L'Empepeur et le Voleur de Pain - PARTIE 2

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L’Empepeur fit irruption dans la cour du château, créant un silence religieux. Il avait revêtu son plus beau manteau de velour, rouge et noir sur les bords, et la couronne qu’il portait sur ses cheveux blonds ondulés paraissait lourde, tellement il y avait d’or dessus Les têtes se baissaient, et ses gardes lui firent une sorte de couloir protégé de leurs armes tranchantes, des grandes épées argentées, recourbées légèrement aux extrémités. Maxance, bras droit de Girondin, le précédait, un rouleau de parchemin à la main, simplement vêtu d’un manteau noir, et coiffé d’un chapeau bicorne noir lui aussi. Ils arrivèrent devant le podium, et Girondin leva ses bras en l’air, comme un champion de catch. Il attendait une ovation qui ne vint pas, tellement les gens avaient peur de devenir le prochain supplicié au moindre faux pas. Il baissa alors les bras, dépité mais se reprit aussitôt en faisant mine de bailler. Maxance, toujours neutre, toussota puis prit la parole :

— Oyez ! Oyez ! Dames et damoiseaux ! Voici enfin venu le jour du Faittpakomlui ! Ce bougre que nous punissons aujourd’hui est coupable d’avoir subtilisé une livre de pain il y a cinq jours, en la demeure de notre bon Empepeur, hmmm.. Empereur pardon… se reprit-il de justesse. Il sera aujourd’hui supplicié pour votre plus grand plaisir, pour une justice juste et loyale, puis exécuté ! Trois bans pour notre bien-aimé Empereur ! Hip...hip...hip !!!

— HOURRA ! criait la foule en retour, joyeuse.

Une fois la traditionnelle présentation du spectacle terminée, Girondin se replia vers le siège qui lui était octroyé, tout près du prisonnier, attrapa le sac de pop-corn qu’on lui tendit et commença à manger. Maxance replia soigneusement son parchemin et salua le bourreau qui monta à son tour sur le podium. L’homme de supplice était réputé pour sa cruauté extrême et portait le mystérieux nom de “M” le Mystérieux. Personne ne le connaissait, personne n’avait même jamais vu son visage. On pouvait sentir en sa présence, un malaise certain, une oppression…

M arriva sur l’estrade de bois, devant les yeux affolés d’Anthonoire le misérable, et devant une foule silencieuse, inquiète et excitée.

M commença d’abord par tourner autour du malheureux avant de lui foutre deux gifles dans la figure. Des “hoooo” admiratifs s’entendaient dans la foule spectatrice. Ensuite, il délaça le fouet qui était attaché à sa taille et entreprit de faire claquer le cuir tressé sur le dos du pauvre gueux. Là, on entendit des “haaaa !” et aussi des cris étouffés du supplicié qui ne voulait pas donner satisfaction à l’Empepeur en criant pour de bon. Girondin cherchait des amis à lui dans la foule, qu’il ne vit pas. Il reporta son attention sur le coupable de larcin qui avait le dos en sang, mais il n’avait plus le coeur aux frivolités, dépité de l’absence de ses fidèles, alors il leva une main sous l’oeil déçu du Mystérieux. C’était le signe pour abréger la séance. M enrageait, il n’avait pas encore sorti la carte des rats encagés… De dépit, il jeta son fouet par terre et égorgea le prisonnier sans plus attendre. Le sang qui gicla de la plaie béante atterri sur les badauds heureux, cela portait chance et assurait prospérité pour les récoltes à venir, et pour les femmes cela voulait aussi dire fertilité. Maxance, quelque peu écoeuré, reprit la parole pour inviter les gens à retourner à leurs obligations.

— Merci, merci à vous pour votre fidélité !

Et le public déçu retourna à ses occupations, interrogatif… Il n’était pas dans la nature de leur bon Empepeur de finir si vite une séance de Faittpakomlui… Il avait dû se passer quelque chose.

Au moment où Girondin se leva pour rentrer dans ses appartements et y réfléchir, des gardes firent irruption dans la cour du château, faisant claquer leurs bottines sur les pavés. Ils maintenaient un homme, habillé d’une redingote ternie par le temps et de bottines trouées, les cheveux longs et attachés en un catogan non soigné. Il s’agitait dans tous les sens hurlait des insanités sans queue ni tête.

— Vot’Majesté ! dit l’un des gardes qui paraissait exténué, on a chopé ce bougre qui tentait d’entrer sans invitation, visiblement pris de boisson, il voulait venir vous voir…

— Ha ? demanda simplement l’Empepeur, non surpris, il se pensait adulé de tous, il était normal qu’on tente de l’approcher de temps à autre.

— Oui Vot’Majesté, il voulait vous dire que’q mots gentils… continua le garde, narquois… Vas-y, dis lui à l’Empereur, maintenant que tu l’as devant toi ! fit-il au prisonnier.

L’homme, saoul et énervé regarda Girondin dans les yeux, et se mit à hurler en essayant de se défaire des poignes fermes :

— Espèce de vieille loutre puante ! Vous f’rez pas long feu ! Moi les loutres comme vous, j’en fais du pâté !

Il n’eut pas le temps de finir ses menaces, un des gardes l'assomma avec le pommeau de son épée. L’homme s’effondra aussitôt. Maxance ordonna aux gardes d’emmener la truandaille aux geôles mais avant il voulait savoir son nom.

— Ted ElCucumber, votre honneur… Un poivrot notoire de Vildakoté, le comté à l’est du château…

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