La Mémoire Morte et la Peur de Girondin - PARTIE 2

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Girondin fulminait dans son château. Il n’en croyait pas ses oreilles : Yoru et Angelo l’avaient trahi. Il ressassait les mêmes pensées depuis quelques jours : assassiner tous ceux qui étaient sortis du château en compagnie de Blue l’Anarchiste. Les parents des jeunes filles furent capturés et mis à mort sans procès, leurs corps pendaient maintenant sur les potences montées expressément pour l’occasion. La cour du château sentait la mort. Les marchands et habitants ne sortaient plus de chez eux, ils avaient peur que le moindre geste ne fusse interprété comme une trahison Ils ne se parlaient plus non plus, ne sachant pas à qui faire confiance en ces temps sombres. Parmis eux il y en avait qui auraient rejoint la résistance de bon coeur, mais les portes étaient désormais bien gardées, et le souterrain condamné. L’apothicaire fut exécuté parce qu’il avait osé dire tout haut qu’il admirait les Résistancionnaires, le boulanger de la cour fut étripé car il avait sourit un peu trop, ce ne pouvait être qu’un signe de résistance en ces temps troubles. Aka-Nightmare tenait maintenant la boutique de son maître en faisant profil bas. Elle n’avait plus qu’une envie : couper la tête de Girondin après qu’il lui ait parlé comme à une racaille.

L’Empepeur fit venir Ted ElCucumber dans ses appartements après mûre réflexion. Il avait un marché à lui proposer pour éviter de devoir entrer en guerre. Il savait qu’il ne ferait pas le poids, son armée était réduite (si ce n’est inexistante mais laissons le rêver miskine) et les autres avaient un dragon. Déjà il avait fait préparer une arme géante pour y faire face, mais est-ce que cela suffirait ? Il en doutait. Le prisonnier arriva, escorté de deux gardes narquois qui le lancèrent dans la pièce luxueuse. Il atterri sur le gigantesque tapis face contre terre, toujours vêtu de son pagne en sac de patates. Il se releva et toisa l’Empepeur avec mépris et en se frottant les côtes.

— Bien… Bien bien… Donc c’est toi le misérable ver de terre qui met à mal mon royaume… Tu n’es pas si menaçant finalement.

Girondin regardait avec le même mépris l’homme devant lui, puis repris son petit discours qu’il avait préparé.

— Je t’offre la liberté, oui, dans ma grande générosité. Mais, avant que tu ne te réjouisses, je te demande une chose en échange. Es-tu prêt à t’allier à moi ?

Ted écarquilla grand ses yeux puis éclata de rire en se tenant plus fermement le buste douloureux.

— Je savais que cela te ferait rire. Mais réfléchis un instant : si tu me donnes des informations susceptibles de me faire éviter cette bataille, tu seras libre, et sans risque de te faire lyncher, car tes amis seront épargnés et aucune guerre ne sera déclarée si nous savons comment désamorcer la bombe. Ils ne sauront pas que tu m’as été très utile. Je répète ma question : es-tu prêt à t’allier à moi ?

— Qu’est-ce que vous voulez savoir ? J’y gagne quoi ? demanda Ted, intéressé.

Girondin sourit, il avait gagné. Ted dans son camp, les autres auraient des failles.

— La vie triple andouille ! Et je veux savoir quels sont les points faibles de tes amis. Qui sont-ils, que feront-ils… Tu as été en contact avec l’anarchiste bleue depuis assez longtemps pour savoir quels seraient vos plans pour m’évincer.

Ted n'hésita pas longtemps. Après tout l’Empepeur avait raison, s’il ne se passait rien, il serait libre. Il en avait eu assez de la prison, de la torture. Il ne voulait plus vivre comme un vieux rat d'égout. Il raconta alors d’une traite les techniques de combat qu’ils avaient mises en place Blue, lui et d’autres personnes dans le comté de Vildakoté. Il raconta aussi les espoirs des Résistancionnaires, leur projet pour l'exécution de Girondin, et aussi la faiblesse de Blue : la protection. Elle donnerait tout pour protéger les plus faibles, donc ici les jeunes filles. Il parla de Raven qui cesserait probablement tout combat s’il savait son frère dans le camp ennemi. Même en cas de trahison, Raven ne voudrait pas sa mort, du moins l’espérait-il.

La discussion dura plus d’une heure et enfin, Ted fut envoyé dans des appartements au lieu de sa cellule de pierres humides, il serait néanmoins gardé jusqu’à l’issue des tensions. Girondin fit appeler Maxance pour une mission extérieure. Ted n’était pas au courant de ça, il pensait que l’Empepeur voulait éviter la confrontation, il était en train de profiter de son luxueux lit de plumes d’oies dans une pièce où un feu brûlait chaleureusement.

Quelques heures plus tard, Maxance, en pleine mission, était presque arrivé vers le campement. Il entendit des éclats de rire, des chants et le grognement de la bête du démon. La peur ne l’empêcha pas de marcher. Il ne devait pas se faire repérer pour mener à bien sa mission. Encapuchonné dans sa grande cape noire, il était presque invisible. Il tenait fermement un petit flacon dans sa main et marchait tellement précautionneusement qu’il ne vit pas arriver Yoru derrière lui. Celle-ci l'assomma avec son miroir ébréché et le tira vers le campement.

— Regardez quelle cueillette j’ai fais ! s’écria t-elle joyeusement en jetant le prisonnier près du feu. Il va nous dire gentiment ce qu’il fait parmi nous n’est-ce pas mon petit ?

Maxance les regardait tous, les yeux agrandis par la peur. Il voyait la queue du dragon pas très loin, derrière des arbres. Il recula vers le feu en se traînant en arrière sur les fesses.

— Laissez-moi partir, je dirai à l’Empepeur que je ne vous ai pas trouvés !

— Mais wesh t’as cru ? rit Blue en le regardant avec mépris. Qu'est-ce que tu venais faire ici espèce de répugnant personnage ?

— Je… Je devais emmener une des fillettes. L’endormir et la ramener au château pour que vous veniez la secourir afin de vous emmêler les pinceaux et que vous ne sachiez plus qui sauver et comment !

Blue étouffa un juron. Les trois jeunes filles, toujours collées l'une à l'autre se regardèrent effrayées, elle avaient eu de la chance !

— Ben cet enfoiré se passera de tes bons services ! Ash ? chuchota Blue à l’écrivain en se tournant vers elle.

Ash compris. Elle siffla une petite mélodie et tout à coup, un grondement sourd se fit entendre. Tout le monde s’écarta du feu de camp, laissant Maxance seul avec sa peur. Banyshion arrive en marchant. Ses pas faisait trembler le sol, ses ailes frottaient les arbres qu’il collait. La bête s’arrêta devant Maxance qui pleurait maintenant, puis le feu jaillit de la gueule du dragon, grillant net le malheureux. L'odeur et la fumée que causait son corps carbonisé se sentit toute la nuit et la troupe savait que la guerre était officiellement déclarée.

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