Le Procès et les Résistancionnaires - PARTIE 1

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La salle où se déroulait le procès de Ted ElCucumber était comble. Beaucoup de monde avait voulu voir celui qui avait osé insulter l’Empepeur, certains voulaient même se faire faire le portrait à côté de lui. Un silence de mort régnait, et les visages étaient neutres. La moitié de la salle craignait l’issue du procès, l’autre était impatiente de l’entendre. Parmis tous les spectateurs disposés en cercle autour de la salle surplombant le bureau du juge Punjabine et le box de l’accusé qui étaient au centre, il y avait le précepteur Angelo et, derrière lui, ses élèves, chacun équipé d’une feuille jaunie et d’une plume pour prendre des notes sur le déroulé du procès. Thierry et Mia étaient fébriles, ils allaient peut-être enfin assister à une condamnation à mort ! Les trois autres élèves, Lenna, Ziolet et Aïka semblaient tristes. Elles avaient discuté la veille, et aucune d’elles ne semblait penser que l’accusé serait libre à la sortie, leurs parents non plus… C’est que cette arrestation bruyante avait fait jaser, et les menaces proférées depuis par Ted lui-même ont eu raison des nerfs de l’Empepeur. Il craignait une rébellion, une révolte, ou pire, une révolution.

— Silence dans la salle ! hurla Maxance, accusateur publique du jour et avocat de Girondin.

Les élèves d’Angelo le regardèrent stupéfaits, tout était si calme.

— Il veut juste montrer son autorité, murmura le maître en se retournant vers eux. Ignorez-le. It’s an abruti fini. Ne repeatez pas after me.

Les élèves pouffèrent de rire en silence, mais Thierry lui fronça les sourcils, il n’aimait pas le ton qu’employait son précepteur envers un fidèle de l’Empepeur.

La juge Punjabine frappa de son marteau le petit bureau de bois qu’elle occupait, recouvert de feuilles noircies à l’encre. Trois coups marquaient le début du procès. Les gens retinrent leur souffle et tous dirigèrent leur regard vers la grande porte dorée, qui s’ouvrit, laissant apparaître le prévenu escorté de deux gardes en tenue rouge et noire, chapeautés de bicornes et ceinturés de leur épée. L’air grave, ils tiraient Ted ElCucumber qui portait toujours son pagne en sac de patates, les traits tirés, le teint cireux. Il regardait hébété autour de lui, surpris déjà par la luminosité de la grande pièce mais aussi par le nombre de gens venus assister à son procès. Lukuku, dans le public, lui adressa un petit sourire. Le garde à la droite de Ted ne le manqua pas mais continua son travail comme si de rien n’était. Ils déposèrent le prisonnier dans son box et se rangèrent sur les côtés, la main sur la garde de leur épée pour prévenir toute tentative d'évasion.

— Hum hum, toussota la juge Punjabine. Bien, tout le monde est prêt, commençons. Ted ElCucumber, veuillez décliner votre identité !

— Vous v’nez d’le faire ma bonne dame ! s’exclama narquois le prévenu sans même relever la tête.

— Heu… Bien. Bien bien. Vous êtes aujourd’hui jugé pour… euh.. insultes et menaces envers l’Empereur Girondin et sa place légitime. Que plaidez-vous ?

— Trente-six concombres et trois fourchettes.

— Pardon ? demanda la juge, interloquée.

— Girondin est une sale grosse loutre puante et son règne est fini !

La salle entière eut une exclamation de surprise, d’horreur pour certains. Angelo lui eut un sourire en coin. Maxance s’avança vers Ted et le gifla sans retenue.

— Vivement que ta sentence soit prononcée ! Moi je t’aurais éventré et pendu avec tes tripes sur place, comme au pays du limousin, j’te l’dit !

— En attendant vous n’y êtes pas monsieur, rasseyez-vous ! s’exclama le juge, fâché. Faites donc taire cette salle indisciplinée plutôt !

Maxance fit une gueule de six pieds de longs et hurla à tout le monde de se taire. L’effet fut immédiat. La séance reprit, mais les esprits étaient désormais en haleine. Le prévenu était d’une trempe peu connue en ces temps d’esclavagisme, et c’était excitant.

— Pourquoi menacez vous le royaume et l’homme qui le détient ?

— Parce que, cet homme que vous appelez “empereur” n’est qu’un freluquet doublé d’un maroufle, un pendard ! Il est fini ! Ce royaume et fini ! Les temps sous son joug sont finis ! Par le Saint-Concombre, nous l’emporterons !

— Vous vous rendez-compte que vous avez tout d’un aliéné ? Vous serez pendu si on vous juge sain d’esprit !

— C’est pas grave, comme disait mon ancêtre Sim ElCourgetos, lança Ted en haussant les épaules avec un grand sourire.

La juge Punjabine eut beaucoup de mal à garder son calme. Elle avait cogité depuis quelques jours sur tout ce qui se passait. Les temps étaient troubles. Elle avait passé des nuits blanches à choisir son destin et celui de cet homme misérable aussi qui était lié à de nombreuses autres personnes. Et à la veille du procès, elle savait ce qu’elle ferait, elle savait que le destin de centaines de personnes serait changé, et le sien avec, elle avait donné sa parole à Blue. Mais devant Ted, elle était perplexe… Devait-elle suivre la parole d’un cinglé ? Elle ferma les yeux et respira profondément.

— Bien… En ma qualité de juge du royaume de l’Empereur Girondin, je déclare l’accusé… Aliéné ! Non coupable et libérable séance tenante !

Une clameur de surprise, et de rage pour certains, fit trembler la salle. Maxance écarquilla ses yeux, regardant la juge Punjabine comme si c’était une sorcière à mettre au bûcher. Son visage devint pourpre, et ses mains tremblaient, cette traître allait le payer ! Il n’y avait même pas eu de témoignages, de plaidoyers ! Et ce n’était pas la sentence attendue et demandée par l’Empepeur lui-même !
Ted ne réagit pas tout de suite, et quand il le fit, il était trop tard, les gardes l’avaient emmené en le tenant serré et en courant hors de la salle sous les huées d’Angelo et de quelques gens du public.

— Vous ne respectez pas la décision du juge ! hurla t-il. C’est honteux ! Shame ! Shame !

Le point levé, il se tourna vers ses élèves et leur fit un signe de tête. Lenna, Ziolet et Aïka comprirent aussitôt et coururent pour se rendre dans les appartements de Blue afin de l’avertir. Thierry et Mia, eux, tentèrent de leur faire barrage mais Ziolet fut plus forte qu’eux, un coup de poing bien placé assoma Mia. Thierry, en bon gentlemen voulut aider sa camarade par terre pour éviter qu’elle ne se fasse piétiner, ce qui laissa le champ libre et permit aux trois filles de mener à bien leur mission. Dans l’émeute, personne ne vit qu’un des gardes était revenu et avait trucidé le pauvre Lukuku qui avait montré sa sympathie à Ted d’un petit sourire. Son ventre était ouvert et ses entrailles en sortaient, se répandant partout. Certains gens, effrayés et dégoûtés par l’odeur putride s'enfuyaient en criant “ça pue wesh !”, d'autres se signaient. Certains étaient restés, vivement intéressés par le spectacle, comme les deux jeunes Thierry, et Mia qui se sentait encore étourdie après le coup de poing.

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