Les Aiguilles et la Chute à Pointes - PARTIE 1

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Le soleil avait pris le dessus sur la neige qui ne tombait plus depuis la veille. L’ambiance dans Discordya et ses forêts à l’aube était étrange. Il régnait comme une aura irréelle, les gens étaient dans une torpeur générale, comme dans un rêve. Ils se demandaient ce qui allait leur arriver, qui gagnerait, qui serait tué. Que ce soit du côté de l’Empepeur ou des Résistancionnaires, les questions et les doutes fusaient dans les cerveaux. Dans le château, le jeune Thierry et son amie Mia se chamaillaient, comme toujours.

— Je t'avais dit qu’on devait les rejoindre, maintenant on va tous crever… Tu ne m'écoutes jamais ! souffla Mia à son camarade.

Tous deux étaient devant une fenêtre de la grande salle du château qui servait de salle à manger pour les nobles. Ils voyaient au loin des lueurs, probablement celles de torches utilisées par les traîtres à leur rang. Il se tourna vers Mia et eut un air de consternation en lui prenant les épaules.

— Alors déjà, tu vas calmer tes nerfs, on ne risque rien nous au château…

— Hum hum ! Vous en êtes certain jeune monsieur ? fit une voix étrangère soudainement.

Les deux jeunes se retournèrent vivement et se retrouvèrent devant une jeune femme, très jeune, qui les regardait avec un air diabolique. Elle tenait à la main des aiguilles à tricoter.

— Vous auriez en effet dû écouter la demoiselle, jeune nigaud ! Nos places devraient être auprès des sauveurs qui vont combattre courageusement dans quelques minutes.

— Qui êtes-vous manante, paysanne, clocharde !? s’écria Thierry, sur la défensive, soudainement inquiet. Apparemment tous les traîtres n’ont pas été éradiqués ! On s’occupe des rats mieux que ça !

— Je suis La Rêveuse, pour vous servir mon Prince ! fit la nouvelle venue en mimant une révérence grotesque. Ho ! Ne vous demandez pas ce que je fais là, j’ai berné ma vieille mère pour entrer ici, je me sentais inutile depuis ses visions, il fallait que quelqu’un se charge des petits sournois de la noblesse. Votre monde est foutu, kaput, finito cacatum !

Mia écoutait tout en se maudissant de ne pas avoir fait le bon choix quelques jours plus tôt. Elle repensait à ses trois compagnes qui étaient dehors, courageuses. La honte l’envahit et elle s’avança vers la Rêveuse, les mains en l’air en signe de paix sous l’oeil furieux de Thierry qui s’écria :

— Tu vas quand même pas t’allier avec cette misérable ! Mia ! Je… Je t’aime moi !

— Ils disent tous ça ! répondit Mia avec mépris. Tu m’as entraîné là-dedans juste pour m’avoir à toi tout seul… Débrouille toi, je m’en vais avec elle moi.

— Mais… C’est ma phrase ça ! Mia… S’il te plaît, ressaisis-toi !

La rêveuse n’avait pas perdu une miette de ce qui s’était passé. Elle jubilait. Une alliée et un drame amoureux, c’était une belle journée de révolution digne des Feux de l’Amour ! Elle attrapa Mia et la mit derrière elle d’un geste vif, et elle s’avança vers Thierry, doucement. Le jeune homme ne comptait pas se laisser faire. Il sauta sur elle sans réfléchir faisant tomber dans son élan un petit guéridon et le vase posé dessus. Les roses épineuses par terre accueillirent leur chute. Mia, les mains sur les joues, catastrophée, ne savait pas quoi faire. Alors elle s'asseya sur un fauteuil et regarda, se disant que de toute façon, l’un ou l’autre, son destin était fini ce jour. Dommage qu’il n’y ait pas de pop-corn tiens… se dit-elle.

La bagarre entre les deux jeunes gens faisait rage, ils s’échangèrent des coups de poing, des coups de pied, des coups de tête, balayette… Le sang giclait, les dents tombaient. La Rêveuse avait perdu ses aiguilles dans la chute. Finalement, au bout de quelques minutes de baston Thierry se releva, victorieux. Le visage tuméfié, il regardait Mia avec un air de défi.

— Alors, c’est qui le meilleur ?! Tu veux toujours rejoindre cette gourgandine ?

— Euh… Non merci… répondit Mia hésitante, un peu déçue et inquiète.

— Tu as un choix, tu restes avec moi et on aide l’Empereur ou tu t’en vas ! Les votes sont clos dans trente secondes.

Mia ne réfléchit pas plus longtemps, finalement elle l’aimait bien son Thithi. Elle se jeta sur lui, l’enlaçant de toutes ses forces. Ils ne virent pas que La Rêveuse s’était relevée en grimaçant de douleur et avait ramassé les aiguilles. Thierry ne peut que pousser une exclamation de surprise quand elle enfonça ses aiguilles entre ses côtes. Le sang coulait de sa bouche, il regardait Mia puis la repoussa ; il croyait que c’était elle qui l’avait blessé. Il n’eut pas le temps de réaliser que la coupable n’était pas celle qu’il pensait, il s’effondra sur la moquette et ferma les yeux. Mia le vit mourir la mine tragique, douloureuse. Le sang s’était répandu sur le tapis sous son corps de jeune homme. C’était fini. La Rêveuse tentait de rester debout avec un air satisfait malgré ses blessures mais Mia ne la laissa pas faire. Elle se rua sur elle et lui abattit un genou dans le ventre. La fille tomba, repliée sur elle-même. Mia sauta sur elle de tout son poids et ramassa le vase de roses. Le bruit que fit l’objet sur la crâne de la Rêveuse suffit à soulager Mia, et le sang qui gicla de la blessure fit office de vengeance.

— Paf, dans ta gueule ! s’écria Mia devant le corps de La Rêveuse.

Essoufflée, meurtrie, elle sortit de la salle et se rendit chez l’apothicaire pour trouver refuge. Aka-Nightmare l'accueillit avec douceur et lui fit boire une décoction de plante qui abrutiraient la peine de la jeune fille pour un temps. Ensuite, elle l’installa dans son atelier, sur son lit et la couvrit d’une couverture chaude. Pour Mia, la révolution était finie. Elle s’endormit peu après avoir bu l’infusion de plantes, et la dernière chose qu’elle vit fut le visage de Thierry qui lui souriait.

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