dans le dos. Blue pleurait sa perte, en rage. C’était une brave petite. Yoru consolait Lenna et Ziolet. Ils restèrent un peu en retrait le temps de reprendre leur souffle. Angelo alla voir Ash pour lui dire que l’heure était venue pour Banyshion de faire ses preuves. Girondin descendit de sa muraille et se rendit dans la salle d’armes où attendait sa machine dont l’extrémité pointait dehors. Il savait que le monstre de feu ne tarderait pas à arriver. Raven avait réussi à tirer Ted du fossé et l’avait emmené à l’écart, là où les autres l’ont rejoint peu après. Ted était sérieusement blessé il délirait en articulant douloureusement, tentant de ne pas bouger ses membres brisés.

— Raven… J’ai pas réussi à… Concombres… Mal… Geisha… Loutre, loutre, LOUTRE ! acheva t-il en hurlant avant de sombrer dans le noir.

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